Misaeng
8.1
Misaeng

Drama tvN (2014)

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Immersion en entreprise coréenne : criant de vérité

Depuis petit, Jang Geu Rae se passionne pour le jeu de go. Voulant faire carrière en tant que joueur professionnel, son rêve est brisé à jamais. A l’âge adulte, il se retrouve sur le carreau, sans qualification, ni diplôme, et vit de petits boulots. Un jour, une opportunité professionnelle s’offre à lui. Grâce à une connaissance, il obtient un poste de stagiaire administratif au sein d’une entreprise commerciale. Il sera placé sous la tutelle d’un responsable non conventionnel. Ce nouvel environnement, souvent hostile, semé d’embûches, lui réserve bien des difficultés. Comment va-t-il s’adapter et les surmonter ?


J’ai regardé cette série dès sa sortie, il y a déjà 6 ans. Je l’ai revisionné récemment sans aucune lassitude. C’est le premier drama qui m’a complètement bouleversé par une remarquable interprétation des acteurs, menée par un réalisateur talentueux. Des émotions procurées par un simple regard ou un geste lourd de sens. Interpréter des employés de bureau n’est pas chose aisée, c’est une série extrêmement réaliste où tout est criant de vérité (décors, costumes, accessoires). Avec en prime : une douce musique mélancolique.


Le monde du travail est décrypté avec subtilité. Il donne un aperçu glacial sur la vie en entreprise à la coréenne. Au-delà de la Corée, stagiaire ou employé, on a tous été confronté à l’une de ces situations pesantes. Toutes les strates de l’entreprise en prennent pour leur grade, avec son lot de déboires. Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre mais je trouve qu’il colle à la réalité sur pas mal de points, et dépeint une vérité effroyable. Un pays où règne une pression permanente : S’incliner devant l’autorité, réprimer ses émotions, se fondre dans la masse, une société qui a toujours fait passer le groupe avant l’individu.


L’histoire pointe du doigt les excès et les travers du management toxique : Les stagiaires utilisés comme souffre-douleur et corvéables à souhait, dénigrement et mépris à l’égard des non diplômés (vous êtes catalogué d’office et n’êtes un moins que rien, sans jamais pouvoir accéder à la réussite), les heures de travail à rallonge qui laissent peu/pas de place à l’épanouissement personnel et familial, le harcèlement moral et physique, le sexisme, les courbettes pour obtenir une promotion, la mauvaise foi de certains collègues par pure jalousie/pour mettre des bâtons dans les roues.


Un large éventail de personnalité compose chaque équipe. Cette brutalité verbale/physique permanente qui plane au quotidien, fait froid dans le dos. On se prend d’affection pour ces êtres esseulés, étouffés dans un profond désespoir. Tout le monde n’est pas à mettre dans le même sac. Quelques personnages atypiques, drôles, touchants, se démarquent par leur attitude rebelle et solidaire. Notamment l’équipe commerciale, dans laquelle est détachée le protagoniste Jang Geu Rae. A sa tête, Oh Sang Sik (le tuteur), derrière ses remarques parfois acerbes, se cache un caractère bienveillant et protecteur, il fait preuve de bon sens et se laisse guider par un principe d’équité. Le chef qu’on rêve tous d’avoir. Cette relation presque fraternelle, que le protagoniste tisse au fil du temps avec son équipe et ses acolytes stagiaires, est un véritable régal à voir.


Du rêve déchu à la renaissance, une ode à la solidarité en faisant tomber les barrières hiérarchiques, où chaque défi cache une leçon à en tirer, de belles amitiés improbables.


Si je devais émettre une critique : la deuxième partie se perd dans les méandres des dossiers commerciaux aux termes tortueux. J’attendais un aboutissement plus poussé sur certains personnages. Dans tous les cas, je me suis régalée à le revoir une deuxième fois. Je vous invite à en faire de même.

Julhee
10
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le 3 févr. 2021

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Julhee

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