Mildred Pierce
7.3
Mildred Pierce

Série HBO (2011)

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J'aime bien les mini séries. Au moins il y a une fin. Alors que pour les projets trop ambitieux, il arrive fréquemment que les producteurs coupent les vivres ou que tout simplement les scénaristes se perdent en chemin. Une mini série, c'est mieux.


Todd Haynes échoue à transposer le roman dans ce format. J'ai appris qu'il existe un film réalisé par Curtiz et qu'il serait excellent. Comme quoi 1h40 suffisait pour raconter tout ça. Le tout est d'avoir un point de vue. Et ça, c'est ce qui fait défaut au réalisateur. En effet, durant les 5 épisodes j'ai eu l'impression que beaucoup de thèmes étaient abordés, que ça partait dans tous les sens et qu'il aurait fallu un recadrage. Émancipation de la femme, crise économique et le chômage qui va avec, relations amoureuses pas simples, tromperies, adultères, éducation d'une enfant trop gâtée, désir de tout contrôler... Ça fait beaucoup tout ça. Il n'y a pas un chemin que le spectateur puisse entrevoir mais bien une multitude de sentiers boueux. D'ailleurs je trouve que les deux derniers épisodes sont complètement à part du reste, car enfin le réalisateur se focalise sur une thématique: la relation mère fille. Mais c'est un peu tard. Et même si dans l'ensemble ça semble cohérent (on se rappelle de quelques plans annonciateurs par ci par là) la base reste fragile, mal construite. Mal construite parce que toutes les disputes entre la mère et la fille n'était abordée que quelques minutes et se résolvaient un peu trop facilement (une fessée et hop).


Ensuite, il y a une mauvaise gestion du temps. Le fait de vouloir brasser si large ne donne que peu de temps à chaque chose. Et ainsi les conflits paraissent tous un peu dérisoires. Par exemple, j'ai eu l'impression en regardant cette série, que monter sa propre affaire n'est vraiment pas difficile. Mildred Pierce a réussi à remonter la pente en un épisode. Pendant 20 minutes elle a cherché un emploi, puis elle est prise comme serveuse et presqu'aussitôt tout le monde s'arrache ses tartes... C'est bien trop rapide. Autre conséquence par rapport à ces conflits, c'est que certains retournements de situation paraissent un peu extrême par rapport à ce qui a été montré jusque là. Ainsi, en guise d'exemple, il est difficile de croire au nouveau talent de Verda dans le dernier épisode. En plus, toujours par rapport à cette mauvaise gestion du temps, le réalisateur aime prendre son temps pour filmer des petites choses poétiques. Alors oui ses scènes d'amour sont joliment contemplatives mais au détriment de la narration qui peine déjà à démarrer. Et enfin, toujours dans le même registre, plutôt que de montrer les choses importantes, Todd Haynes préfère filmer des gens qui parlent. Si au moins les dialogues étaient savoureux. mais non, ils sont assez banals, voire pauvres.


Je reproche aussi des maladresses du réalisateur, qui découvre l'univers de la série, semble t il. Outre le fait qu'il veuille réaliser chaque épisode comme un film complet (ce qui expliquerait l’ascension si rapide de Mildred en un épisode ou encore le fait que la mort de la petite fille n'ait aucun impact dans les épisodes suivants), il ne gère pas bien l'aspect mélodramatique. Dans l'épisode 3, par exemple, il commence directement par l'enterrement. Et l'on voit les gens pleurer. Et l'on est censé être ému à cause de la disparition qui a eu lieu au cours de ... de l'épisode précédent. Mais c'est oublier qu'entre deux épisodes, le spectateur peut avoir été couler un bronze, ou bien simplement laissé traîner une semaine. En retrouvant la série, le spectateur a besoin d'être mis dans le bain, il ne peut pas juste être triste d'entrée de jeu, juste parce que le réalisateur montre des gens pleurer pendant 10 minutes. Grave erreur à mon avis. Puis il y a toutes ces ellipses qu'on ne ressent pas tellement. D'ailleurs, le seul personnage dont on a vraiment compris le vieillissement reste Veda, puisqu'il aura fallu trouver une nouvelle actrice afin de la montrer adulte. Ces sautes de temps permettent aussi au réalisateur d'enterrer certains conflits mine de rien.


Mais la pire erreur, pour moi, est d'avoir situé l'histoire à cette époque là alors qu'en fait, la situer aujourd'hui n'aurait absolument rien changé. Le scénariste n'a pas su tirer parti de l'époque pour amener un petit quelque chose en plus. Cette histoire là, avec des vêtements et des voitures actuelles, aurait été pareille. C'est bien dommage. J'aime les films d'époque surtout quand la reconstitution est minutieuse, mais j'aime aussi y voyager et découvrir des mœurs qui ont depuis évolué. Et là, vu ce qui est abordé, je ne vois pas trop d'évolution. Aujourd'hui encore il existe des mères poules qui veulent tout contrôler. Aujourd'hui encore des gens montent des affaires et se plantent ou réussissent. Le seul détail qui m'a marqué c'est le fait qu'ils soient tout content d'avoir pensé à installer une lumière pour vendre leurs tartes. C'est le seul élément digne d'intérêt (j'en vois sourire). Parce qu'il est vrai qu'aujourd'hui ça paraît évident, mais ça ne l'était pas avant.


Heureusement il reste Kate Winslet. la douce, la belle, la colérique, la merveilleuse. On ne peut rester indifférent au charme de ses courbes, ni même de celui de son sourire. Pourtant, elle a un visage plutôt commun. Elle peut même parfois se révéler moche. Mais elle a un charme fou. Je la préfère quand elle est un peu plus ronde peut être. Et puis elle n'hésite jamais à tourner nue. Quel corps! Et son interprétation est toujours brillante. Tout comme Guy Pearce. Bon je ne ferai pas les mêmes compliments, bien qu'il semble bien bâti, sans doute préparait il déjà ses rôles suivant pour le cinéma d'action. Mais ce qui est sûr pour ce bonhomme, c'est que c'est dans ce genre de registre, de rôle de composition, qu'il éblouit le plus, et non pas dans ses rôles de gros bras. J'ignore pourquoi il tente une percée dans ce genre. Peut être en a t il marre de jouer les hommes efféminés et que ça lui joue un mauvais tour dans la vie réelle? Je ne sais pas.


En bref, une série au scénario et à la mise en scène maladroits. Il reste de jolis plans, quelques séquences qui, hors contexte, peuvent captiver le spectateur, et enfin, il y a ces acteurs qui sont tous irréprochables. Je ne recommande pas vraiment cette série, mais au moins, comme c'est court, ce ne serait pas une trop grosse perte de temps de prendre ce risque.


PS: vous ne trouvez pas ça marrant, vous, que pour marquer l'émancipation de la femme, notre héroïne réussit ... en cuisinant? si j'étais femme je me sentirais un peu révoltée... mais bon je ne suis qu'un homme après tout...

Fatpooper
4
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le 12 juin 2012

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11 j'aime

Fatpooper

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