La salive, cette panacée

Originalité est le mot d'ordre pour survivre dans le monde impitoyable de l'animé et des mangakas. Il est bien difficile dans cette industrie de trouver un sujet qui n'aie pas encore été traité, et cette volonté de se démarquer emmène parfois le spectateur dans le côté obscur de l'otakunisme.

Mais si vous me lisez, vous avez certainement la préparation mentale requise pour ce genre d'histoires. N'avons-nous pas baigné dès notre enfance dans un monde aux synopsis bizarres? Ranma 1/2 par exemple et son genderbending! Ou plus simple encore, les tortues ninjas: qu'on vienne me dire que l'idée de tortues mutantes aux noms d'artistes de la renaissance qui bouffent des pizzas à longueur de journées et pratiquent des arts martiaux enseignés par un rat géant n'est pas farfelue? Certes il était plus facile d'accepter ces réalités avec nos cerveaux malléables mais la vérité est qu'en ayant l'esprit ouvert, nous pouvons tomber sur des oeuvres belles et peu banales.

Bon maintenant que le terrain est préparé, venons-en à Nazo no Kanojo. L'histoire est très simple, un adolescent, Akira Tsubaki rencontre une fille, Mikoto Urabe, et comme il faut bien que quelque chose se passe, Tsubaki-kun décide un beau jour de tremper son doigt dans une flaque de salive qu'Urabe avait inopinément laissé sur son banc. Comme tout le monde le sait depuis la dernière convention internationale sur les fluides organiques, le sujet ne put que développer une addiction chronique patente pour la salive d'Urabe. Bref un excellent départ pour une relation amoureuse.

La salive se révèle cependant un outil ingénieux servant à la narration, un intermédiaire unique pour approcher différemment un sujet très universel: le premier contact adolescent entre une fille et un garçon. La trame en générale n'a d'ailleurs rien d'extraordinaire, mais évite d'être monotone en nous faisant surfer de surprise en surprise grâce à son héroïne atypique. Bien que l'aspect émotionnel n'est jamais relégué à l'arrière-plan, la jalousie et la possession est un thème plusieurs fois abordé, c'est surtout le physique qui est au coeur de l'histoire: en d'autres mots, le passage de l'enfance à l'âge adulte et l'exploration effrayante mais irrésistible du sexe opposé. Heureusement, le côté ecchi bien que présent n'est pas trop gratuit, et globalement la série m'a donné l'impression d'un traitement plus adulte du sujet, jusqu'à me rappeler très légèrement Kare Kano lors de certains épisodes.

Nazo no Kanojo possède également une excellente ambiance de par son côté rétro très prononcé. Un souffle bien charmant émane de l'anime grâce à des graphismes rétro efficaces et un character-design tout aussi vieillot, c'est d'ailleurs sympathique d'avoir des japonais qui n'ont pas les cheveux oranges ou roses. La musique colle parfaitement au cadre, la seiyû d'Urabe, Ayako Yoshitani se démarque très clairement pour son premier rôle grâce à son timbre unique. Tous ces facteurs se mélangent parfaitement pour donner un cocktail des plus rafraîchissant.

De plus, le travail du studio MGX a permis de donner un rythme très dynamique à l'animé, en adaptant très librement l'oeuvre originale, le manga de Ueshiba Riichi: les parties inutiles sont enlevées, des chapitres sont mélangées. La maîtrise du manga est excellente et le résultat final n'a rien à envier à la version papier.

Nazo no Kanojo X ne vaut peut-être pas ses 8 (edit 2021 : passé à 7) mais reste un excellent anime que je conseille à tous ceux qui chercher à passer du bon moment devant une histoire loufoque, une relation touchante et une héroïne aussi zarbi que distrayante. En tout cas j'espère et attend une deuxième saison avec impatience.