Princess Tutu
7.9
Princess Tutu

Anime (mangas) (2002)

Je ne suis qu'un homme : j'ai beau posséder une certaine volonté, et des goûts suffisamment douteux pour acheter un manga intitulé Tokyo Mew Mew à la Mode, j'avoue que rien que par son titre, Princesse Tutu ne me donnait pas du tout envie. Difficile, avec un nom pareil, de ne pas imaginer une histoire de ballerine en devenir, avec une morale bien mièvre, bien naïve, et surtout bien indigeste. Les illustrations de la série, teintées d'un style enfantin et de couleurs virant au rose, ne donnent pas plus envie de s'y intéresser.
Pourtant, elle jouit d'une excellente réputation. Une fois le courage trouvé et l'anime commencé, je n'ai plus eu qu'une seule certitude : le plus gros défaut de Princesse Tutu, c'est son titre !
C'est sans vraiment savoir dans quoi nous venons de mettre les pieds que nous entamons cet anime. Si le scénario semble montrer une originalité non négligeable, l'ensemble s'oriente vite vers un mélange de conte de fées et de série de Magical Girl, dans lequel la princesse doit sauver le prince (son côté Shôjo Kakumei Utena). Malgré une histoire qui apparaît finalement comme classique, difficile de ne pas prêter attention au monde mystérieux qui entoure les personnages, à la qualité technique, et à l'humour qui se dégage de la série, en particulier du personnage principal. La direction a été confiée à Junichi Sato, aussi réalisateur de Magical Doremi ; impossible de ne pas faire le parallèle entre les deux animes, tant les designs – et surtout l'excellent jeu de mimiques des personnages – se ressemblent.
Dans un premier temps, comme pour jouer avec le spectateur, les épisodes répètent le même schéma, se conformant au style traditionnel des séries de Magical Girl, mais c'est pour mieux nous tromper ! Princesse Tutu s'amuse à nous surprendre, à nous déstabiliser : la tragédie et la féérie se succèdent dans un ballet effréné, les destins des personnages prennent place, l'histoire nous livre sa propre version d'elle-même sous le regard sadique et satisfait d'un conteur manipulateur.
Mais je m'aperçois que j'en ai déjà trop dit. Princesse Tutu sait ménager ses surprises, tout en captivant son public même quand tout semble se dérouler sans encombre.
Hormis son titre, Princesse Tutu n'a que des qualités. Son histoire n'est pas seulement originale, elle s'avère aussi superbement écrite, intelligente, et même audacieuse. Elle dégage de véritables émotions, aidée en cela par une réalisation exceptionnelle, et un sens de la mise en scène spectaculaire.
Vous aurez remarqué le mot « tutu » dans le nom de cet anime, et le terme « ballet » dans mon résumé ; il ne s'agit pas de simples effets de style. Si l'apparence de Princesse Tutu est celle d'une prima donna, et si ce que nous pourrions qualifier de phases d'action consiste en des démonstrations de danse, cela peut dans un premier temps prêter à amusement. Mais cela va beaucoup plus loin, car l'aspect danse est beaucoup plus marqué qu'il n'y paraît. L'utilisation des classiques du ballet permet d'apporter à cet anime trois éléments majeurs : un surcroît d'originalité, un esthétisme poussé – les chorégraphies sont superbes et rendent étonnamment bien à l'écran – et vous vous en doutez tout un éventail de thèmes musicaux fabuleux. La série emprunte copieusement, et pour le plaisir de nos oreilles, aux compositions de Piotr Ilitch Tchaïkovski, mais de nombreux autres ballets seront mis en valeur ; et les créateurs de Princesse Tutu n'hésitent pas à piocher dans les répertoires d'autres compositeurs de talent, tels que Johann Strauss, Erik Satie, Georges Bizet, ou encore Richard Wagner. La plupart des épisodes se trouvent consacrés à une œuvre en particulier, évoquant son histoire et utilisant ses thèmes majeurs comme ambiance musicale. Même si la musique classique ne vous intéresse pas tant que cela (ce n'est heureusement pas mon cas), vous pourrez toutefois noter qu'elle aide à obtenir un rendu étonnant, provoquant de nombreuses scènes aussi sublimes que mémorables.
Princesse Tutu est une perle de l'animation japonaise, aux multiples atouts et niveaux de lectures. Les gags se succèdent avec le concours des mimiques de Junichi Sato et de son héroïne maladroite, le drame sait faire des intrusions remarquées, le ballet ne sert pas que de décorum mais possède un véritable rôle à jouer qu'il assume à la perfection, le scénario fait preuve d'une originalité à la hauteur de sa qualité d'écriture, et l'ensemble forme un conte magnifique, sombre, envoutant, poignant, et surprenant.
Alors j'aimerais que chacun mette sa fierté sous son bras, et essaye de donner sa chance à cet anime somptueux qui n'a décidément qu'un seul et véritable défaut : s'appeler Princesse Tutu.

Créée

le 15 mai 2012

Critique lue 1.8K fois

20 j'aime

Ninesisters

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