Mike
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Mike

Série Hulu, Disney+ (2022)

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Le monstre qui voulut être une victime

Mike est une minisérie sur Mike Tyson. Elle est l'œuvre de l’équipe du film I, Tonya qui raconte la carrière puis le faits divers de la patineuse artistique Tonya Harding. Craig Gillespie en est le réalisateur avec Tiffany Johnson et Director X, ainsi que le producteur avec Margot Robbie puis Steven Rogers son showrunner.


Durant huit épisodes, au format court (22/30 mn), on va assister à l’ascension puis la chute vertigineuse du plus jeune champion du monde de boxe en catégorie poids lourd à l'âge de 20 ans 4 mois et 23 jours.


One man show


La minisérie est dans le style de I. Tonya. Mike Tyson raconte sa vie façon stand up sur la scène d’un théâtre en Indiana. Trevante Rhodes interprète le célèbre boxeur. Il en fait une caricature, en exagérant son poil sur la langue tout en gesticulant tel un pantin désarticulé, ce qui m’agace profondément. Ce n’est rien face à son discours où il se positionne en victime. En clair, il n’est responsable de rien.


La faute en incombe à ses parents, à la société, à son entourage, aux blancs, à une pizza avariée, etc… C’est en substance le message qu’il tente de faire passer sur le ton de la légèreté alors que l’on parle d’un homme violent envers les femmes comme les hommes, qui a commis un viol, à mordu puis arracher l’oreille d’Evander Holyfield, à insulter et cracher sur la terre entière bref un sale type.


Attraction et répulsion


Le personnage est fascinant. Pourtant, comme dit précédemment, c'est un être humain déplorable. Mike Tyson est un enfant pauvre du Bronx. Il subit les brimades de ses camarades et trouve refuge auprès des pigeons sur les toits des immeubles abritant la misère humaine.


Il erre d’un logement à un autre avec sa sœur et son frère, alors que sa mère se prostitue pour leur offrir un certain confort où se met en couple avec des hommes violents, tout en étant elle-même violente, que ce soit psychologiquement, verbalement ou physiquement envers eux et ses enfants. C’est dans ce contexte familial et social que se construit Mike Tyson.


Les figures paternelles


Au fil des années, l’enfant fragile laisse place à un adolescent brutal. Mike Tyson passe d’un foyer de redressement à un autre. A 14 ans, il va découvrir la boxe puis faire la rencontre de Cus D’Amato (Harvey Keitel), un entraîneur sur le déclin. Il va le prendre en main, en lui inculquant le fait que c’est un monstre. C’est une manière de le motiver face à ses adversaires, de façonner son esprit de compétition qui va avoir un impact destructeur sur sa psyché que ce soit sur et en dehors des rings.


Dans sa recherche d’une figure paternelle, Mike Tyson va s’attacher à ceux qui semblent vouloir prendre soin de lui. Après Cus D’Amato, il va tomber dans les filets de Rodney King (Russell Hornsby). Comme ce fut le cas avec Robin Givens (Laura Harrier), Mike Tyson se retrouve face à une personne qui ne voit en lui qu’une source de revenus. Derrière le monstrueux boxeur, ils perçoivent sa fragilité psychologique qui va leur permettre de le manipuler et d’abuser de sa stupidité pour assouvir leur cupidité.


Les femmes


A l’époque de sa grandeur, toute relative, Mike Tyson était une icône où plutôt un monstre. Il était comme le croquemitaine, inspirant la peur chez ses adversaires et le public. A titre personnel, j’étais admiratif de Sugar Ray Leonard, de l’élégance de sa boxe, toute en technicité tel un danseur de ballet. Au contraire, Mike Tyson était un bulldozer. Il était impressionnant mais me faisait penser à un animal sauvage, pour le dire clairement à un gorille. Son regard est vide, juste un tas de muscles sans cervelle. Dès qu’il s’exprimait, on sentait le néant.


L’affaire avec Robin Givens ne fut pas surprenante. Son comportement était celui d’un animal en liberté dont on souhaite le voir en cage. Mes propos sont violents mais ne sont rien face au viol qu’il va commettre sur Desiree Washington (Li Eubanks). Pire encore, certains leaders noirs, dont Le ministre Louis Farrakhan, accuse la jeune femme de vouloir nuire à la communauté et de ne pas respecter le statut d’homme noir fort de Mike Tyson. Plus tard, O.J. Simpson va aussi jouir de cette complaisance, en raison de sa popularité. Alors que ce sont des hommes violents, qui se posent en victimes, n’assumant par leurs actes et niant la souffrance des femmes.


Durant l’épisode sur l’affaire Desiree Washington, Mike Tyson brise le quatrième mur (comme souvent) pour nous dire “alors, vous ne m’aimez plus?”. Jusque là, le portrait était sur un ton léger, même au sujet de ses rapports violents avec Robin Givens. L’homme n’est plus présenté comme une victime mais comme un agresseur.


À partir de ce moment, on peut penser que le ton va devenir dramatique. Ce ne sera pas le cas. Malgré ses nombreuses exactions, il se pose continuellement en victime en rejetant la faute sur le reste du monde. Il se complaît en prison, en étant fier d'en être le Caïd, tout en se convertissant à l'Islam, ce qui n’a pas de sens. Il a le soutien de nombreux intellectuels, dont Maya Angelou, passant outre la raison de sa présence en ce lieu. Pire, il tente de nous faire croire qu'il a une conscience sociale, si ce n'est pas du foutage de gueule…


Une victime


Selon Mike Tyson, son comportement est de la responsabilité du système avec son racisme systémique. On ne peut nier le fonctionnement de ce système. Seulement, Mike Tyson n'en est pas la victime. Il est le seul responsable de ses actes. Un comportement autodestructeur qui attire les femmes. D’ailleurs, c’est assez étonnant qu'il soit entouré par des femmes dites éduquées, à croire que la violence les attire autant que l’argent.


A partir de ce semblant d’introspection, il tente de nous faire croire que la morsure à l’oreille d'Evander Holyfield, n’est que la conséquence de son parcours de vie. Du début à la fin, il n’assume pas ses actes, en continuant d’être dans le déni. Au cours de sa vie, on peut évoluer et travailler sur son comportement. Mike Tyson ne semble pas avoir la capacité de se remettre en question, d’assumer les conséquences de ses agissements et continue de se chercher continuellement des excuses. Jusqu'à son dernier souffle, Mike Tyson restera la créature créée par sa mère, Cus D’Amato et Rodney King.


Enfin bref…


Mike est une minisérie addictive. C’est un peu comme The Jerry Springer Show où les personnages étalent leurs diverses problématiques, souvent glauques, devant un public qui s’en délecte. C’est du voyeurisme qui satisfait nos plus bas instincts, renvoyant nos neurones dans les bas fonds de notre cerveau reptilien.

easy2fly
7
Écrit par

Créée

le 9 oct. 2022

Critique lue 54 fois

Laurent Doe

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