Poudreuse et cumba

Narcos est une série prenante, violente et tristement réaliste, où se mêle jeux psychologiques et politiques. Le nouveau bébé de Netflix porte son lot d’originalité venant le distinguer de n’importe quelle autre série policière classique.

Pablo Escobar, personnage principal de la série, est foncièrement mauvais, mais loin d’être stéréotypé, on se passionne pour sa psychologie, son histoire, sa culture et ses ambitions.
Le chef du Cartel de Medelin est le fil conducteur d’une histoire qui nous plonge dans un monde injuste et sanglant mais pour autant loin d'être dénué de sens et de stratégie. Les narcos, la police et les politique se livre à une guerre d’influence, expression de l’immoralité planante de la série.

Narcos aborde également la question politique, la série nous plonge dans la vie de politiciens faisant face à des choix cornéliens. Acheter la paix en cédant aux demandes des narcotrafiquants ou bien tenir tête et risquer la mort de nombreux civils ?
Les origines géopolitiques de l'expansion cocaine dans les années 80 y sont également dévelopées. On y découvre les jeux d’influence entre les Etats-unis et la Colombie, où la menace communiste, ennemi numéro 1 d’une Amérique baignant en plein époque Reaganiene, vient se rajouter à l'équation.

Évitant l’écueil du manichéisme, la série ne cède a aucune facilité scénaristique, “Good and bad are relative” comme aime à le répéter le narrateur principal. La police, supposé être du bon côté, y est souvent cruelle, corrompue et peu respectueuse des lois.
A mesure que les personnages décèdent, s'installe une ambiance électrique où la vie de chacun semble être en suspens, à la merci d’un coup de sang où d’un assassinat.
La narration dynamise la chronologie, tout s'enchaîne avec rapidité et sans temps morts, emportée par la subjectivité du personnage principal, également narrateur de la série. A cet égard elle est semblable à celle développé par Scorsese dans les Affranchis.
Par ailleurs, des images d’archives ponctuent les épisodes et viennent attester de la véridicité des différentes péripéties.

Entre musique cumba, brothels, villas et ranchs latinoaméricains, la Colombie des années 80 y est fidèlement représenté. Au travers d’immenses jungles urbaines ou naturelles, les décors comme les acteurs se glissent avec authenticité dans le scénario.
Les personnages parlent ici principalement espagnol, ce qui, dans un monde sériel dominé par la langue de Shakespear, apporte une véritable fraîcheur et originalité à la série.

Une série instructif et passionnante qui nous livre une vision décadente mais pour le moins authentique du développement d’une des organisations criminelles les plus puissantes que le monde est connu.