Profilage
5.1
Profilage

Série TF1 (2009)

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Il y a toujours un peu d'appréhension quand on s'apprête à regarder une série policière française, comme quand on observe un élève plein de bonne volonté mais qui n'a tout simplement pas de talent. Ça fait un peu mal au cœur (c'est peut-être aussi le fait d'être Français). On fait aussi souvent la comparaison avec les séries américaines. Il est vrai que les séries françaises ont la fâcheuse tendance de chercher à imiter/plagier leurs homologues étasuniennes (je ne voulais pas écrire deux fois "américaines". Zut, je viens de le faire...), espérant vaguement obtenir le même succès. C'est pourquoi on retrouve beaucoup d'avis du style "J'aime bien Profilage, ça ressemble à Esprits Criminels qui est une bonne série" ou au contraire "Profilage c'est nul, ça essaie pitoyablement d'imiter Esprits Criminels, qui elle est une bonne série". Forcément, elle est américaine.

On passera sur le fait qu'Esprits Criminels est une série passable malgré quelques épisodes sympathiques (généralement ceux réservés pour la dernière partie de soirée du fait de leur caractère dérangeant, ou encore ceux réalisés par le charismatique Matthew Gray Gubler). La mise en scène nerveuse et les personnages qui respirent la classe américaine suffisent à faire illusion, alors que c'est la même technique bien rodée qui est appliquée à chaque fois, sans trop d'originalité.

On retrouve ce manque d'originalité dans la mise en scène de Profilage, l'efficacité en moins. Au niveau du concept, c'est effectivement une version soft d'Esprits Criminels : une psychocriminologue est engagée comme consultante auprès d'une équipe d'enquêteurs afin d'analyser le profil des victimes et des coupables. Erreur de mauvais goût numéro 1 : présenter une psychologue excentrique, mal à l'aise dans ses relations avec les autres (!) et complètement cabossée psychologiquement. Tout ce que n'est pas censé être un psychologue. "Bah, si. Les psys. Ils sont tous un peu timbrés. Comme leurs patients quoi. Faut être fou pour voir un psy. Non?" Eh bien, non. Toi qui es à l'origine de cette idée fumeuse et qui es apparemment adepte des conversations de comptoir, laisse-moi te payer virtuellement une bière virtuelle et éclairer ta lanterne.

Un psychologue est une personne douée de bonnes capacités d'écoute dont le but est, entre autre, d'aider une autre personne à mettre en mots les mécanismes psychiques qui opèrent chez elle. Pour ce faire, il doit notamment être capable de mettre en confiance les gens et d'être à l'aise avec eux. Pas être tout bizarre et à côté de ses pompes. J'ai de plus quelques doutes sur l'utilité de cette psychocriminologue-là pour les enquêtes. A part entrer dans une sorte de délire où elle se met à ressentir les sentiments des criminels comme dans un mauvais jeu de rôle, elle ne fait qu'énoncer des évidences auxquelles un policier compétent devrait aboutir lui-même. Du fait de son expérience, un policier devine déjà plus ou moins comment fonctionne un criminel, pas besoin de psychologue. Ce n'est pas pour rien si les profileurs français ne sont qu'une poignée : ils n'interviennent que dans des enquêtes très spécifiques. Vous voulez mettre un psychocriminologue dans une série policière? Faites-lui faire des entretiens avec des détenus et/ou des victimes, ce sera plus proche de la réalité et beaucoup plus intéressant. Pour peu que vous ayez assez de talent pour écrire de bons dialogues et de bons personnages, complexes et approfondis.

Ici le jeu d'acteur est médiocre, mais je commence à me dire que ce n'est pas (seulement) la faute des acteurs. On leur donne des textes nazes et leurs personnages sont à peine survolés, que voulez-vous qu'ils fassent? Et ce n'est pas un problème propre à Profilage. Il faudrait aussi enfin comprendre que les enquêtes n'ont rien de surprenantes. Avec ma famille, le jeu est de deviner la suite de l'action et les réparties lors des dialogues, et bizarrement on est plutôt bons. C'est simple, à la place des personnages secondaires, mettez-moi un automate avec trois phrases pré-enregistrées : le résultat sera le même. Dans une série policière avec une enquête par épisode, cette dernière n'est quasiment jamais importante. Concentrez-vous sur les personnages bon Dieu, qu'ils soient au moins sympas à regarder. Sinon l'intérêt est proche du néant.

Maigre consolation : vous trouverez dans Profilage un personnage avec un nom peu commun, Hippolyte, qui comme son nom l'indique est un peu excentrique et vaguement rigolo. C'est cliché, mais il fait des efforts.
RaoulDeCambrai
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le 5 sept. 2013

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