The OA est une série que j'ai trouvée pour combler ma boulimie de séries télévisées dans une période creuse. Elle faisait partie d'un classement des "24 séries 2016 qu'il ne faut pas rater sur Buzzfeed". C'est son statut particulier qui m'a interpelé. Et c'est aussi pour cela que je la trouve difficile à apprécier (dans le sens premier du terme).
The OA est presque inclassable au niveau du genre. L'intrigue rappelle un peu cette ancienne série qui s'appelait John Doe et qui traitait d'un mec qui après une longue disparition était retrouvé avec des capacités surdéveloppées mais une amnésie totale sur ce qui concerne son identité.
Ici, le sujet est aussi un personnage disparu. Une femme très mystérieuse qui revient parmi les vivants d'une manière assez spectaculaire avec apparemment des capacités hors norme. Elle évolue dans un contexte familial complexe, et son histoire et son but se dénouent au fil des épisodes, en même temps que se développe la ligne artistique de la série. Au début, on ne sait pas trop sur quel pied danser. Il y a une ambiance très concrète, dure, et réaliste qui détourne le spectateur du propos principal au premier abord.
Peu à peu, le propos, les intentions de ce personnage se précisent et permettent au spectateur de situer le genre d'aventure dans lequel il s'est engagé sans pour autant pouvoir s'avancer avec certitude.
On sait bien que le nœud de l'intrigue ne sera révélé qu'au fur et à mesure et qu'on ne touchera réellement à une sorte de vérité qu'à la fin de la saison.
Alors on se laisse plonger aveuglément dans l'histoire de cette fille, sans se poser trop de question, on se laisse conter ses périples pour comprendre où elle veut en venir.
Comment cette jeune femme aveugle a retrouvé la vue? Comment se fait-il qu'elle se fasse appeler par un autre nom? Que cherche-t-elle encore?
Beaucoup de questions dès le départ permettent de tenir l'auditoire en haleine le temps d'une saison en le nourrissant d'indices au compte-goutte.
Cependant, on ne se sent pas pour autant dérouté par les surprises, mais plutôt pressé de savoir la suite. La série a une progression qui bascule du présent vers le passé, de la réalité vers le souvenir, du souvenir au fanstasme, du passé au futur... On ne peut pas vraiment parler de stabilité. Rien n'est certain, et surtout rien n'est intelligible.
C'est la partie la plus intéressante de cette série. Tout y est plus sensible qu'intelligible. Le corps, le mouvement, les sens sont des appuis de jeu très importants pour les acteurs, et des points de repère pour le spectateur. La définition n'a pas vraiment sa place dans cette série. La danse prend peu à peu une place importante, les mots sont dépassés, l'expérience prend le dessus. L'effort et le souffle deviennent des symboles mystiques qui transcendent la réalité.
J'aurais tendance à dire que le genre auquel correspond cette série est le fantastique (comme le fantastique littéraire), qui débute avec un ancrage dans le réel bien présent et qui glisse peu à peu vers l'impossible, le surnaturel. Il y a un traitement de ce genre plutôt contemporain et pas mal maîtrisé. Je salue en tout cas la volonté de lui donner un nouveau caractère. Cette série ne convient pas vraiment aux cartésiens, ceux qui veulent toujours avoir une explication claire et nette et saisir un propos artistique bien tranché. Chacun se fait son petit chemin à travers cette proposition il me semble, et chacun interprète les événements à sa manière.
La vérité n'est pas vraiment là où on l'attend.
Je trouve l'ensemble vraiment intéressant. Je suis intrigué par cette série. Je ne pourrais pas dire que c'est un coup de coeur, ni une déception. Elle fait partie ces Ovni qui laissent sans voix, sur la réflexion, ou bien contente ceux à qui le ressenti suffit.