On est sérieusement en droit de se le demander.
Note : ayant un bon train de retard, je rattrape en ce moment cette série. Je mettrais cette critique à jour au fur et à mesure de mon avancement. Un bilan sera fait à la fin
Pilote : le ton est donné
le ton est donné d'entrée de jeu. les personnages, leur situation, leurs conflits et l'élément perturbateur principal : l'installation des Beeman en face de chez eux dont le mari est agent du contre-espionnage. La complexité des choses est bien ressenti et, si ce pilote va un peu trop vite (dont une résolution d'arc secondaire qui prendrait plusieurs épisodes par la suite condensé en un seul), on ne peut qu'être conquis. Les acteurs sont au top, la réalisation est réussie, l'écriture est maitrisée. Et cette dernière scène dans le garage des Jennings synthétise tout ce que la série contient de meilleur : tension étouffante, implication de chaque geste d'une intensité rarement vue, jusqu'à ce dernier plan terminant l'épisode sur un jeu d'ombre magistral et une image évocatrice très forte.
Saison 1 : ce que l'on attendait, mais en mieux
Passionnante, parfois brutale, extrêmement bien interprétée (que Matthew Rhys et Keri Russel n'aient pas moissonné toutes les récompenses possibles depuis 2013 tient du questionnement niveau "la grande question de l'univers, la vie et le reste"), souvent très bien réalisée, la saison 1 n'est pas seulement fidèle aux promesses du pilote, elle les bonifie. Rien n'est rushé, rien n'est expédié. Le décortiquage méticuleux des différentes composantes d'une missions rendent le visionnage passionnant et l'absence totale de manichéisme de la série permet de nous impliquer encore davantage. Autre élément appréciable : les Jennings ne réussissent pas parce que ceux d'en face sont nuls. Au contraire, Beeman et son équipe sont très bons, et s'ils ont parfois un coup en retard qui permet aux russes d'avancer, ils ont parfois aussi un coup d'avance, générant des moments de grande tension.
Saison 2 : coup de maître
la saison 2 s'ouvre sur un des rebondissements les mieux écrits que j'aie vu depuis longtemps. Les scénaristes connaissent les codes, et mieux, savent que nous les connaissons aussi. Alors, au lieu de simplement les respecter ou de les dynamiter basiquement, ils en jouent pour démultiplier l'impact de leur révélation.
Tout dans ce premier épisode fait penser que la saison va s'articuler sur le miroir entre les Jennings et les Connors. Jusqu'à cette scène de la chambre d'hôtel qui rebats brusquement toutes les cartes. Double effet une fois la saison terminée et que l'on repense à cette scène où Philip croise le fils Connors dans le couloir.
La suite de la saison est pour l'instant ce que j'ai vu de mieux à la télé depuis la fin de Breaking Bad, jusqu'à ce dernier épisode qui agit en forme de pinacle. Une très, très grande réussite.
Au final cette saison fait éclater à ceux qui en aurait encore un doute le thème réel qu'elle explore :la famille, les relations de couple, ce qui fait un couple, ce qui fait une famille. Le coté espionnage est surtout là pour challenger les personnages et situer un contexte à même de mettre en exergue les éléments que les scénaristes veulent aborder.
Tout comme Six Feet Under, les Sopranos ou Breaking Bad avant elle, The Americans utilise ses éléments dramatiques pour irriguer son étude des relations entre des gens mis dans des situations complexes. Et tout comme ses illustres prédécesseurs, The Americans le fait d'une façon magistrale en s'appuyant sur un scénario finement écrit et d'excellents acteurs.
Saison 3 : un peu en deçà, mais toujours au sommet
un (tout petit) peu moins emballé par cette troisième saison dans son ensemble. C'est à dire qu'au lieu d'être formidable, elle est juste très bonne. Certains arcs souffrent de trop de longueurs, d'autres semblent ne pas mener très loin.
Les délires mystiques de Paige finissent par saouler. Heureusement, aussi bien son personnage que celui du pasteur Tim sont intéressant, ce qui permet de survivre aisément à ces passages qui sinon aurait vite fait de faire décrocher de la série. De la même manière les atermoiements de Nina sont parfois lassant et on peine à comprend où cela va mener... enfin jusqu'à la saison suivante
Mais a coté de ça, la saison nous distille toujours autant de moments de tension étouffants, de scènes géniales et se permet quelques dialogues qui marquent durablement ("And you really belive that killing me will make the world a better place ?" "I'm sorry but... yes, it will" "That's what evil people says when they do evil things"). 1 ou 2 épisodes ont leur place dans un top 10 de ce que la série propose de meilleur. Voila pour la "plus mauvaise" saison jusqu'ici qui souffre surtout d'être coincée entre ce monument que fut la saison 2 et ce début de saison 4 qui démarrait pour être encore meilleur
Saison 4 : aller plus haut ?
Sur les premiers épisodes, la puissance de cette série ne se dément pas. Et que dire de cet épisode chez Gabriel que l'on imagine n'être qu'un bottle episode et qui se révèle être l'un des meilleurs d'une série pourtant riche en joyaux. La brutalité et la soudaineté de certaine scène lui donnent un cachet réaliste très fort, qui marque.
de ce point de vue, l'exécution de Nina est un choc par son coté imprévisible. Pas de faux suspense et au contraire une mort sèche, sans musique larmoyante, qui frappe bien plus fort. Un de ces "jawdropper" que la série distille à chaque saison. La scène laisse le spectateur vidé, abasourdi comme seules les grandes séries savent le faire.
A l'inverse, la mort de Franck Gaad apparaît comme une suite malencontreuse d'évènement. Et là encore, sans violons ni attente. Les implications de ces deux décès sont partis pour irriguer la série pendant longtemps.
La suite de la saison mène à un final anticlimactique qui interroge bien plus les motivations profondes des personnages que leurs actes. D'autant que la série chamboule énormément d'éléments pour se lancer dans ses deux dernières saisons avec un véritable perte de repères
Oleg, Arkady et Martha ne sont plus à Washington. Nina et Gaad sont morts. Martha et Paige ont appris les activités du couple Jennings et la question de fuir les USA est souvent remise au centre de l'histoire
Si finalement cette saison ne dispute pas à la 2e saison le titre de meilleure saison du show, on reste dans le haut du panier du haut télévisuel.
Saison 5 : morale et intimité
Si le début peine à regagner l'intérêt malgré à nouveau une scène sèche et brutale comme la série à l'habitude d'en distiller, cette 5e saison dévoile rapidement qu'elle va encore plus fouiller la notion de famille et les interrogations personnelles de chaque protagonistes.
Au final, cette saison multiplie encore plus qu'auparavant les questionnements moraux et va placer Philip et Elizabeth devant des dilemmes souvent très délicats. A nouveau la série joue avec les codes du genre pour nous rendre aussi paranoïaque que les personnages.
La rencontre entre Stan, Aderholt et le fiancé de Sofia fonctionne sur ce principe là, tout comme le jeu de suspicion autour de Renee
A coté de cela, cette saison amène des éléments plus positifs pour les personnages secondaires, comme une lueur d'espoir après les assauts de noirceur et de désespoir qu'avaient soufflés lors de la saison précédente
Le départ de Gabriel a un coté doux-amer mais reste globalement léger, Pastor Tim doit être un des seuls personnages à sortir de la série sur une conclusion réellement positive, et une des rares scènes impliquant Martha nous a ému jusqu'aux larmes simplement parce que, pour la première fois de la série, on entrevoit un espoir sincère pour le personnage.
évidemment, ces scènes ne vaudrait rien sans l'interprétation impeccable des acteurs, les deux scènes citées juste avant fonctionnant en grande partie grâce à cela.
Plus personnelle, plus intime, sans arc déterminant (il y en a deux qui courent au long de la saison, mais ils servent surtout à mettre en lumière les doutes et des conséquences morales des actes des personnages), mais pas moins passionnantes que les précédentes.