Souvenirs de Gravity Falls
8.1
Souvenirs de Gravity Falls

Dessin animé (cartoons) Disney XD (2012)

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Gravity Falls, c'est un peu la série que personne n'a vue venir. Arrivée sur Disney Channel en 2012, la série est rapidement devenue un phénomène, récoltant une énorme fanbase, que ce soit pour ses personnages, son style ou pour ses très, très nombreux détails cachés. Un gros phénomène notable pour une série télévisée Walt Disney Television Animation. Et moi non plus, je l'ai pas vue venir, cette série. Ni la claque qu'elle m'a laissée sur la joue. Déjà que je suis, de base, un éternel fan de séries d'animation, cette étonnante production m'a rapidement conquise.


Par où commencer ? Déjà, pour le vertige de début, je vais paraphraser le Nostalgia Critic : "cette série n'a aucun mauvais épisode". Eh oui. Gravity Falls est une de ces rares séries qui me laissent un sourire béat sur la bouche à chaque épisode. J'ai pris un plaisir fou à suivre les aventures de Dipper et Mabel, jumeaux de 12 ans ultra attachants, chacun à sa façon, dans la petite ville bien nommée de Gravity Falls, qui cache bien des secrets et mystères.


La série commence vraiment sur les chapeaux de roue avec une première saison qui lance les bases, qui sait prendre son temps pour installer les personnages et les innombrables secrets de la ville, tout en étant paradoxalement d'un remarquable dynamisme. Chaque épisode fonce à 100 à l'heure, enchaîne les gags aussi absurdes que référencés et les idées aussi folles qu'inventives, tout en proposant une galerie de personnages marquants.


Dipper et Mabel pour commencer. Surtout Mabel en fait, cette pile électrique sur pieds, vivant dans son monde rempli de bonbons et d'animaux mignons (si vous trouvez les cochons mignons en tout cas), avec son sourire béat constant, un peu fofolle sur les bords et par conséquent souvent hilarante. Et Dipper donc, son frère, plus malin mais aussi obsédé par un mystérieux journal recensant la plupart des mystères de la ville, et sur qui l'a écrit. Il y a aussi l'oncle Stan, vieux grincheux attiré par l'appât du gain quitte à user de moyens plus ou moins malhonnêtes, qui gère le "Mystery Shack", musée du surnaturel et piège à touristes nigauds, et qui par ailleurs cache bien plus de choses qu'il ne veuille le faire croire. Et il y a aussi Mousse, gentil bêta et éternel adolescent, toujours dévoué corps et âme à ses amis, et il y a aussi Wendy, ado rousse fille de bûcheron, casse-cou et audacieuse qui ne manquera pas de déclencher quelque chose chez Dipper... Et y a aussi le vieux McGucket, et y a aussi Gideon, et Pacifica Northwest, et Robby, et Candy et Grenda, et les deux flics aux tendances assez ambiguës... En fait, tous les personnages sont marquants. Tous. Sans exception.


Mention spéciale pour le génial méchant Bill Cipher, ou comment faire un méchant aussi fou qu'effrayant et aussi barré qu'inquiétant. Tout fonctionne chez lui, que ce soit son sens de la plaisanterie glauque ou ses nombreuses facultés pour inspirer la crainte.


Ce qui est notable avec cette série également, c'est son humour. Alex Hirsch, le créateur, avait qualifié sa série de mélange entre Twin Peaks et Les Simpson, et en effet, l'humour de Gravity Falls me rappelle fortement ce qu'on peut voir dans la série de Matt Groening (et venant de ma part, c'est un énorme compliment). Absurde, un peu méta sur les bords, qui tourne en dérision plusieurs genres, et même parfois étonnamment noir et vachard (la pensée de l'oncle Stan sur la vie dans l'épisode Un puits d'histoires), voire même un peu irrévérencieux sans tomber dans le lourdingue. Sans compter le fait que les personnages ont beaucoup de répliques hilarantes. On trouve même une blague sur Staline dans la saison 2 !


S'ajoutent à cela pas mal de références culturelles en tout genre, citons par exemple Mad Max, The Thing, la chanson The Final Countdown d'Europe, les films de George Romero, Le seigneur des anneaux, Aliens, Harry Potter, Donjons et Dragons et j'en passe. Le tout sur une excellente animation, faisant parfois penser à une production Cartoon Network mais pas moins géniale pour autant, et mention spéciale pour le travail sur le chara-design.


Et que serait Gravity Falls sans sa formidable inventivité, son remarquable sens de la créativité, sa facilité à instaurer des indices et des éléments brillants et jamais anodins et sa galerie de détails aussi vaste que la garde-robe de Mabel en ce qui concerne les pulls ? Codes secrets, messages à la fin du générique, easter eggs en tout genre, décrypter tous les détails de cette série est un véritable bonheur en soi tant on voit que l'équipe a un sacré sens de la surprise. C'est à ça qu'on voit une série faite avec amour, qui cache encore bien des choses même quand elle se termine.


Si la saison 1 est déjà excellente en soi, elle n'en reste pas moins qu'une mise en bouche avant la saison 2 qui envoie les bouchées doubles. Rahlala, la saison 2, c'est un peu ce qui se rapproche pour moi de la perfection. Tout passe au niveau supérieur. Les images deviennent parfois étonnamment sombres. Les personnages, déjà géniaux, gagnent encore plus en capital sympathie. Certains obtiennent même une évolution majeure en comportement.


On apprend ainsi que le vieux McGucket n'a pas toujours été un vieux fou et qu'il était même autrefois l'assistant de l'auteur des journaux, avant qu'il ne finisse par perdre la raison à cause d'une de ses inventions. Pacifica Northwest, elle, montre qu'elle peut être véritablement touchante quand il le faut, et la voir se rebeller contre les pratiques de ses parents, non seulement envers elle mais aussi envers toute la population de Gravity Falls, ça fait grandement augmenter la sympathie qu'on a envers elle. Ou comment faire de ce qui était à la base une garce de riche tout ce qu'il y a de plus unidimensionnel un des personnages les plus attachants.


Les thèmes abordés deviennent plus mature, et même parfois d'actualité. Explorer le thème du passage de l'enfance à l'adolescence n'est pas chose aisée, beaucoup ont essayé sans vraiment y parvenir, or Gravity Falls y arrive sans problème et la façon dont la série aborde le sujet de la peur de grandir est formidable. Et ça ne rend Dipper et Mabel que plus attachants. J'adore comment les derniers épisodes montrent que l'un n'est rien sans l'autre.


A la fin de l'épisode Dipper and Mabel vs the Future, Dipper a l'opportunité de rester à Gravity Falls après l'été pour accompagner Stanford dans ses recherches, mais ça pourrait définitivement le séparer de Mabel, ce que cette dernière ne prend évidemment pas bien, ne voulant pas être éloignée de son frère. Dans la deuxième partie du triptyque final Weirdmaggedon, Mabel se retrouve littéralement enfermée dans son monde où tout est rose et mignon, et ne veux plus en sortir car elle trouve la réalité triste. J'adore cette facette triste du personnage, à vouloir rester définitivement dans son monde parce qu'elle n'est pas capable d'affronter la réalité sans son frère, ça la rend véritablement touchante. Du coup, quand Dipper vient la secourir et lui dire qu'il est prêt à aller vers son avenir avec elle, avec quelques flashbacks montrant que les deux personnages se sont toujours serré les coudes dans les situations tristes, la petite larme a finit par sortir chez moi, je l'avoue.


Enfin bon, en ce qui concerne le personnage de Mabel, le mieux ça reste quand même l'épisode Not What He Seems, avec une certaine scène qui aura marqué l'esprit de bon nombre de fans, dont le mien.


Cette scène où Mabel fait une ultime fois confiance à l'homme qui n'a cessé de lui mentir, à elle et à Dipper, alors que l'univers risque d'être emporté avec l'ouverture du portail. Cette scène où elle lâche le levier, ferme les yeux et lève les mains en l'air devant le portail. Ce plan. Le plan le plus puissant de la série. Et cette réplique, magnifiquement interprétée par Kristen Schaal : "Grunkle Stan, I trust you". Ce moment où j'ai oublié que je regardais un dessin animé. En plus ça emmène un cliffhanger d'anthologie.


Aussi, comment ne pas évoquer le final ?


Par chance, Gravity Falls a droit à un final ultra abouti, en trois parties, chacune aussi efficace que les autres. Trois parties assez différentes, mais très efficaces. La série se paye même un ultime épisode de 40 minutes, où tous les personnages, amis comme anciens rivaux, finiront par tous s'unir pour régler leurs comptes avec le diabolique Bill de manière incroyablement épique. On a même, en bonus, des adieux aux personnages qui savent prendre leur temps, puisqu'ils durent en effet à peu près 10 minutes. 10 minutes où chaque personnage a droit à une belle conclusion. La meilleure façon de boucler la boucle.


Après le final, j'ai eu un gros pincement au cœur à l'idée de quitter les Pines et tous les personnages de la ville de Gravity Falls après 40 épisodes passés avec eux. C'est bien le signe qu'une série marque. Ça fait vraiment plaisir de voir un dessin animé aussi travaillé, aussi généreux et aussi intelligent, qui détonne complètement de la plupart des autres séries d'animation actuelles. Merci de tout cœur Alex Hirsch, cet été passé en compagnie de Dipper et Mabel, je ne suis pas prêt de l'oublier.

NickCortex
10
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le 25 mars 2017

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