Peaky Blinders
7.9
Peaky Blinders

Série BBC One, BBC Two (2013)

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Englishmen in Birmingham, love and blood

Il était temps que je me mette à Peaky Blinders, la série ne cessait de faire parler d'elle et puis surtout il y avait des acteurs "légèrement" connus. Alors certes, cela n'atteste pas de la qualité de la série mais c'est déjà un bon indicateur de confiance, surtout quand l'on s'appelle Cillian Murphy. Partageons ensemble un bon whisky pendant que j'expose mon avis de la série !


A l'issue de la première saison, j'étais à moitié convaincu et pas très emballé. Je la trouve en dents de scie, entre la présentation des nombreux personnages, l'installation au ralentie d'une intrigue fil rouge ainsi que l'élaboration du contexte social et politique, lent et bavard. Il faut dire que même les petites intrigues de gansters sont déjà vus et revus dans les grands film du genre. La saison prend du temps à s'installer pour exploser dans les deux derniers épisodes, ce qui arrive malheureusement dans presque toutes les saisons suivantes. Toutefois, dès ses début, Peaky Blinders pose une véritable atmosphère et possède un énorme potentiel à la fois pour ses rebondissements que pour ses personnages, travaillés. Les acteurs sont tous exceptionnels, d'un Cillian Murphy torturé complètement magnétique à Paul Anderson véritable bête vivante, en passant par un Tom Hardy farfelu et une Helen McGrory émouvante. Il restera tout de même ce gâchis de se concentrer beaucoup trop sur Thomas Shelby et de laisser de côté pléthore de personnages secondaires qui devait venir enrichir la série. Ce n'est véritablement qu'à partir de la troisième saison que l'on se rendra compte de cette évidence tant la série excelle à représenter cette famille passionnante et dysfonctionelle.


Pour ce qui est des personnages féminins, elles aussi ont du mal à se faire de la place face aux hommes au début de Peaky Blinders mais dès la saison 2, les scénaristes rectifient le tir en offrant un vrai arc narratif ainsi qu'une psychologie poussée pour Polly, l'incroyable tante de la famille. A l'opposé, Grace déçoit en passant de l'agent double mystérieuse à une femme dépendante ne pensant qu'à l'Amour. Mais en général, les personnages féminins sont très réussis et nuancés (May, Lizzie, Ada, Jessie), à la fois forte et fragile ce qui permet de s'attacher à elles.


Vient la question des antagonistes et là, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent avant la saison 3. Comme disait Hitchcock, si vous avez un bon méchant, votre histoire sera bonne. La preuve en image puisque dès l'arrivée du prêtre et de sa terrible organisation, les enjeux s'élèvent et les conséquences sont là, fatales et importantes au sein de la série en elle-même. Et c'est là qu'arrive la meilleure saison, la quatrième, époustouflante de bout en bout. L'antagoniste interprété par Adam Brody se montre aussi puissant et intelligent que Tommy, il impose une véritable terreur au sein de la famille et son ombre plane constamment. Il est à la fois charismatique, calculateur, sans pitié et compréhensif vis à vis de ses motivations. De plus, c'est assez jouissif de voir qu'il prend part à l'action. Les enjeux n'ont jamais été si hauts et les personnages aussi bien écrits. Prenante, sans pitié, pleines de rebondissements, Peaky Blinders se bonifie au fil des saisons, ce qui est très rare pour le faire remarquer. La dernière saison en date, la cinquième, retombe dans le problème d'une exposition trop longue et plonge encore plus dans la politique, ce qui m'a bien moins passionné. Mais le méchant fasciste interprété par Sam Clafin est néanmoins à la hauteur et porte les six épisodes sur ses épaules.


Pour ce qui est maintenant de la forme maintenant, j'aime ce format de 6 épisodes permettant de recentrer l'intrigue (heureusement !) et d'obliger les scénaristes à aller à l'essentiel tout en faisant monter les enjeux très rapidement. Le gros point fort de Peaky Blinders est évidemment son image, dotée d'une mise en scène soignée, incisive et d'une direction artistique extraordinaire où l'on cligne plusieurs fois des yeux pour admirer la beauté des plans. Dans ces moments là, c'est un véritable plaisir de se dire qu'on se trouve devant une série et non un long-métrage, qu'il y a une réelle recherche esthétique. La bande son, à défaut d'être complètement superficielle et illustrative, est évidemment jouissive, arrivant à booster certaines séquences et à leur insuffler un petit charme. Il n'en reste pas moins que le morceau Red Right Hand de Nick Cave est un choix de génie et complète parfaitement l'ambiance de la série. De plus, on est surpris par la beauté et la poésie émergeant des images avec un montage souvent ambitieux et très efficace qui me rappelle celui d'une autre série britannique, Vikings.


Ainsi, Peaky Blinders est une bonne série, gagnant en qualité au fil des saisons et mettant en scène des personnages complexes, attachants et bien écrits. Quelques défauts ne me permettent pas de mettre plus de sept mais je prends désormais plaisir à suivre la série et attends avec impatience la nouvelle saison.

Sinar1107
7
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le 10 mai 2020

Critique lue 215 fois

Sinar1107

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