One-Punch Man
7.8
One-Punch Man

Anime (mangas) TV Tokyo (2015)

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One Punch Man pour ceux qui séjourneraient depuis trop longtemps dans un abri Vaulltech coupé du monde c’est Ze manga de la fin d’année 2015, dont l’histoire est déjà une saga en soi. D’abord Webcomic publié par un certain ONE il est devenu un « vrai » manga avec l’association de ONE et de Yusuke Murata. Et voilà que cette année débarque OPM, pour les intimes, sur nos écrans. Bien que suivant le manga je vais me limiter à la critique de son adaptation animé. Mais de quoi est-ce que ça parle OPM ?


OPM c’est l’histoire de Saitama, un jeune employé de bureau au chômage et déjà blasé de la vie à 22 ans qui va sauver un enfant à tête de cul d’un homme crabe en pleine folie meurtrière. L’exaltation du combat va pousser Saitama à renoncer à se chercher un emploi pour se concentrer sur sa passion, porter une parodie de costume de Superman et taper des monstres. Mais pour ce faire il va d’abord passer trois ans à s’entrainer tous les jours, chose que nous ne verrons pas ou peu, et va devenir l’être le plus puissant du monde sans que lui-même ne sache bien comment il a acquis une telle force, une force qui au finale… l’ennui.


Ici se résume l’essence même d’OPM, l’absurde et l’épique, qui se mêle pour former un tout cohérant et Madhouse qui se charge de l’adaptation l’a bien comprit en résumant tous cela dans le premier épisode qui réussit heureusement à poser toutes les bases de l’animé en un temps record. Car entrer dans l’univers d’OPM semble rebuter pas mal de monde et il faut accrocher le public dès le premier épisode à défaut de l’avoir séduit par le synopsis. Oui Saitama est surpuissant et oui il one shot ces adversaires mais non cela ne conduit pas à une impasse scénaristique au bout de trois épisodes.


Pour parler de l’adaptation rapidement celle-ci est extrêmement fidèle à l’œuvre reprenant quasiment du planche par planche mais en magnifiant le tout par une animation et un enrobage musicale d’excellente facture ! Madhouse frappe fort très fort et là où ça fait mal, dans le domaine du Shonen/Baston, au moment même où un DBsuper et un Fairy Tail sont régulièrement critiqués pour des dessins ou une animation très médiocre. Certains oublient que dans animé il y a l’idée d’animation, peu importe les autres qualités d’une œuvre, si son animation/dessin est perfectible cela ne peut que lui nuire. A l’inverse une œuvre de qualité est littéralement transcendée par une animation du type de celle fournie pour OPM. On peut même se demander à quel point les autres Shonen du moment vont souffrir de l’ombre de Saitama ? Si le public se met à réclamer une qualité ne serait-ce qu’approchante pour les série en cours et à venir certains studios ont du souci à se faire…


Pour ce qui est d’analyser le contenu de l’œuvre d’autres ont déjà bien analysés OPM du point de vu de la satire sociale, Saitama quitte en effet le monde du travail pour celui des super héros qui se révèle être géré comme une entreprise aussi froide et hiérarchisée que n’importe qu’elle multinationale. Avec des rivalités mesquines entre les employés pour monter en grade, des évaluations inutiles puisque la force de Saitama n’est pas reconnu et surtout des cotes de popularité comme si les superhéros n’étaient que des produits de marketing et non pas le dernier rempart entre l’humanité et l’annihilation.


Briser les codes du Monomythe.
Mais en parallèle de construire un univers de superhéros tout droit sortie de n’importe quel comics générique OPM déconstruit le mythe même du super héros. Les cases du Monomythe de Joseph Campbell sont ici décochées une à une plutôt que l’inverse. Pas de cheminement du héros en étape pour Saitama. Déjà il n’a pas eu de mentor mais en plus il refuse d’en devenir un lui-même puisqu’il penne à accepter Génos qui se proclame comme son disciple et il n’a de toute façon rien à lui apprendre puisqu’il n’a pas de mission ou de cause à lui transmettre.


Le héros générique du Monomythe répond toujours à un appel de l’aventure, souvent après un évènement traumatisant ou une rencontre avec les forces du mal. Saitama rencontre effectivement le mal en la personne de l’homme crabe qui massacre des innocents, à défaut de trouver l’enfant objet de sa fureur, mais dans un premier temps celui-ci se reconnait en Saitama est sympathise presque avec lui. Sa rencontre avec l’enfant le poussera à s’opposer au crabe car Saitama reste fondamentalement bon, mais c’est l’exultation de la victoire et de la mise à mort après un combat acharné qui le pousse sur la voie du Héros et va désormais le motiver.
Lors de son parcours initiatique ses faiblesses devraient être révélées et la voie devrait lui être montrée par son mentor sauf que les 3 années d’entrainement de Saitama sont survolées et lui-même ne possède pas de faiblesse. Il ne peut donc pas grandir en tant que héros puisqu’il n’a pas d’opposition, pas de difficulté sur son chemin désespérément vide de défi. En parcourant son chemin (sans embuches mais pas sans enjeu) du héros, Saitama ne sera donc non pas rongé par le doute et la peur de la défaite mais par l’ennui.


Genos le cyborg est bien plus proche de correspondre aux critères pour être le héros aux mille visages, il est jeune, à une quête de vengeance qui le motive suite à évènement traumatisant etc. Il perd de nombreux combat mais ne renonce pas et surtout il parle de Justice ! Malheureusement pour Genos son mentor n’en est pas vraiment un et surtout celui-là n’est absolument pas prêt de mourir pour lui permettre d’accéder à son éventuel destiné de héros après une très hypothétique formation.


Du côté des autres personnages on notera beaucoup de personnalités déjantés et des gueules marquantes tel que le vieux Crocs d’argent et l’insupportable psy Tatsumaki qui nous donne envie d’en savoir plus sur le reste des héros de classe S.
Mine de rien Saitama c’est déjà créé les bases d’un groupe de compagnon et fait plusieurs rivaux ce qui colle déjà plus aux clichés du Shonen.


Pas d’histoire et pas d’enjeu ?
C’est une interrogation récurrente chez les sceptiques de l’OPM, comment peut il y voir le moindre enjeu et la moindre histoire si le héros résout tout en un coup de poing. Déjà s’il n’y avait pas d’histoire on ne pourrait pas débattre de ses différentes interprétation mais surtout dans OPM ce n’est pas juste l’histoire de Saitama et de ces combats mono-poing qui nous est conté, c’est celle du monde où il vit, celle des personnages bon ou mauvais qu’il rencontre et qui ne peuvent s’empêcher de le la lui raconter à son grand désarroi. Comme le chômeur chauve en exosquelette qui fera prendre conscience à Saitama qu’ils ne sont pas si différent l’un de l’autre car il aurait pu emprunter un tout autre chemin que celui de héros puisqu’il ne tient pas tant que ça à cette société qui le déprime.


Pour l’enjeu il est simple, pour Saitama c’est de trouver un moyen de rompre avec son ennui et ses combats monotones, pour le spectateur c’est l’attente de voir un jour Saitama se donner à fond dans un combat forcément dantesque, chose que l’on espère à chaque boss de fin d’arc lors de moment de grande tension où l’on se demande si cette fois l’homme poisson ou le Scarabée mutant feront l’affaire et nous ferons vibrer de pair avec Saitama.


Difficile dans ce cas-là de ne pas parler du combat final de cette saison. Déjà parce que ce combat, magnifié par l’animation et la musique, est l’un des plus épique que l’animation ait produite à ce jour. Ensuite parce que l’antagoniste est un double maléfique de Saitama qui depuis des décennies se cherche un adversaire capable de lui faire reprendre goût à la vie. Son désespoir est tel qu’il l’a conduit à un voyage de 20 ans dans l’espace pour atteindre la Terre.
Ce combat représente aussi l’aboutissement que Saitama recherche, un combat où il pourrait tout donner y comprit ça vie et son adversaire pourrait être ce qui se rapprocherait le plus d’un mentor au finale. Une fois de plus Saitama est plus proche des méchants sauf que l’ennui ne l’a pas encore poussé à se retourner contre les autres héros pour se trouver un adversaire. Saitama pourrait-il sacrifier des vies pour trouver celui qui saurait ranimer la sienne, franchirait-il ce cap ?
Ce qui au-delà de son aspect loufoque débilesque nous rappelle qu’OPM se déroule dans un univers où il ne fait absolument pas bon vivre à moins d’être un surhomme.


Un monde en guerre.
Histoire de crever l’abcès tout de suite on ne va pas mesurer nos propos, Saitama malgré son air de joyeux ahuri vit dans un monde quasi apocalyptique, qui quand on y réfléchi n’est pas très différent des univers Marvel ou DC.


Savant fou, extraterrestre vénère, mutant pas content, chauve en armure bionique et autres créatures mystérieuses sont légions et chacune d’entre elles sèment la mort et le chaos avant d’être battues par un héros ou un autre. Presque chaque épisode commence par un massacre à grande échelle et Saitama a beau régler le problème d’un tour de bras ou plutôt d’un coup de poing, peu de méchant sont vaincus avant d’être passé par la case meurtre de masse. Bien sûr c’est le cas de presque tous les univers de comics/super héros, (combien de gens sont mort dans les affrontements des Avengers ou de Superman ?). Mais ceux-ci font en générale le choix d’ignorer cet état de fait soit de le dédramatiser, un exemple en quelques mots : DBZ/boules de cristal/ Magie/ résurrection après baston.


Mais dans OPM le drame humain nous est clairement montré, même de manière discrète, par la petite fille que Saitama sauve au milieu des décombres, par une fuite de la population digne d’un film catastrophe, par les installations de survie type bunker qui se trouvent dans les villes et vers lesquels la foule se rue lors des alertes.Scène qui peut rappeler la seconde guerre mondiale et la course vers les abris anti-bombardement et prend tout son sens au Japon.


Alors oui le monde d’OPM est un monde en guerre où des hautparleurs et sirènes d’alarmes dispersés dans toutes les villes rythment les désastres et la vie des gens. Ou des milliers de personnes peuvent disparaitre d’un instant à l’autre sans que l’association des héros puisse les protéger à temps.Combien de villes ont été détruites lors de la courte période couverte par l’anime ? Combien sont aussi désertent que celle où loge Saitama ? Saitama s’en soucie-t-il vraiment après avoir rasé une ville lors de son combat contre le géant du premier épisode ? Chose qui ne l’a pas spécialement perturbé. En fait la vraie question est combien de temps reste-t-il à vivre pour les humains lambda dans un monde où les désastres sont de plus en plus nombreux et violents…
Genos lui-même assène le coup final en nous faisant remarquer, au cas où l’on aurait encore des doutes, que le jour ou Saitama ne pourra pas gérer un désastre se sera tout simplement la fin. Une prédiction sur la conclusion d’OPM ? A voir.


Finalement je dirais que One Punch Man est un animé superbe qui a su porter à la connaissance du grand publique un manga d’exception. Il y a plus d’un niveau de lecture et plus d’un angle de vu sur l’œuvre de One et de Murata. OPM parle à nos méninges mais aussi à notre cœur en y insufflant la passion qui manque à tant d’autres animés. Et Madhouse s’affirme une fois de plus comme l’un des grands noms de l’animation japonaise et la qualité de son travail sur OPM devrait inspirer l’ensemble du monde de l’animation. Par contre vu que la saison couvre déjà la moitié du manga à ce jour il faudra sans doute attendre un certain temps la suite à moins de passer au support papier.

ShedaoShai
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le 31 déc. 2015

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ShedaoShai

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