Tekken: Bloodline
5.4
Tekken: Bloodline

Anime (mangas) Netflix (2022)

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Faire une série sur les événements survenus entre Tekken 2 et Tekken 3 et jusqu'à la fin de ce dernier a le mérite d'être une idée très intéressante, vu que le jeu culte de 1998 est quand même censé se dérouler 19 ans après son prédécesseur, mais c'est encore une de ces idées tuées par leur exécution.


À l'instar de Tekken: The Motion Picture, le problème n'est pas de se centrer sur tout ce qui touche aux familles Mishima et Kazama, puisque ce sont tout de même les héros et anti-héros de la saga, mais que presque tout le reste (dont des personnages qui auraient mérité autre chose que d'être des plantes vertes voire carrément de ne pas apparaître sous un prétexte que l'on ignore, mais avec seulement 6 épisodes d'environ 25 minutes, durée bien trop courte, il était évident que tout le monde ne pourrait pas être satisfait, on peut cependant au moins pester sur le fait que Yoshimitsu se fasse encore carotte) soit occulté, et surtout que très peu de choses soient remises en contexte, quand on invente pas carrément.


Ce qui saute toutefois aux yeux en premier lieu, c'est que c'est tout simplement moche et mal animé. La plupart des personnages ayant été sélectionnés par la grâce de Netflix sont assez reconnaissables (quoique Jun en a pris dans la gueule, difficile de la comparer à celle de The Motion Picture qui était largement respectée, et ce n'est pas dû à l'âge, faut pas déconner) mais ils apparaissent sans charisme (Paul putain) et sans la moindre aura (à part peut-être Ogre, quoique ses grognements ridicules lui enlèvent quelque chose). À voir ça, on peut se dire qu'il est peut-être mieux que Jinpachi, mentionné brièvement, n'ait fait l'objet d'aucune illustration (alors qu'il aurait été au moins plus logique qu'il en ait une). Et pour terminer avec l'aspect visuel, il aurait été de bon ton de crever les yeux de la personne qui a suggéré d'ajouter cet effet noir et blanc dégueulasse lorsque de gros coups sont donnés.


Les bruitages font le travail, et pour ce qui est des versions anglaises et françaises, les voix ne collent que très peu aux personnages. Quant aux musiques, elles sont anecdotiques, même s'il y en a une ou deux de sympa, j'ai l'impression qu'elles tentent parfois de respecter un peu l'aspect big beat / dance / techno / drum and bass de celles de Tekken 3, ce qui est sympa malgré le résultat médiocre, mais j'aurais trouvé intéressant que les passages plus orchestraux et ambiants voient un réarrangement de ces dernières, un genre de clin d'œil à l'épisode culte déjà plus intéressant que de reprendre presque plan par plan l'ending de Jin pour conclure la série sans comprendre pourquoi.


Certains personnages voient leurs caractères assez bien respectés, d'autres non, et je ne fais pas partie de ceux qui se satisfont de revoir certaines attaques « cultes » de la série, j'estime plutôt que c'est normal, même si elles rendent moins bien que dans les jeux.


Je parlais plus haut des choses non remises en contexte, c'est bien sûr le cas de la majorité des motivations des personnages secondaires (ainsi, Hwoarang ne participe pas au tournoi pour venger son mentor Baek qui a été victime d'Ogre, mais juste parce que Jin a eu le malheur de lui mettre une dérouillée une fois, de même pour King II, dont le projet d'investir pour un orphelinat est louable, mais qui semble se battre la race de King I tué par Ogre, je reviendrais d'ailleurs à ce titre sur une scène de la série plus tard), mais aussi, plus curieusement, du jet d'une falaise de Heihachi par Kazuya (Pépé la pleurniche, pas encore révélé comme l'ordure qu'il a toujours été, essaye alors de faire pleurer dans les chaumières et explique à quel point son rejeton était littéralement le Diable incarné, sans préciser que le jeune Mishima n'a fait que lui rendre la monnaie de sa pièce, ayant lui-même été jeté d'une falaise par son taré de père à l'âge de 5 piges, accélérant la progression du gêne démoniaque en lui).


Pour ce qui est des choses inventées et occultées, je pense aux fringues que certains personnages portent et qui ne respectent pas les costumes du jeu, à la participation de Marshall Law (alors que ce n'est pas lui mais son putain de fils Forest qui apparaît dans Tekken 3, "they had one job" comme on dit), Steve, Marduk, Feng et Leroy (je ne connaissais pas ce dernier, vu la qualité de l'aspect graphique, j'ai d'abord cru que c'était un Eddy s'étant teint les cheveux en blanc pour une raison qui le regarde, tiens, vu que je parle d'Eddy, cela me fait penser qu'il est exactement dans le même cas que Forest : OÙ EST-IL DANS CETTE PUTAIN DE SÉRIE PORTANT EN PARTIE SUR UN JEU DONT IL EST UN DES PERSONNAGES PHARES ???), des personnages qui n'existaient alors pas, au tournoi (alors que Bryan et Gun Jack rôdaient dans les parages), à la rivalité sororelle (si, ça existe) entre Nina et Anna (pour lesquelles on passe outre leur cryogénisation), et, plus grave encore, à celle entre Jin et Hwoarang (les mecs sont devenus potes le temps de la série, ils doivent même bientôt se partager une bière, payent-ils leur tournée, c'est ce qu'on aimerait bien savoir).


On a du coup des scènes sans aucun sens, surtout une en fin de série, où un Jin en difficulté face à Ogre se voit prêter main forte par Xiaoyu (oui elle est présente, mais pas introduite du tout, ainsi, lorsqu'elle apparaît d'un coup d'un seul dans une micro scène où elle semble connaître Jin depuis toujours, il faut, soit se rappeler de leurs relations dans le jeu, soit, pour ceux qui découvrent la saga via cette série, pauvre d'eux, faire comme si de rien n'était), Hwoarang (c'est même pas le problème de l'absence de rivalité qui me gêne, même s'il accoure en mode "je vais te sauver mon pote" est que c'est parfaitement ridicule quand on sait ce qu'il en est dans les jeux, c'est juste qu'il n'en profite pas pour mentionner Baek foutu dans un sale état, et même présumé mort au moment de la sortie de Tekken 3, à cause d'Ogre aka « Le méchant verdâtre » ou je ne sais déjà plus comment qu'ils l'appellent, c'est en plus un personnage qui mérite mieux que ça, mais c't'un méchant m'voyez) et, encore plus insensé, Paul (bon il fait ce qu'on aurait fait à sa place si on s'était senti capable de faire quelque chose, mais eu égard à King II qui est censé aussi venir venger King I, et encore une fois pour la symbolique par rapport aux actes d'Ogre qui l'ont impacté lui, même indirectement, je trouve que le motard n'a rien à faire là, mais c'est vrai que King II a commis l'erreur de ne pas se laisser faire par une ado de 16 ans alors qu'il se bat pour une cause noble et n'avait aucune raison de la laisser gagner, mais c'est une armoire à glace avec un masque de jaguar, il ne peut pas y avoir un cœur là-dessous, alors que Xiaoyu, elle est toute rigolote et toute mignonne, ça se voit direct que c'est quelqu'un de bien ^^).


Bien entendu, Jin parviendra à défaire Ogre, métamorphosé au préalable en True Ogre (mais sans les flammes légendaires qui vont avec, et sans devoir absorber d'âme auparavant), ce qui, je dois l'avouer, fait plus de sens que l'issue réelle du tournoi : Paul qui vient à bout d'Ogre, croit avoir gagné et se barre sans se rendre compte que son adversaire avait muté en True Ogre. Je veux dire, même dans le jeu, on est déjà averti qu'il reste encore quelque chose après Ogre, alors si on essaie de transposer ça en vrai, comment est-il possible de louper ça, et accessoirement d'en réchapper ? Le Phoenix aurait mérité une correction pour avoir raté une telle vache dans un tel couloir...


Puisque j'aborde la fin de la série et des choses auxquelles on a visiblement pas pensé, je voudrais mentionner les deux derniers épisodes anormalement élevés en flashbacks, dont certains ne servent à rien, mais surtout où, lors du combat entre Jin et Ogre, personne n'a jugé utile de placer la scène où Heihachi parlait très spécifiquement du God of Fighting, mentionnant notamment que « chaque combat le rapproche de celui-ci ».


Contrairement à la première adaptation de la saga en anime, pas de vrai bonne OST, pas de moments touchants, des personnages moches, des voix qui ne collent pas, mais Bloodline rejoint The Motion Picture avec un parti pris qui occulte injustement des éléments qui auraient mérité d'être là, des libertés qui n'ont pas lieu d'être prises, et une direction choisie qui a de quoi faire beaucoup d'insatisfaits (vu la pelletée de personnages à disposition, une série de 6 épisodes de 25 minutes maximum, c'est pas mieux qu'un film d'une heure en fait).

Abris_Cubalys
3
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Créée

le 24 nov. 2023

Critique lue 11 fois

Abris_Cubalys

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