Templeton
6.3
Templeton

Série OCS (2015)

Lorsqu’on demande aux gens ce qu’ils pensent des séries françaises, la réponse ressemble en général à : « A part Kaamelott, les séries françaises, c’est de la merde ». Ce à quoi je répondrais très justement : « C’est pas faux… ». Mais ce n’est pas complètement vrai non plus. En effet, lorsqu’on sort des chaines dites classiques et qu’on se tourne un peu vers ce qu’il se passe sur le câble, on trouve bon nombre de petites séries très intéressantes, produites la plus part du temps par Orange Cinema Series (OCS), telles que France Kbek, QI, In America, ou l’excellente The Lazy Company. Des séries adoptant un format court (22 minutes), avec un budget plus que limité (on n’est pas chez HBO…), mais réalisées avec un sérieux qui fait plaisir à voir et apportant un vent de fraicheur bienvenue dans la fiction made in France. La dernière en date est Templeton, où plutôt « La fabuleuse et pathétique histoire des frères Templeton », sorte d’hommage aux westerns spaghettis des années 60/70, le tout mélangé à une bonne grosse dose de comédie. Le résultat n’atteint clairement pas des sommets, mais pourtant au final on passe un très bon moment.


Sur le papier, ce n’était pas gagné d’avance… A la réalisation, on retrouve Stephen Cafiero, réalisateur de l’amusant court métrage Zygomatiques mais aussi du nullissime Les Dents de la Nuit (2007). Pourtant, ce n’est pas ce qui fait le plus peur. En effet, à l’origine de la série, on retrouve trois frères, dont un certain François-David Cardonnel. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais il s’agit d’un ancien candidat de… Koh Lanta ! Si si, avouez que ça fait peur… Mais force est de constater après le visionnage quasi d’un trait de cette première saison, on espère qu’une seule chose, c’est qu’une saison 2 voie le jour. Car vraiment, malgré le faible budget (780 000 € pour dix épisodes de 26 minutes) et des premiers épisodes un poil en demi-teinte, on sent une réelle envie de bien faire.
Tourné en Alsace dans une ville du far-west entièrement reconstituée par des fans, on aurait pu craindre le pire en ce qui concerne le réalisme. Certes, point de décors désertiques et de buisson roulant traversant l’écran, mais pourtant ce n’est à aucun moment kitch. Mieux encore, les intérieurs des bâtiments sont extrêmement réussis et vraiment fidèles à l’idée qu’on se fait d’un saloon, d’une mairie ou de pompes funèbres. Oui, on sent une réelle passion pour le western chez les trois frères Cardonnel et il ne manque rien à cet univers. Tous les clichés (dans le bon sens du terme) du genre sont bien présents : un shérif, des duels, des cercueils, des chevaux, du poker, et même l’inévitable bar à putes, le tout avec un coté BD très prononcé et un humour qui, même si un peu long à trouver ses marques, fera mouche à de nombreuses reprises.


Cet humour transparait à chaque seconde en grande partie grâce aux personnages hauts en couleurs. On a droit en vrac à une tenancière de saloon qui sent le travelo à plein nez, un mexicain joué par un turc que tout le monde appelle « Le Chinois », un bandit qui est capable juste en gouttant une crotte de savoir la race du cheval, l’heure à laquelle elle a été faite, et le nom du parfum de son cavalier, un croquemort qui passe son temps à parler à son chat empaillé car il le croit vivant, des morts qui ne le sont pas vraiment et des vivants qui ne le sont plus vraiment,… Une belle brochette de personnages plus ou moins déglingos interprétés par des acteurs abonnés à ce genre de séries un peu barrées, à l’instar de Jonathan Cohen (Hero Corp, Les Invincibles), Antoine Gouy (Lazy Company) ou encore David Salles (Bref, Lazy Company). Mais ceux qui tirent leur épingle du jeu, ce sont les trois personnages principaux, les trois frères Templeton au caractère bien trempé. Des personnages très attachants car remplis de défauts, l’un belle gueule et beau parleur mais un peu (beaucoup ?) couard sur les bords, l’autre très droit mais niais et parfois bête comme ses pieds, et le troisième plus intelligent que la moyenne mais jamais pris au sérieux par les deux autres.
Et si tout ce beau monde arrive à nous faire rire si souvent, même si rarement aux éclats, c’est grâce à une écriture soignée et des dialogues très funs à défaut de générer l’effet humoristique toujours escompté. Oui, les gags et situations cocasses ne sont pas tous toujours très heureux, surtout pendant la première moitié de saison, rappelant parfois certaines blagues potaches de la saga Trinita avec Bud Spencer et Terence Hill. Mais de manière générale la série est vraiment drôle et certaines punchlines s’avèrent à mourir de rire.


Entre hommage aux westerns et comédie semi-parodique, Templeton est une petite série très fraiche, dégageant une chouette énergie et qu’on sent faite et jouée avec une réelle sincérité. Non, les séries françaises ce n’est pas que de la merde… Il suffit juste de chercher un peu plus loin que les bouses que nous proposent TF1 et consort. Vivement la saison 2 !


Ma critique sur HKMAnia : ICI

cherycok
7
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Créée

le 30 avr. 2015

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cherycok

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celiber67
6

Drôles et Sympathiques les frères Templeton

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Exceptionnelle

🎼 Un faux saloon c'est l'Amérique et des trucages préhistoriques 🎼 (Bénabar / "Maritie et Gilbert Carpentier").S'il vous plait, ne fuyez et laissez vos préjugés aux vestiaires (ça vaut le coup) Je...

il y a 6 jours

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GwenB
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original, drôle et bien barré

Très bonne petite série qui montre la créativité française. Un western original, drôle, bien mené et bien barré ! On aimerait que ce genre de projets soient mieux diffusés.

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