The Office (US)
8.2
The Office (US)

Série NBC (2005)

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The Office, dans sa mouture US, est l’auteur d’un grand écart long de neuf saisons : avec d’abord pour prémices une poignée d’épisodes âpres dans le malaise qu’ils instillaient, enfin avec en guise de conclusion un ravissement n’ayant d’égal que notre mélancolie devant le fait accompli… car toutes les bonnes choses ont une fin. À contrario d’une série originale britannique autrement plus courte, le show adapté par Greg Daniels peut ainsi se targuer d’avoir maintenu un niveau d’excellence, doublé d’une cohérence certaine, sur une période telle que l’erreur aurait été pourtant de mise en temps normal. Que nenni donc.


Mais si nous devions nous étendre sur les raisons d’un tel succès, le format de critique risquerait de virer à de la dense dissertation, tant les atouts et (plus globalement) l’intelligence de la série se veulent pléthorique comme justes. De facto, nous ne saurions pas vraiment où commencer : le plus évident serait de faire la part belle à Michael Scott, en sa qualité de directeur régional emblématique et symptomatique de l’ADN de The Office, lequel fait son beurre sur le dos d’un embarrassement infini. Ou bien encore l’iconique Dwight Schrute, figure la plus fantasque de l’équipe et contrepoids parfait d’une teneur réaliste fluctuante, laquelle est fonction des archétypes et extravagances d’une galerie ô combien jouissive.


Une fois son rythme de croisière trouvé, The Office déroule de fait un récit grinçant exploitant à merveille le potentiel d’un quotidien de bureau, alimenté à n’en plus finir par des seconds rôles tous plus mémorables les uns que les autres (il faudrait tous les citer). Dans le même temps toutefois, l’ingéniosité de la série s’incarne sous deux axes connexes : le cadre du documentaire, qui ancre l’intrigue dans le réel (en dépit de ses coutures débridées), et les relations régissant le quotidien de Dunder Mifflin (mais pas que), lesquelles vont mettre en exergue une finesse d’écriture insoupçonnée.


Car par-delà le rire pur, la gêne jouissive et l’imprévisible de bon aloi, The Office est surtout émouvant à souhait : chose pouvant tant avoir trait à la romance des têtes d’affiches Jim & Pam, attendrissants à souhait car terriblement humains, mais encore du fait d’ambivalences cultivées avec application par des paires moins évidentes, celles-ci allant du « duel » Jim/Dwight à l’animosité viscérale de Michael pour Toby. De fait, à mesure que la série n’avance et mette à mal, toujours de manière justifiée, son petit univers, les protagonistes de ce navire à nul autre pareil n’auront de cesse de progresser en bien et en mal jusqu’à ces dernières saisons parfois crispantes.


Alors certes, oui, l’arc « California » est indéniablement le plus faible de The Office (bien que ce serait un tort que de s’en priver), et Andy est de loin la figure la plus inconsistante de la galerie (et donc, par voie de conséquence, la seule à même de nous ennuyer) : pourtant, à l’aune des remous du couple Halpert, la conclusion du show va s’avérer à tel point irréprochable que l’ensemble de ses petits écueils paraissent dérisoires… voire font fructifier le propos de la série. Laquelle va, avec la sortie du fameux « documentaire », raccrocher avec brio les wagons en nous délivrant une conclusion à la hauteur de ses multiples ramifications : nous confinons de la sorte au plus que parfait, c’est dire.


Neuf saisons, c’est à la fois long et court : un peu à l’image de la vie, dont la série serait l’illustration rigolote, mais juste, d’une compilation de tranches à dévorer sans modération. De quoi permettre à The Office d’outrepasser sans difficulté la case de la sitcom, dont il serait l’un des tous meilleurs représentants, pour s’élever au rang d’objet télévisuel intemporel.

NiERONiMO
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le 10 août 2022

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