Sex and the City
5.6
Sex and the City

Série HBO (1998)

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Les femmes de notre vie [Critique de "Sex and the City" saison par saison]

Saison 1 :
Plus de dix ans se sont écoulés depuis que "Sex and The City" et HBO ont défini quelques unes des règles essentielles de la grande série TV moderne, et si, inévitablement, il flotte un petit air "désuet" sur certaines scènes ("Sex and The City" se voulant une peinture anthropologique" et réaliste de la vie sexuelle des New Yorkaises célibataires de la upper-class, elle n'est plus forcément synchro avec la société actuelle...), cela reste quand même une série formidablement intelligente et divertissante à la fois. Merveilleusement bien écrite - ce qui est cohérent avec son sujet, l'écriture, justement -, interprétée avec un enthousiasme et une fraîcheur qui emportent irrémédiablement l'adhésion du spectateur, formidablement juste dans sa description - même outrée à des fins comiques - de la sexualité et de l'amitié féminines, "Sex AND the City" (important, ce "AND") décrit avec amour la vie new-yorkaise, futile et dure à la fois, lumineuse et dépressive pourtant. Un New York qui, à l'époque de cette première saison, n'a pas encore connu le traumatisme du 11 Septembre, et qui, du coup, nous touche par cette impression d'insouciance invulnérable que dégagent encore ses rues frénétiques, ses foules pressées, ses restaurants bondés, ses discothèques furieuses. Si l'on veut faire le difficile, on soulignera que la mise en scène n'est pas un point fort de la série (la TV n'envisageait pas encore de se mesurer au côté arty du cinéma...), et que la photographie, l'image sont assez médiocres, voire parfois laides. Mais ce n'est - et loin de là - pas le plus important dans "Sex and The City"...
[Critique écrite en 2012]


Saison 2 :
La seconde saison de "Sex and the City" suit de très près les principes établis par la première, avec peut-être même un peu plus de succès encore : une intrigue principale "classique", dans la grande tradition de la comédie romantique hollywoodienne, qui fonctionne parfaitement grâce à ses deux acteurs parfaits, Sarah Jessica Parker, totalement lumineuse, et surtout Chris North, pas si loin d'un Cary Grant ; une multitude de situations hilarantes, toutes scabreuses au possible, tournant autour des bizarreries de la sexualité humaine ; des dialogues pétillants d'intelligence, et une voix off qui cimente le tout sous le prétexte - futile mais judicieux - d'une chronique journalistique. Ce qui surprend à chaque fois, c'est combien tout cela fonctionne impeccablement, à la fois formidablement juste (d'où la passion que nombre de femmes portent à la série, qui fait écho à bien des préoccupations quotidiennes...) et complètement "barré"... ce qui doit être sans nul doute mis au crédit d'un casting impeccable, entre nos quatre "trentenaires" dont la complicité crève l'écran, et une succession ininterrompue de seconds rôles (les "mâles") mémorables, parmi lesquels on reconnaît de futurs acteurs importants.
[Critique écrite en 2012]


Saison 3 :
Troisième saison d'une série, même aussi inspirée que "Sex and the City", et, faute de changement de la "formule", c'est une certaine routine qui s'installe, et qui fait qu'on est moins ébloui, moins enthousiaste devant l'éternelle répétition du même. Oui, il est indéniable qu'il y a ici à mi-parcours un léger coup de barre, heureusement corrigé par une paire d'épisodes qui abandonnent le ton léger et pétillant qui est la marque de la série pour aborder plus franchement les aspects dramatiques de l'adultère et ses conséquences dévastatrices... deux épisodes forts qui enrichissent humainement les personnages et montrent que la série peut s'élever au dessus de l'anecdotique qui est typiquement son terrain de jeu. La dernière partie amorce malheureusement un retour "à la normale", avec des plaisanteries faciles sur la Californie vue par les New-Yorkais(es) et un éternel retour de "Mr Big" qui finit par énerver les plus patients d'entre nous. Du côté positif du bilan, saluons l'excellent Kyle MacLachlan, comme toujours impeccable dans un rôle aussi décalé qu'ingrat. La saison 4 sera-t-elle celle du renouvellement ?
[Critique écrite en 2013]


Saison 4 :
Quatrième saison de cette petite merveille que fut "Sex and The City", et soudain, rien ne va plus, la mécanique enchantée déraille, la désillusion s'insinue dans le cœur de midinette du téléspectateur, la décadence programmée dans la nature de toute série télévisée est bel et bien là. Au départ, il y a une prise de conscience salutaire de la part des scénaristes que la série doit changer, tant elle commence à peiner : le choix, intelligent, est de quitter la légèreté de la comédie et de faire se frotter nos héroïnes adorées au côté "réaliste", voire "sale" des histoires d'amour. Oui, les histoires d'amour deviennent des histoires de désamour, la grossesse épuisante et l'accouchement terrifiant (par ailleurs un ratage pathétique, tant le dernier épisode de cette saison loupe complètement sa cible) ont remplacé les fantaisies des coucheries d'un soir, et surtout le sexe pour le sexe a perdu tout son charme. Le problème est que cette évolution - logique, courageuse - vers un monde "adulte", donc désenchanté, n'est nullement intégré dans l'interprétation, l'écriture des dialogues, la mise en scène (toujours le point le plus faible de la série...) : on ne rit plus, et ça nous va... mais on ne saigne pas non plus, on ne souffre pas, l'empathie, moteur élémentaire de la série TV, ne fonctionne quasiment jamais, nous laissant désemparés devant un spectacle qui a perdu son énergie comme sa pertinence. Mais le pire, c'est sans doute l'évolution désastreuse du personnage de Carrie (de l'interprétation de Sarah Jessica Parker ?), qui devient irritante, voire méprisable, à force de superficialité et de... stupidité. Et du naufrage de son personnage central, il n'est aucune série qui puisse se relever.
[Critique écrite en 2013]


Saison 5 :
Peut-on commenter une saison qui n'est composée que de 8 épisodes, et qui change finalement peu la perception que l'on a de "Sex and the City" à la fin d'une quatrième saison pour le moins irrégulière ? Moins irrésistiblement drôle, moins sexuellement culottée - malgré des scènes de nudité plus franche, voici une série qui ne réussit pas à se renouveler, et souffre avant tout de la perte radicale de charisme d'une Sarah Jessica Parker jadis craquante et aujourd'hui franchement irritante à force d'histrionisme mal placé et de mimiques grotesques. La cinquième saison propose - malheureusement - son petit lot d'épisodes insignifiants (tout ce qui tourne autour du bébé de Miranda, particulièrement mal traité par des scénaristes qui n'ont visiblement aucune idée de ce qu'est la maternité...), son habituelle - et ici pathétique - réapparition de Mr Big ("The Big Journey" est le pire moment de la saison, sans aucun doute), le tout heureusement rattrapé in extremis par une conclusion "romcom" ("I Love A Charade") - pour utiliser le jargon du moment - impeccable. Mais le meilleur de cette courte saison, c'est sans nul doute l'apparition de l'irrésistible Harry Goldenblatt, subtilement incarné par un Evan Handler presque aussi drôle que dans "Californication", et qui sauve largement l'affaire !
[Critique écrite en 2013]


Saison 6 :
Les grandes séries TV, celles qui nous ont touchés ou inspirés, comme "Sex and the City" (qu'on soit garçon ou fille, car c'est vraiment une idée reçue stupide de dire qu'il s'agit-là d'un "feuilleton pour les filles"), doivent finir un jour. La Saison 6, après pas mal d'épisodes un peu faiblards au cours des deux saisons précédentes, redresse franchement la barre, et nous laisseront donc les filles avec beaucoup de regrets. L´évolution thématique est plus nette que jamais par rapport aux deux ou trois premières saisons (les plus brillantes, les plus drôles, sans aucun doute), puisque, l'âge venant, les lumières de la ville et l'insouciance des aventures d'un soir ont fait place aux drames de la vie "normale" (hein ?) : cancer, vieillesse des parents, difficultés d'adoption, la vie n'est plus rose pour les copines de Carrie, et "Sex and the City" gagne ici en justesse de ton et en émotion vraie ce qu'elle perd en pur divertissement... Même si l'humour reste bien entendu présent, comme pour mieux souligner la complexité et la dureté croissante de l'existence quand le temps passe. Un seul bémol sans doute, comme pour les saisons précédentes, le "centre" de la série, Carrie Bradshaw continue à être aussi irritante, et le happy end parisien, même s'il survient après un traitement assez réaliste des affres de l'exil, souffre terriblement du manque de crédibilité d'une histoire d'amour qui depuis longtemps a fait long feu.
[Critique écrite en 2013]

EricDebarnot
7
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le 25 mai 2013

Modifiée

le 25 mai 2013

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Eric BBYoda

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