Nobody Knows
5.8
Nobody Knows

Drama SBS (2020)

Il y a des jours où j’aimerais n’avoir jamais vu certains dramas : Stranger, Tunnel, Voice… Ces expériences sérielles mémorables ont le pénible revers de me dégoûter rapidement de toute série policière aux ficelles scénaristiques un peu trop visibles et prévisibles. Sauf qu’avec Nobody Knows, ce ne sont même plus des ficelles, mais des câbles énormes dignes du viaduc de Millau.


En dépit de premiers épisodes assez enthousiasmants, qui prennent leur temps pour mettre en place une histoire plutôt intéressante, la série tombe vite dans les travers du k-drama policier de seconde zone. Le scénario tourne autour de trois points majeurs : un serial-killer dont l’identité n’est pas élucidée vingt ans après sa dernière victime ; une organisation religieuse au passé nébuleux ; un groupe d’adolescents aux agissements troubles dans un lycée appartenant à cette même organisation.


S’il ne fallait citer qu’un seul point positif de Nobody Knows, ce serait celui de garder l’illusion qu’il y a une histoire complexe. Illusion je dis bien car il n’en est rien, j’avais deviné qui était le grand méchant au bout… du quatrième épisode. Nouveau record dont je ne suis pas peu fier. Plus sérieusement, si vous avez un minimum de jugeote pour cet exercice, vous vous retrouverez rapidement dans le même cas que moi, et il vous appartiendra de décider si continuer le drama en vaut encore la chandelle. Pour faire dans la métaphore, la série est un peu comme quand vous grillez un pote en train de mentir et que celui-ci s'entête dans son mensonge : vous avez juste envie de lui dire "bon ça suffit maintenant, j'ai compris, ça devient ridicule."


Dommage, parce que la série a quelques autres atouts. Ses acteurs, notamment la sublime Kim Seo-hyung dans le rôle de l’inspectrice Cha, Ryu Deok-hwan, dans celui d’un professeur qui va devenir son sidekick et enfin Park Hoon qui endosse le rôle de l’un des éléments perturbateurs. Malheureusement pour eux, leur talent n’est pas bien mis en valeur. Les personnages qu’ils incarnent sont assez clichés et succombent au terrible syndrome coréen du visage figé dans un silence dramatique qui peut durer jusqu’à dix longues secondes… Dommage, parce que notre duo de protagonistes avait quelque chose d’intéressant physiquement : Kim et son charme magnétique, Ryu et son petit mètre 65 (il fait une tête de moins que l’inspectrice)… il y aurait pu avoir une alchimie romantique captivante entre eux, mais c’est finalement le malaise le plus profond qui l’emporte dans la plupart des situations.


Le plus gros défaut de Nobody Knows, au-delà de son scénario faussement compliqué et de ses retournements de situation forcés reste son rythme extrêmement lent, pour ne pas dire ralenti au possible. On sent que les producteurs avaient du mal à remplir 16 épisodes, lesquels sont rallongés de dizaines de plans inutiles sur des personnages qui pensent, qui regardent au loin ou se remémorent sans arrêt des dialogues pourtant vus quelques minutes auparavant. Ce drama vient rejoindre One Spring Night sur le malheureux podium des plus chiants passés les premiers épisodes.


Pourtant il essaye de bien faire, ça se sent : la réalisation, sans être incroyable, est soignée, dégage une atmosphère particulière, pesante, louche… Idem pour la bande-son : bien que le nombre de thèmes soit réduit, il y a eu une recherche de ce côté-là, c’est indéniable. Des points positifs qui n’ont pu au demeurant me motiver à voir la suite. J’arrête à un peu moins de la moitié du drama, après avoir vérifié au préalable que mon intuition concernant l’identité du meurtrier était correcte.


J’ai lu quelques critiques favorables de gens qui ont fini de voir entièrement la série, et ils confirment en négatif l’impression que j’en ai eu : si l’on regarde Nobody Knows pour son histoire criminelle, on sera forcément déçu, parce que son dénouement est extrêmement prévisible ; néanmoins si l’on s’intéresse aux intrigues qui forment une sorte de couronne autour du noyau dur de l’histoire, le drama se révèle tout à fait prenant. Soit, mais ni l’un ni l’autre de ces aspects n’est parvenu à me convaincre.


Et puis il y a l’aspect religieux, cruellement sous-exploité à mon sens, comme dans la plupart des k-dramas qui tentent un minimum d’y faire référence ; il y avait sans doute mieux à faire de ce côté-là… quitte à se jeter à pieds joints dans le fantastique ?

grantofficer
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le 31 déc. 2020

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