Sales Histoires
7.7
Sales Histoires

Série Canal+ (1990)

Avant les touts premiers one man show, son court métrage Désirée et l'explosion Bernie ; Albert Dupontel se faisait les dents sur des pastilles humoristiques pour Canal + intitulés à juste titre Les Sales Histoires. Des récits de quelques minutes dans lesquels le futur réalisateur de Adieu Les Cons s'amusait à bousculer le bon goût et les tabous avec toute l'énergie provocatrice de ses jeunes années. Tout comme Bernie secouait un peu la comédie ronronnante du paysage cinématographique français, Les Sales Histoires venait mettre un bon coup de boule dans le petit écran et même si je ne suis pas de celles et ceux qui se lamentent du c'était mieux avant systématique, force est de constater qu'un tel programme serait difficilement imaginable aujourd'hui.


Sales Histoires est une série qui ne compte que 15 petits épisodes d'à peine trois minutes chacun. Des histoires trashs du quotidien qui mettent en scène deux personnages Michel et Albert qui sont toujours différents selon les récits et un peu semblables au fil des épisodes.


Même si l'on sent incontestablement la patte de Albert Dupontel qui est à la fois créateur et acteur de la série, c'est Manuel Poirier qui en est le réalisateur. Le troisième larron de l'entreprise est le comédien Michel Vuillermoz que l'on retrouvera plus tard à l’affiche des futurs films de Dupontel comme Bernie, Le Créateur, Adieu Les Cons ou Au Revoir Là-Haut, prouvant la fidélité de Dupontel envers le comédien. La plupart des Sales Histoires s'articulent sur une même mécanique avec des personnages qui se lancent dans des actes inconsidérés après une méprise , une erreur ou une incompréhension comme ce type qui se suicide faute d'avoir lu correctement la lettre de son médecin, cet autres qui bazarde tout par la fenêtre y compris sa femme en croyant que les huissiers sont à sa porte, celui qui est heureux d'avoir vendu sa maison en viager à son médecin ou encore cet homme qui réalise un peu tard que sa conquête est un travesti. Le ressort est un peu systématique, surtout lorsque l'on regarde les 15 épisodes à la suite, l'humour n'est pas toujours bien finaud, tout semble avoir été fait maison dans un décor unique, mais l'énergie débordante de Dupontel et son mordant emportent souvent le morceau. Et puis surtout avec un rien de provocation l'humour de ses Sales Histoires feront grincer des dents et parfois même se décrocher d'indignation quelques mâchoires bien pensantes. Car Albert Dupontel ose rire d'un maniaque sexuel poursuivant une gamine en reniflant sa culotte, d'un type qui cogne sa femme en croyant par méprise qu'elle possède un amant, d'un supporter de foot qui fait cuire son gosse à la place d'un poulet ou d'une jeune fille enceinte qui vient demander des comptes au géniteur car elle ne souhaite pas redoubler sa sixième et qui finira inconsciente et avortée sur une table de cuisine... Les Sales Histoires portent bien leurs noms même si l'on sent déjà poindre derrière le rire grinçant l'humanisme désespéré de Dupontel comme lorsqu'il montre une famille dépouillé tel des vautours les biens du patriarche dès son dernier souffle expiré sur son lit de mort. Même si tout semble encore à l'état de brouillon bouillonnant mal canalisé et provocateur , Dupontel s'amuse déjà de la médiocrité du monde et des comportements humains à travers des pastilles souvent hilarantes comme ce fou furieux qui raconte avoir butté et dépecer un faisan géant qui n'est autre que le fils immigré de la concierge qui transportait un sapin de Noël.


Alors oui peut-être qu'aujourd'hui à l'heure de l'indignation sélective en moins de 280 caractères on ne pourrait plus rire et s'amuser avec autant de sujets sensibles (avortement, suicide, pédophilie, viol, violence conjugale, maladie) mais plutôt que de se lamenter du présent, il suffit de jeter un œil sur le passé, de glisser la vieille VHS des Sales Histoires dans un bon vieux magnétoscope pour que comme par magie on puisse encore voir sur une télévision ultra HD, plate et lisse les aspérités sales et ravageuses d'un humour qui n'avait peur de rien et surtout pas de choquer.


freddyK
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le 10 oct. 2022

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