Un Ovni sorti droit de la Galaxie Tatami !

"Un homme est fait de choix et de circonstances. Personne n’a de pouvoir sur les circonstances, mais chacun en a sur ses choix." E.E. Schmitt.

Assez véridique non? Car si on y réfléchit bien, nul doute que les choix qui se sont offerts à nous et qui le continuent sont somme toute constitutifs de notre vie. Mais n'a-t-on jamais douté sur nos résolutions et par la suite éprouvé du regret avec nos fameux "si seulement je" ?

Plaît-il? J'y viens, The Tatami Galaxy se présente donc comme l'histoire d'un étudiant en Fac, un étudiant anonyme épris de femmes aux cheveux noirs ainsi que de soupes aux chats et qui aspire à une vie universitaire colorée de réussite et de popularité. A première vue on pourrait facilement penser à tout ce qu'il y a de plus trivial mais je vous assure qu'il s'agit là de l'exact contraire. Donc ce protagoniste n'a pour seul et unique ami qu'Ozu, un personnage avec une apparence et une attitude des plus équivoques, relevant ainsi davantage du diable que du saint. Il ne cessera de tenter et de tourmenter notre pauvre héros avec ses implications toutes aussi farfelues les unes des autres.

Comme on aurait pu s'y attendre, la vie de notre protagoniste n'est pas aussi épanouie que dans ses espérances. Insatisfait de son choix il décide alors de recommencer ses deux années d'études; ce qui arrivera par on ne sait quel miracle.

L'histoire se décompose ainsi de cette pluralité de chemins divergents qu'il aurait pu prendre en intégrant à chaque fois un nouveau club dans son campus. Ces différentes tournures nous permettent à chaque nouvel épisode de discerner un peu mieux cet inattendu monde cabalistique.

Ce que j'apprécie énormément c'est le fait que chaque version nous raconte quelque chose d'étranger à la précédente et ce pourtant avec les mêmes personnages donc mêmes caractères,et des éléments similaires; de quoi nous faire penser peut-être sobrement à un spectacle ou à un film et à ses acteurs. Cela rappelle par ailleurs à quel point les événements peuvent être influencés par nos décisions aussi futiles qu'elles fussent, souvenez-vous du début.

Certains crieront alors au génie tandis que d'autres souligneront un aspect redondant et des histoires sans réelle continuité. Tout ce que je peux répondre c'est que la fin en réconciliera plus d'un car à titre personnel, bien que j'en devina une partie, ce dénouement a quand même réussi à me mettre une grosse claque et c'est fort, très fort. Nous avons une très belle morale sur l'insatiabilité et le désir.

Vous l'aurez compris, le scénario est bien ficelé, toutefois je pense qu'il faut convenablement s'attarder sur la réalisation qui pour le coup mérite des éloges. Sans doute certains connaissent déjà Masaaki Yuasa qui n'a d'ores et déjà plus rien à prouver après ses œuvres telles que Kaiba, Genius Party, Kemonozume, ou encore Ping Pong The Animation sortie un peu plus tard. Elles sont toutes aussi décalées les unes des autres comparé à ce qui s'est fait en leur temps. The Tatami Galaxy ne déroge pas à la règle et se présente un peu comme une oeuvre expérimentale, loin des mainstream. Les dialogues sont majoritairement sensés, profonds et les longs monologues de notre personnage principal rappellent certainement ceux d' Araragi des Monogatari Series avec un débit aussi hâtif que ce dernier. L'impression que chaque réplique, chaque mot soit parfaitement inséré là où il aurait dû l'être se fait ressentir et apporte une réelle fluidité et esthétique aux paroles.

Pour l'animation, elle est assez retenue comme à son habitude. Je dirai que nous sommes sur un entre-deux avec son crayonné pour Shin-chan plutôt enfantin, et quelques couleurs comme celles de Ping Pong The Animation, toujours en gardant cette primauté des courbures sur le linéaire telle une ébauche. Cependant il délaisse ici tout aspect réaliste notamment au niveau des faciès.

Jouant habilement avec les perspectives et les couleurs, on tente d'exhaler des sentiments. Ainsi on passera des couleurs rosées et flashy extériorisant la joie, l'ivresse et la sexualité, aux couleurs froides décrivant parfaitement les attitudes quasi-solipsites du protagoniste. Quand on sait que le studio Madhouse est très loin de ses habitudes, on ne peut que saluer sa qualité d'adaptation et apprécier ce résultat.

Les musiques sont plutôt bonnes et justement placées, mais compte tenu de tout ce qu'il y a à côté, il est difficilement possible d'y prêter plus d'attention que ça pour ma part malheureusement, auquel cas je n'aurai alors plus que des bribes de dialogues.

The Tatami Galaxy est assurément un animé qui rentre dans la catégorie non conventionnelle et qui se démarque par sa réalisation ostensible certes hétéroclite mais tout bonnement des plus appréciables. Il rassemble personnages agréables, histoire agréable et morale agréable dans un même sac pour une expérience infiniment suave, une fraîcheur de l'animation japonaise.
Pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu, c'est à votre tour de faire un choix vital. Après visionnage il deviendra alors partie intégrante de votre vie donc réfléchissez-y bien, l'essentiel étant de n'avoir aucun remords bien sûr.

NB: Il existe 3 OAV qui n'ont pas grand rapport avec la série en elle-même; ils ne sont guère longs mais on peut largement s'en dispenser. Aussi si vous voulez prolonger la frénésie de la Galaxie Tatami je vous conseille le film récent The Night Is Short, Walk on Girl qui se passe dans le même univers et qui est tout autant plaisant.