Salade Woke

C'est avec beaucoup d'envie et d'impatience que l'on découvrait "Salade Grecque", la série en 8 épisodes de Cédric Klapich , qui s'inscrit comme la suite de la trilogie de Xavier ( L'auberge espagnole, Les Poupées russes et Casse tête chinois), mais aussi comme son reeboot 2022...

Les protagonistes principaux de cette série sont les enfants de Xavier, Tom et Mia qui sont aujourd'hui âgés d'une vingtaine d'années .

Tom vient de finir son MBA et veut lancer une start up ecolo .

Mia a abandonné ses études pour se s'engager dans une association d'aide aux migrants.

Ils héritent de leur grand père d'un immeuble à Athènes qui sera le théâtre de bien des péripéties ou s'entremêleront rencontres, disputes, amour, amitiés , solidarité, illusions, désillusions, apprentissages de la vie et découverte de soi même...

En s'inscrivant dans l'arc narratif de la trilogie de "Xavier Rousseau" , on retrouve aussi avec plaisir Romain duris, Cecile de France, Keilly reilly dans leurs personnages historiques qui abordent désormais la cinquantaine avec plus ou moins de bonheur, mais dont les rôles sont très secondaires.

On vient donc chercher la fraicheur et l'humour de la narration que l'on avait tant aimé dans les opus précédents, ainsi que la mise en scène et la direction d'acteurs toujours subtiles de klapisch.

Si l'auberge espagnole était une radiographie réussie et assez fine de la jeunesse européenne de la fin des années 90 à l'heure de l'expansion d'Erasmus, "Salade Grecque" veut en être l'echo et l'héritier à travers le prisme des années 2022/2023.

On y suit donc l'itinéraire d'une jeunesse socialement plus fracturée que son ainée , qui évolue dans des temps plus difficiles (Covid, guerre en Ukraine) et ou l'insouciance et la naïveté ont laissé place à l'engagement et à de nouveaux codes sociétaux.

Le postulat de départ de cette série est donc assez séduisant , mais se heurte à pas mal d'écueils.

Le premier d'entre eux est que le propos de cette série aurait probablement d'avantage cadré avec un film, plutôt qu'avec 8 epidodes de 52 minutes dont les rebondissements deviennent parfois un peu redondants...

De plus , si Klapisch est à l'origine du projet, les épisodes sont réalisés par Lola Doillon .

Si elle ne démérite pas, elle n'a toutefois pas même talent , la même imagination et le même humour que klapisch, même quand elle en reprend certains gimmicks pour être en phase avec l'univers et l'esprit dont elle est dépositaire.

La volonté de donner une radioscopie de la jeunesse contemporaine n'est pas une tache aisée. Elle finit d'ailleurt par se muer en une accumulation de clichés dont l'ambition semble avoir été de ne surtout pas en oublier.

A ce petit jeu , le "politiquement correct" finit par se muer en "wokement correct" au fur et à mesure que se succèdent les avatars autour des problématiques "me Too", "LGBT" "bobo", "feminisme" auxquelles s'ajoutent les questions de "mondialisation sauvage", de "green washing" et d'économie de marché .

Clairement , ca manque un peu de subtilité, de recul et d'antagonisme structuré ...

On saluera cependant la qualité des personnages et des acteurs qui incarnent cette nouvelle génération, avec une mention spéciale pour Aliocha schneider , qui crève littéralement l'écran avec charme , élégance, justesse et simplicité .

La légèreté et l'émotion finissent toutefois par intervenir lorsque la génération précédente ( celle de duris et keilly reilly) vient se greffer à l'histoire avec l'amour , l'affection, la naïveté et l'incompréhension qu'elle porte à ses successeurs, tout en ne remettant pas en cause son ADN ni ce qu' elle est .

Si l'on apprécie la volonté de donner la vision d'une jeunesse différente de celle que l'on voit dans les productions américaines , on regrette que la représentation sociale qui en est faite soit un peu exclusive et manichéenne et finisse par se transformer en une thèse de bobologie , ou les migrants sont tous , sans exeption, des potes en puissance auxquels il ne faut pas toucher

Bref si le résultat est, à l'arrivée, mi figue , mi raisin , on ne résiste cependant pas à aller au bout des huit épisodes...

C est donc qu' une bonne partie des objectifs est remplie!