The Comey Rule propose en presque 4 heures et en 2 épisodes de revenir sur l'enquête de 2016 que le FBI mena à l'encontre d'Hillary Clinton, alors secrétaire d'Etat du gouvernement Obama et candidate aux élections présidentielles contre Trump.
Le souhait de remettre en mémoire quelques pans de l'histoire pour réveiller les consciences, part d'une bonne volonté. Après les sept de Chicago, c'est au tour de l'ouvrage de James Comey (A Higher Loyalty: Truth, Lies, and Leadership sorti en 2018) d'être adapté. Avec le portrait de l'ancien directeur du FBI limogé par Trump lors de l'enquête sur l'ingérence de la Russie dans les élections américaines, c'est l'administration Trump qui est visée et ses potentiels accords étrangers mettant en jeu la sécurité de l'Etat mais aussi l'homme et son caractère dangereux à fouler au pied ce qui ne lui convient pas, tourner en boucle sur des sujets sans intérêt ou tenter les menaces pour avoir gain de cause, apportant un soupçon d'humour dont on ne sait si c'est bien voulu.


On restera sceptique sur le travail de Billy Ray, qui semble avoir du mal à l'objectivité, car si les médias et la TV sont un outil certifié de manipulation des masses (au pire) ou de connaissance (au mieux), le jeu d'acteurs bien moyen, le ton partisan et le manque de subtilité laissent perplexes et risque d'offrir l'effet inverse, d'autant qu'à ce jour aucune preuve de l'ingérence de la Russie n'a été démontrée, ni que l'enquête sur les e-mails non sécurisés d'Hillary Clinton aurait eu un impact sur sa défaite. Enquête finalement classée sans suite.
On s'interroge quant aux machinations de la Russie pour s'inviter dans la politique américaine qui nous plongent dans le mauvais polar, voyant des accords flous se passer à l'ombre des palmiers de pays du Sud. C'est pas comme si les Etats-Unis n'avaient rien à se reprocher sans l'aide de personne mais passer d'Obama à Trump nous rappelle également à nos propres élections, passant d'un parti à l'autre dans la joie et la bonne humeur.


Si Jeff Daniels est déjà habitué à ce type de rôle, dans la série the News room pointant la déception quant à la politique américaine, ou dans The Looming Tower: Al Qaeda and the Road to 9/11  lorgnant sur le documentaire, mettant en lumière l’inertie des services et la sécurité de l'Etat, le résultat ici est loin d'être abouti. Le manque de rythme, les caractérisations poussives sans profondeur et des sous intrigues accessoires, rendent encore plus difficile la compréhension de sujets pourtant pointus et pertinents, dont on regrette le manque de lisibilité quant au fonctionnement des services judiciaires. Et bien malheureusement, les travers inhérents à la fiction pour grand public, car on n'échappe pas à la bonne dose de pathos, et au bel hommage à la famille américaine, soudée et larme à l'œil, où même les adolescentes en guerre contre le patriarcat, en ont oublié d'agacer leurs parents, par un soutien indéfectible au père courage. S'ajoute à cela, le choix de voix off de Rod Rosenstein (joué par Scoot McNairy) qui décline le portrait et la destinée de Comey mais dont on ne saisi pas l'intérêt, Rosenstein, n'étant pas une des figures centrales, n'est pas non plus bien intéressant si ce n'est que Républicain, il est toujours à son poste. Mais bon.


A l'aide d'images d'archives et d'interviews télévisés, pas toujours bien intégrées, ce sera le poids des médias sur l'opinion publique et par le portrait du FBI et de son directeur, ce sera la tentative d'éclairage sur l'indépendance des services et sur les relations entre justice et service d'enquête tous soumis à la volonté de ne pas trop se mouiller tout en étant irréprochables. Mais tous ces personnages semblent si droits dans leurs bottes. Comey, lui-même démocrate et un tantinet psycho-rigide, tout à son sérieux et à l'image que doit rendre le FBI d'impartialité, en oubliera de pousser l'enquête sur Trump, attendant patiemment d'être viré.


Holly Hunter dans le rôle de Sally Yates, en perte de vitesse, semble absente, Brendan Gleeson qui s'échine à reprendre les tics d'expression de Trump avec ses changements d'humeur ou de sujets dans une même discussion, singe le personnage, même si le caractère belliqueux est bien retranscrit. Jennifer Ehle et Oona Chaplin feront également peine à voir dans leur caricature, et Jeff Daniels dans son rôle de chevalier blanc, laisse rêveur.


Une ambiance austère pourtant bien rendue, qui se marrie parfaitement au travail laborieux des agents, ses réunions de services et ses déambulations de bureaux en couloirs, ses discussions redondantes et ses manipulations. On retiendra peut-être la bataille entre deux hommes, deux antagonistes, où le paraître et le choix du langage, resteront le maître mot et qui iront jusqu'au clash nous rappelant que les services soumis à l'Etat lui doivent la loyauté quel qu'en soit le prix.


A voir...ou pas.

limma
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le 2 nov. 2020

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