Bien réalisée et porteuse de réflexion, la série par laquelle commencer Star Trek

« Vers l’infini et au-delà ! » ah non je me suis trompé. « L’espace, l’ultime frontière… » Voilà, après plus d’un an et demi parsemé d’interruptions avec quelques épisodes par-ci par-là, je suis enfin parvenu au terme des 178 épisodes ! Je suis bien content de l’avoir regardé, mais ça prend beaucoup de temps quand même, au détriment des séries actuelles tout aussi intéressantes…

Première série dérivée, The Next Generation s’avère bien plus enthousiasmante que la série originelle. Tout d’abord et ce n’est pas rien, les effets spéciaux (20 ans après) ont fait un véritable bon et n’abîment plus les yeux. L’image de synthèse est bien sur reconnaissable mais n’occasionne pas de gène.
Là ou dans TOS seul le trio Kirk-Spcok-Mcoy occupaient le devant de la scène, Sulu et consort n’étant guère développés, l’équipe de cette nouvelle Enterprise est plus nombreuse avec des personnages particuliers : entre autre un androïde, un klingon, une télépathe, un aveugle voyant grâce à un casque, ou encore un enfant surdoué. L’androïde Data est d’ailleurs le plus intéressant et la vraie réussite de la série. Malgré son incapacité physique de ressentir des émotions, il tente autant que possible de trouver la part d’humanité en lui, ce qui le pousse à se demander quel est le propre de l’homme : les émotions bien sur, la culture ou encore l’humour. Au final il devient un individu à part entière, ni totalement androïde, ni totalement humain.
La série comporte d’avantage d’humour encore, notamment du fait des difficultés de Data et du klingon Worf à s’intégrer parmi les humains. Sans compter un rythme nettement moins lent et des acteurs plus expressifs, une meilleure réalisation en somme. Certains épisodes parviennent à recréer une atmosphère horrifique ou mystérieuse efficace, et certaines scènes peuvent être très émouvantes. Moins d’êtres aux pouvoirs supérieurs au profit d’histoires plus réalistes et plus profondes.
Néanmoins si TNG développe d’avantage l’univers, elle reste très épisodique avec des épisodes majoritairement indépendants. Peu de personnages ou de peuples, hormis les principaux, reviennent ainsi d’un épisode à l’autre. Dommage, ça ne motive pas toujours à suivre (d’où une fréquence de suivie lente pour ma part). Parmi les quelques personnages récurrents, citons l’embarrassante mère de Troy, le fils de Worf, le frère jumeau maléfique de Data, et surtout l’irrécupérable Q, être omnipotent qui ne cesse de jouer de mauvais tours à Picard et l’équipage.

Le vaisseau fait face à des situations encore plus délicates éthiquement. Starfleet se doit de respecter la Directive Première, qui est de ne pas interférer avec les cultures moins avancées, une interdiction louable en soi, mais qui n’est pas toujours facile à appliquer. Que faire si un des membres s’est révélé coupable à cause d’une loi autochtone qui paraît à nos yeux absurde ? Si un peuple abuse d’un autre, est-il vraiment plus éthique de fermer les yeux et de ne rien faire ? Si la Directive a déjà été brisée, par la donation d’armes de destruction par exemple, que faut-il faire, laisser une nation dominer les autres ou rétablir l’équilibre quitte à causer d’avantage de morts ? Comment réagir si une coutume paraît cruelle à nos yeux, l’empêcher ou la respecter ? Bien souvent, la décision la plus juste n’est pas celle que l’on croit… Autant j’adore Stargate SG1, autant je reconnais que dans cette série trop souvent la culture terrienne apparaissait supérieure à celles rencontrées. Un écueil qu’évite donc TNG (même si SG1 développait un univers bien plus riche…).
Egalement, l’Enterprise se doit de respecter toutes formes de vie, mais aussi veiller à la sécurité de l’équipage ou des colonies. Comment réagir alors, si à cause d’une impossibilité de communication, une forme de vie devient une menace ? Et dans l’espace inexplorée, ce ne sont pas les créatures étranges qui manquent.
Mais aussi comment reconnaître une forme de vie, une conscience ? Data est un androïde, incapable de ressentir des émotions, peut-il bénéficier des mêmes droits qu’un être humain ? Sa vie vaut-elle moins parce qu’il a été crée par des hommes, de manière non naturelle, qu’il n’est pas fait de chair et de sang ? « Je pense donc je suis », cette citation philosophique peut aller plus loin encore : un personnage virtuel particulièrement élaboré mérite-t-il le statut de conscience ? Mérite-t-il à ce titre que l’on respecte son existence ?
Si l’on disposerait d’un pouvoir illimité, l’utiliserait-on pour faire le bien ou au contraire vaudrait-il mieux refuser de s’en servir pour éviter d’être perverti ?
Au 23ème siècle, la Fédération a dépassé la haine, la pauvreté, l’avidité pour des valeurs plus altruistes. Mais les travers humains n’ont pas disparu pour autant. Devenir plus fort que l’ennemi au risque de provoquer la guerre, rechercher toute menace intérieure quitte à enfreindre les libertés, les hauts dirigeants de Starfleet eux-mêmes n’y échappent pas. Les vieux démons humains ont été repoussés, mais il faut rester vigilant pour ne pas les voir revenir. Face à un ennemi avec qui un conflit provoquerait beaucoup de ravages, quel compromis peut-accepter ? Comment réagir en cas de manœuvres hostiles de leur part ?
Les Klingons sont alliés mais les relations n’en sont pas moins tendues pour autant. Des factions voudraient retrouver leur puissance guerrière d’avant, tandis que l’Empire Klingon accepte mal l’ingérence de la Fédération. Tandis que les Romuliens œuvrent dans l’ombre pour affaiblir leurs ennemis. Quant aux Cardassiens, si une trêve est respectée, elle reste très fragile, et leurs velléités menacent à tout moment de provoquer à nouveau une guerre. Quand ce n’est pas à cause de la Fédération… Le capitaine Picard, souvent amené à gérer de telles situations délicates, doit faire preuve de diplomatie, mais aussi de fermeté.
En plus des conflits internes klingons et les manœuvres romuliennes et cardassiennes, Starfleet doit aussi lutter contre la menace Borg, forme de vie mécanique agissant comme une seule entité. Jusqu’à ce que certains de ses constituants commencent à développer une individualité…

L’équipage de l’Enterprise va aussi aller au-delà des frontières de la physique. Nouvelles dimensions, anomalies spatio-temporelles, mélange du virtuel et de la réalité… L’holodeck s’avère d’ailleurs une invention particulièrement intéressante, comme entre autre le face à face avec un Moriarty virtuel plus machiavélique que jamais, ou une partie de poker avec Newton et Einstein !

TNG va donc encore plus loin que TOS, corrigeant tous les défauts que la série originale avait pu avoir, que ce soit dans le développement de l’univers, dans le traitement des thèmes abordés, la réflexion, tout autant que les personnages et la réalisation. Une très bonne série ! Je comprends pourquoi elle est souvent présentée comme la meilleure déclinaison de la franchise.
Prochaine destination : deep space nine (mais je devrais peut-être ne regarder que les épisodes plus importants cette fois…)

« En avant toute ! »
Enlak
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le 3 mai 2014

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