The Boys
7.7
The Boys

Série Prime Video (2019)

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La première saison de The boys avait provoqué la surprise, y compris pour moi. Une série avec des super héros psychopathes ou dépressifs, globalement corrompus au coeur d'un système de grand groupe faisant de la publicité et du lobbying, c'est effectivement passionnant, et le principal point fort de cette formule résidait dans son rythme, qui n'arrêtait pas d'enchainer les péripéties et les révélations, dévoilant de nombreuses idées qui auguraient du meilleur. Puis au fur et à mesure des épisodes, les critiques sociales ont commencé à poindre. Envers la religion, envers la masculinité toxique (via l'homme poisson, personnage du blanc dominateur constamment ridiculisé et pathétique), envers l'instrumentalisation des tensions avec l'islam... J'avais laissé passer durant la première saison, car une série qui se permettait autant d'utiliser l'utilisation du progressisme ambiant pour maquiller la dégeulasserie des personnages aux super-pouvoirs pouvait quand même présenter encore quelque intérêt. Mais avec la saison 2, c'est le moment de dire stop.


Qualitativement, cette seconde saison est au niveau de la première. Elle ne présente pas moins de rythme, elle continue à ouvrir de nouvelles pistes et se permet des caractérisations de protagonistes qui fonctionnent particulièrement (le personnage de Butcher explose à ce niveau). Mais si elle s'éclate à constamment "déraper" avec les supers (c'est ce qu'elle promet, et c'est bien Homelander qui devient le principal protagoniste de la série), elle n'est absolument pas incompatible avec le progressisme, elle s'en revendique même. Le principal élément qui suscitait un doute à ce niveau était le traitement de l'homme poisson et de tous les meurtres d'animaux intelligents ou protégés qui ponctuaient ses séquences. Il y avait là un mauvais goût question environnement qui trouvait une certaine saveur. Ce n'est pas le cas dans cette saison. Les critiques sur la religion continuent (via leur lobbying), on y ajoute maintenant l'antiracisme avec le personnage de Stormfront, dont on continue toujours de s'interroger sur la nomination à la table des 7. Et ce personnage de gros blanc moche qui va tuer un étranger parce qu'il écoute les infos... Il s'agit ici de détails dilués au sein de l'histoire (quoique la gratuité des meurtres racistes de stormfront ne soit pas un détail), mais il s'agit bien d'une série qui valide le progressisme et qui l'applique d'ailleurs totalement dans son casting et ses critères de diversité. Mais ce n'est pas là que je veux en venir.


On définit The boys comme une série politiquement incorrecte et irrévérentieuse. Elle l'est autant que Charlie Hebdo incarne le politiquement incorrect : une caricature qui tape souvent au niveau de la bite, des couilles, du cul et des derniers sujets à la mode. The Boys n'est pas subversive à un seul moment. Elle assume totalement ses postures totalement démocrates-compatibles critiquant l'amérique blanche de trump et tous les connards d'ultra-riches ou ultra-puissants qui utilisent les enjeux de la sociale justice pour magouiller et enfumer la population, tout en rajoutant une dose de dégueulasserie sexuelle et violente pour satisfaire la curiosité du spectateur. Ca fonctionne, j'ai encore une fois bingwatcher la série en un jour. Mais les gens, il s'agit seulement d'une cour de récré amorale qui salit constamment les personnages et les enjeux qu'elle développe (à quelques uns près, Stella ou Becka restent des saintes) histoire d'en rajouter une couche. Le monde de The boys n'a aucun idéal, en cela il passe pour une vision symbolique critique de la réalité et donc une satyre intelligente. Mais il ne fait qu'aller à fond dans le cynisme tout en utilisant toutes les recettes modernes de la sphère netflixo-médiatique. Comme le film Live! à propos de la télé-réalité. Il s'agit tout simplement d'en rajouter toujours plus dans l'hypocrisie et le sordide, ce qui revient finalement à des camps qui sont plus ou moins sales selon les circonstances. Il reste cependant la satisfaction de la dégradation, de voir peu à peu s'effondrer tout un monde de faux semblants qui mériterait une belle apocalypse. Tout comme une bonne saison des Marseillais en Thailande. Et quelques scènes de performances rigolotes, Anthony Star en tête qui offre régulièrement quelques moments de fou rire en plus de ses apparitions régulièrement dérangeantes.

Voracinéphile
5
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Créée

le 17 oct. 2020

Critique lue 3.1K fois

35 j'aime

9 commentaires

Voracinéphile

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