Dans le doute...

Je viens de voir le premier épisode de la série, avis évolutif si l’envie m’en prend et si mon temps libre me le permet.
Je suis sûr de devenir difficile avec la quantité de séries absorbées goulument depuis ces quinze dernières années. Il faut dire, pour ma défense, que la quantité m’amène à trier et pour trier, mis à part les différences de thématiques, il y a la qualité – subjective – que chacun ressent à sa manière, selon son expérience télévisuelle. Par ce petit paragraphe je veux signifier qu’il n’est pas certain que ma note attribuée ce jour à cette œuvre n’eut peut-être pas été identique il y a cinq ou six ans. Mais dans le cadre de mon métier, j’exerce et j’enseigne, j’enseigne et je note. Si je note je dois le faire – pour simplifier - dans le contexte du travail produit par l’ensemble des élèves. Bref, les séries tv, sans le vouloir, tous ensemble nous les estimons bien évidement par rapport à des références, pour certains d’entre nous ce n’est peut-être pas évident, mais je suis presque sûr qu’inconsciemment vous triez qualitativement, déjà, tout simplement pour une raison évidente : votre temps de visionnage n’est pas illimité.

La série, enfin.
J’écris trop, je digresse souvent, pour compenser, je vous évite le résumé de l’histoire disponible pour vous sur l’Internet, « si vous avez raté le début… ».

Il y a des œuvres qui ont besoin d’un bon titre pour que je fasse l’effort ( !) de visionner leurs premiers épisodes. Alors oui, pour moi au départ, le premier contact avec la série c’est son titre et pas le « trailer » que je regarde rarement pour de nombreuses raisons que je ne vais pas expliciter ici et maintenant. La signification de « The Divide » dans la langue d’origine du feuilleton n’est pas d’une grande complexité mais demande tout de même à être mis en contexte, même une fois le thème connu. Nous allons suivre des histoires concernant la justice américaine, et, non pas comme dans Rectify, l’histoire d’un ex-détenu qui revient à la vie après dix-neuf ans de détention, mais celles de prisonniers innocents à sauver des griffes des lois américaines qui les ont isolés de la vie sociale car jugés incompatibles avec cette dernière.
Nous devrions entrer dans la « technique » et dans la moralité du système judiciaire outre-Atlantique, ses problèmes redondants : la politique, l’égo des enquêteurs, l’ambition des procureurs. Devrait s’ajouter à cela les problèmes raciaux. Nous devrions nous interroger avec les acteurs, sur le fameux « doute », le moindre « doute », le raisonnable « doute »…

J’utilise le conditionnel, car non, nous ne voyons pas ce que nous devrions voir (ce que j’espérais voir possiblement). C’est vraiment superficiel et mal développé à mon goût. Le jeu des acteurs un peu léger, je ne sais pas trop comment m’exprimer ou exprimer cette sensation d’amateurisme. Si pourtant le ton de la série est grave, la mort au bout du couloir, et bien les acteurs me semblent bien peu impactés.

Je ressens même une sorte d’inversion simpliste des rôles : l’américain blanc doit être condamné pour avoir tué des afro-américains, si l’on réfléchit un tant soit peu à cette idée, développée par les personnages, cela pourrait paraître ridicule.
Comme il eut été intéressant d’apercevoir pour une fois la vraie différence entre la justice anglo-saxonne et la nôtre par exemple. Pas de manière didactique, mais en ayant un peu plus de données juridiques dans ce premier épisode, pour une heure trente il est bien faible de ce côté-là. Je ne demandais pas un cours magistral, mais au moins un minimum d'informations pour nous tous gavés par les médias internationaux, tout en ayant un divertissement de qualité.

**Attention quelques révélations ici, plus bas, mais concernant la première demi-heure**

Tout est vite mis en place, pas trop de mystère et à mon goût peu d’originalité dans l’histoire à ce stade : la principale protagoniste subi, dans sa famille l’injustice (ce dernier point n’est pas très développé) de cette peine capitale puisque son père est un condamné à mort. Devinez ce qu’elle a choisi comme métier, coiffeuse, actrice ? Non avocate. Et elle vit chichement en défendant, du moins elle aide à défendre, car au jour de cet épisode un elle n’est pas encore titulaire de son diplôme, des innocents (voir critères de l’association dont elle fait partie lire ci-dessous) qui risquent leurs vies.

[L’association nommée ici, défend les « innocents ». Point très important, la peine de mort (qui pour moi n’est pas une peine comme dirait l’autre) n’est pas vraiment remise en question par cette organisation mais uniquement l’innocence ou la culpabilité du détenu au futur très incertain. J’ai l’impression qu’elle se réfère aux tests ADN pour apporter ou non son aide. Pour beaucoup d’entre nous cela sera certainement moralement discutable, surtout ceux qui ne sont pas en faveur de ces condamnations à la mort décidées par le peuple, pour le peuple etc..]

Notre héroïne

Évidemment, elle s’attaque à une affaire qui n’a pas été sélectionnée par son patron, car l’ADN infaillible (!?) a déjà donné son verdict indiscutable.
Évidemment, elle tombe sur un cas que de simples photographies liées au dossier mettent à mal, nous l’apprenons de suite, c’est assez grossier d’ailleurs, tous ceux qui auraient traité cette affaire ne l’aurait pas vu ? C’est peu vraisemblable.
Évidemment, si la condamnation est remise en cause cela va nuire politiquement aux élus qui – aux USA - font régner la justice sans grand j : une grosse difficulté pour le téléspectateur/justiciable français qui a déjà bien du mal à comprendre son code pénal national.

Nous sentons, flairons, en bons amateurs de séries policières, les difficultés arriver pour elle :
- pas encore avocate, pas d’accès légal à tous les moyens dont elle devrait bénéficier pour optimiser la défense du/des condamnés,
- le procureur, même si aussi noir qu’Obama, à beaucoup à perdre politiquement si les éléments de l’enquête de l’époque étaient connus, et qui ne va pas se laisser faire,
- Une vie sociale réduite à sa plus simple expression pour notre héroïne qui se consacre corps et âme pour prouver que la justice de son pays est imparfaite (vous en doutiez, vous ?)

Tout cela pour vous dire, chers amis de Sens Critique, que nous sommes en terrain connu. Peut-être trop connu pour que le réalisateur, les acteurs, le traitent d’une manière différente, attirante voir originale par exemple, ou simplement moins superficiellement.
J’espère pouvoir réviser ma note dans le futur et j’attends les épisodes suivants. Peut-être un travail plus sérieux ?