Un peu de biff un peu de buzz un peu de haine

Narcos est une série que j'avais pas mal envie de voir, beaucoup de gens en parlaient, j'entendais de nombreuses références à cette série dans le rap français et elle a réussi à avoir une réplique instantanément culte : « Plata o plomo ?. » Et oui, évidemment, la série m'attirait pour ce qu'elle racontait : la traque de Pablo Escobar et sa vie, que je ne connaissais pas forcément, juste que c'était un trafiquant de drogue basé à Medellín, qui avait beaucoup réussi dans ce domaine. Bref, il fallait absolument que je regarde cette série. Une série qui en plus, est terminée...bah ça plus le confinement m'a fortement poussé à la regarder. Et voilà, après 12 jours, je l'ai terminée et verdict : c'est bien.

Ce qui est intéressant avec Narcos, c'est ce mélange de fiction et de faits réels. Ça permet de transformer la série en documentaire parfois, via une voix off et des images d'archives et c'est ça qui va en partie nous apprendre comment fonctionne un cartel ou gouvernement de Colombie pour éviter que le spectateur se perde et favoriser au maximum la compréhension de la série pour ceux qui ne sont pas du tout familiers avec tout ce qui tourne autour de trafic de drogue. Ça c'est pour le côté faits réels, le côté fiction va permettre de développer les personnages, d'éviter les facilités scénaristiques, bref, de faire que la série se tienne et ressemble à une série. Ce mélange fait donc qu'on apprend des choses comme si on lisait une page Wikipédia, en plus d'être captivé par une intrigue maîtrisée et ça, c'est beau.

Un des plus gros points forts de l’œuvre, c'est son casting. Un casting qui se rapproche le plus possible des vraies personnes et je suis allé voir à quoi ressemblaient Steve Murphy, Javier Pena et Pablo Escobar et oui, je trouve que niveau ressemblance c'est très réussi. Mais bon, trouver des acteurs qui ressemblent à d'autres personnages, c'est bien mais s'ils jouent mal, c'est pas fou. Heureusement, tous sont très charismatiques et excellents dans leur rôle, ils ont une réelle présence à l'écran, surtout Wagner Moura en Pablo Escobar qui s'est investi à fond pour nous proposer une interprétation excellente, à tel point que j'ai eu l'impression de voir le vrai Escobar parfois. C'est aussi la série qui a révélé Pedro Pascal, qui doit ici maîtriser l'espagnol et l'anglais en plus d'être bon dans les deux, il réussit ce défi à merveille et je pense qu'il va avoir une grande carrière à la suite de cette série...c'est même déjà un peu le cas : The Mandalorian, Wonder Woman 1984 (ouh putain je viens d'apprendre qu'il a joué dans la série de 2011), Kingsman le Cercle d'Or ou encore Triple Frontière. Boyd Holbrook a également la classe, le même charisme que les deux autres et le duo qu'il forme avec Pedro Pascal est excellent, les deux ont une vraie alchimie à l'écran et j'ai beaucoup aimé suivre leur évolution. Le reste du casting est un peu plus anecdotique (plus dans les deux premières saisons ceci dit) mais je trouve que Maurice Compte a vraiment de la gueule et que Martina Garcia est très mignonne (d'ailleurs c'est marrant elle a interprété un personnage qui s'appelle Quica). En fait, globalement, tous les acteurs sont très bons et peuvent profiter de Narcos pour lancer leur carrière car ils ont tous du potentiel.

L'autre atout de cette série, c'est sa réalisation. Au delà de proposer de beaux décors, variés et mettant bien en valeur la descente d'Escobar (plus la série avance, plus les flics se rapprochent de lui et moins il a des maisons luxueuses), certains plans frappent par leur maîtrise. En effet, parfois la caméra se pose et suit les personnages quand ils se déplacent, c'est presque du plan séquence à certains moments. Et c'est bien dans les scènes de dialogue mais ces fous ils font le même procédé dans les scènes de fusillade. C'est-à-dire que la caméra se place derrière le fusilleur, se déplace avec lui puis le quitte quand il meurt pour aller vers celui qui l'a tué. Et ça, c'est parfait pour deux choses : l'immersion dans la fusillade, l'implication qu'on a dans cette dernière et la tension qu'il peut en ressortir puis la lisibilité de la scène. Oui, chaque fusillade est réaliste car chaque balle tirée est égal à une trace de sang et il ne faut pas 300 échanges de balle avant de tuer un mec. Les fusillades sont des pépites et deux me restent en mémoire :

. Inutile de préciser que chacune d'elle est précédée par un gros moment de tension. Enfin bref, de ce côté là, j'ai été pleinement satisfait.

Partie Spoilers

Comment parler de Narcos sans évoquer tout le côté critique de la société et comportements humains ? En effet, la Colombie dans les années 80 et 90, c'était pas tout rose, oh que non. A cette époque (et sûrement encore aujourd'hui en fait), la pauvreté régnait dans la ville de Medellin et l'argent contrôlait tout, jusqu'aux flics qui étaient pour la plupart corrompus. C'est ainsi que Pablo Escobar s'est fait une énorme fortune grâce au trafic de cocaïne. La série va ainsi montrer tout ce que ce dernier va faire pour amasser un maximum d'argent et montrer une société capitaliste qui ne jure que par le flouze, et si quelqu'un est contre ce système, il se fait buter. « Si t'as pas d'argent, dans ce monde t'as pas d'droit », c'est ce que se dit souvent Escobar, que le gouvernement ne prête pas attention aux pauvres, qu'il te laisse tomber. Et il faut parler de LA réplique, celle qui résume parfaitement ce problème : Plata o plomo ? L'argent ou le plomb, ce qui signifie que si tu n'as pas d'argent, tu perds la vie d'une balle dans la tête (ou toute autre technique de meurtre, tout dépend des goûts). La série dépeint aussi une Colombie qui vit dans la violence, un endroit où la mort plane au dessus de tout le monde et où personne n'est sûr de rester en vie, même les femmes et les enfants. Les morts dans la série sont rapides et montrent bien que tout peut s'arrêter d'un moment à l'autre. La Colombie était un pays déshumanisé.

Pour remédier à cela, la DEA intervient. Steve Murphy impliqué dans cette affaire car un des sicarios de Pablo a buté son co-équipier et Javier Pena qui était déjà sur place, à lutter contre les dealers. Mais rapidement, ceux qui étaient là pour ramener la paix en Colombie vont aussi se transformer en monstre. C'est un thème souvent abordé dans les films/séries où il est question d'un criminel introuvable (Zodiac par exemple), les policiers qui pètent un câble, qui ne peuvent plus supporter de toujours se faire avoir. Ça se manifeste chez Murphy quand il sort son arme après une petite collision de voiture suivis d'une petite dispute et surtout, SURTOUT, le moment qui montre le plus ce basculement dans le mal : Carrillo qui bute un enfant devant d'autres enfants. La Colombie est alors un pays qui en raison de son extrême violence et de son contrôle par l'argent, transforme le plus gentil des hommes en plus gros enc*lé de l'histoire.

J'ai beaucoup aimé la série pour la façon dont elle arrive à alterner entre la vie d'Escobar et la traque de ce dernier. Chaque point de vue est intéressant pour toutes les questions qu'il pose. Côté Escobar, c'est surtout tout ce qui tourne autour de sa famille, comment vivre quand on est de la famille du plus grand criminel de notre époque ? Est-ce que utiliser celle ci pour l'arrêter est une bonne chose ? Et puis même, on voit l'importance qu'Escobar accorde à sa famille, on est alors sur une vibe Parrain où la famille est plus important que tout et que c'est pour elle qu'on gagne sa vie. La série s'intéresse aussi aux différents sicarios qui pour certains sont forcés à faire ce qu'ils font, qui sont certainement des pauvres qui cherchent à se faire de l'argent (encore et toujours lui).Mais on a aussi tout ce que la célébrité amène comme problème avec les médias ou bien évidemment, l'argent et les problèmes que ça apporte, on en revient toujours au même. Côté flics, les questions qui se posent c'est toutes les questions en rapport avec la justice et ce qu'ils sont prêts à faire pour arrêter Escobar.

Le problème que j'ai avec cette série maintenant et ce qui lui empêche d'avoir la reco, c'est la saison 3. C'est vrai que la saison 2 a très bien introduit tous les éléments qui constituent cette ultime saison mais le résultat m'a déçu. Je trouve que le cartel de Cali est moins intéressant que le cartel de Medellin, aucun personnage n'arrive à égaler le charisme d'Escobar et le duo de flic a moins de présence et de développement. Et puis, je trouve que Murphy n'a pas eu de réel dénouement, il a tué Escobar, il a eu ce qu'il voulait mais je ne sais pas, j'aurais bien aimé le voir retrouver sa femme. Là où les deux premières saisons ne baissaient (presque) jamais au niveau du rythme, l'intrigue avançait tout le temps, j'ai eu l'impression que j'avais des baisses d'intérêt à certains moments. Reste Jorge qui est très intéressant à suivre, voir comment un complice du cartel va se rendre compte qu'il est en danger, qu'il ne peut pas rester éternellement à leur servie et qui va par conséquent coopérer avec la police, j'ai trouvé l'évolution vraiment cool. Et enfin, face à la conclusion de la saison 2, celle de la saison 3 semble moins impactante. Mais bon, cette ultime saison reste malgré tout sympa à suivre et ça ne me gênerais pas de la revoir, elle possède quand même des excellents moments qui arrivent au niveau de ceux des deux premières saisons.

Bon il est temps d'arrêter cette critique parce qu'en fait, je galère énormément à trouver des choses à dire, j'aurais sûrement dû prendre des notes parce que c'est pas que je ne suis pas fier de ce que j'ai écrit mais j'aurais pu faire mieux, j'aurais pu creuser un peu plus, bref j'aurais pu améliorer ce texte si j'avais pris des notes. Considérez ça comme une critique bonus et ça passera mieux. En résumé, Narcos est une bonne série que j'ai aimé regarder et qui possède des qualités indéniables. Je recommande bien sûr à tous ceux qui ne l'ont pas encore vu. 8/10.