Attention, certains aspects de cette critique pourraient être considérés comme des spoilers.
Je ne peux pas dire que je n'aime pas la série: c'est un univers qui me touche et me concerne, aux thématiques contemporaines et pertinentes bien que traitées de façon un peu grossière.
Le jeu d'acteur du héros est appréciable: il est très juste dans son rôle d'introverti asocial sans en faire des caisses (mis à part les séances chez la psy qui n'ont vraiment aucune finesse, ou parfois dans la narration en voix off). La photographie et la mise en scène sont réussies, l'atmosphère est rendue plutôt sombre et anxiogène grâce à des lumières froides et éparses qui appuient, certes sans beaucoup de subtilité, l'univers amoral et glaçant dans lequel évoluent les personnages. A l'exception faite bien entendu du repère des hackers qui scintille de mille feux, à chemin entre un casino et un parc d'attraction.
C'est un peu le problème récurrent de la série: ça manque de subtilité, et du coup tout ce qu'elle installe est rapidement décrédibilisé ou en tous cas désamorcé par l'écriture ou la mise en scène.
- Le héros sombre est bien amené mais ses grandes envolées chez la psy le rendent très cliché, presque ridicule. Un détail hors sujet: les séquences de narration en voix off me rappellent beaucoup celles de Dexter.
- La mise en scène est belle et soignée, mais les contrastes de lumières et de décors sont tellement appuyés qu'on se sent un peu assisté.
- L'aspect technique est très documenté mais est complètement surexposé: ça n'a pas vraiment d'intérêt pour les techos qui connaissent déjà, ça perd probablement complètement les autres, et c'est globalement un peu saoulant.
- L'idée du personnage de Mr Robot est intéressante; sa toute première apparition notamment, dans le métro, est intrigante. Mais on comprend vraiment trop vite que... Enfin: c'est Fight Club avec des hackers quoi.
Mais ces petits égarements ne seraient pas vraiment gênants si il n'y avait pas... Les rôles secondaires. Entre la meilleure pote blonde super gaulée qui EVIDEMMENT sort avec un gros con type capitaine de l'équipe de rugby et les antagonistes qui vont de l'homme de paille demeuré au psychopathe froid et calculateur (plus les épisodes passent et plus on dirait Patrick Bateman), on peut pas dire que ça soit la folie. L'amie camée du héros et éventuellement son boss homo sont pour moi les deux seuls dignes d'intérêt pour l'instant.
Quant à Mr. Robot en lui-même, il n'y a hélas pas grand chose à en dire puisque... Ben c'est Fight Club avec des hackers. Le Tyler Durden local est loin de générer le même malaise et la même perte de repères que dans l'adaptation de Fincher.
Je ne parlerai pas trop de l'intrigue dont j'espère sincèrement qu'elle en a encore sous le coude parce que, jusqu'à présent, franchement: c'est Fight Club avec des hackers.
Il est difficile pour moi de recommander la série. Je prends beaucoup de plaisir à la regarder, mais il y a vraiment beaucoup de points noirs qui grèvent l'ensemble. Le héros principal et l'atmosphère portent clairement la série.
J'ai aussi l'impression que d'autres apprécient l'aspect technique bien documenté mais, franchement, ça n'apporte pas grand chose à l'intrigue ni aux personnages, et les séquences d'exposition (inserts sur des écrans, personnages donnant des explications) sont un peu saoulantes. Je n'ai pas l'impression que ça soit l'intention de base, mais ça laisse un goût de fan service pour nerd. Dommage, pour une fois qu'on ne voit pas des gars hacker la NSA en tapant "dir" dans l'invit de commande Windows ou contourner un blackout internet global en surfant sur http://817.123.1.555...