Mercredi
6.4
Mercredi

Série Netflix (2022)

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En dépit de ses innombrables et incontestables qualités, difficile de ne pas garder un avis pour le moins mitigé de cette première saison de Wednesday. Impossible d’imputer la faute à l’actrice Jenny Ortega qui parvient — tout en se l’appropriant — à livrer une performance aussi parfaite que celle de Christina Ricci dans les films des années 90, chose combien impensable pour tout fan de la saga qui se respecte ! La faute ne peut pas non plus être rejetée sur les autres acteurs principaux, de Gwendoline Christie en directrice d’école déjantée — qui confirme au passage qu’elle est une actrice complète — à, évidemment, l’immense Christina Ricci en passant par Emma Myers en louve-garou girly ou encore Moosa Mostafa en « bourdonneur » attachant. Non, l’échec de Wednesday tient en trois erreurs principales.

La première erreur revient à l’incohérence des autres personnages de la famille Addams. D’abord présentés comme on les connaît, c’est-à-dire sado-masochistes et hors-normes, les autres membres se révèlent vite « normaux », souffrant des mêmes maux et raisonnant comme tout un chacun. Qu’il s’agisse de Pugsley, Gomez ou Morticia, aucun personnage ne paraît cohérent, alternant sans cesse entre un discours qui se voudrait sado-masochiste et une attitude qui dit tout l’inverse. Ajoutez à cela un problème de casting évident avec, d’une part, un Luis Guzmán incarnant un Gomez Addams rondouillard, à l’air idiot, et au jeu déplorable — le regretté Raúl Juliá n’a dû cesser de se retourner dans sa tombe ! Et dire que Johnny Depp avait été envisagé pour le rôle, quel dommage que cela n’ait pas abouti... Avec, d’autre part, Catherine Zeta-Jones complètement parachutée dans la peau de Morticia, dont l’interprétation demeure bancale et à mille lieues de l’incarnation sans défaut d’Anjelica Houston dans les films originaux. Seul peut-être l’oncle Fétide parvient à tirer l’épingle de son jeu, et encore... Bon il y a bien la Chose qui s’en sort haut la main (OK je sors...) mais, pareil, la comparaison peut-elle vraiment tenir face à la performance originale ?

La seconde erreur de la série revient au développement de l’histoire qui s’embourbe à mi-parcours dans une intrigue policière des plus banales et nous éloigne de ce qui faisait le sel des premiers épisodes, à savoir le personnage de Mercredi lui-même !

Et c’est bien là que se trouve sans doute la plus grosse erreur de cette première saison, dans l’évolution du personnage de Mercredi Addams. Alors que Tim Burton, ses scénaristes et l’interprète Jenny Ortega s’évertuent dans les premiers épisodes à bâtir un personnage solide, cohérent et attachant, le reste de la saison cherche à tort à « normaliser » à tout prix le personnage. Présentée en première instance comme une sorte de personnage autiste Asperger, Mercredi est sommée petit à petit de se conformer aux bonnes valeurs de la société, d’aimer ses amis et sa famille, d’être amoureuse, d’apprécier les accolades... bref de devenir un personnage banal et sans âme ! Dans Les Valeurs de la Famille Addams, Mercredi était progressivement transformée en petite fille modèle et souriante, mais cela restait en apparence, contre son gré et à la suite des manipulations perverses de la part de ses « tortionnaires » scout finalement tout aussi horribles qu’elle. La cohérence était donc sauve. Ici rien ne justifie la volte-face de Mercredi, si ce n’est l’incapacité des scénaristes et de la direction d’acteurs à ne pas verser dans le politiquement correct.

En définitive, la saison 1 de Wednesday laisse un goût amer. Le potentiel était bien là mais n’a clairement pas su être exploité à sa juste valeur. On espère qu’une saison 2 verra le jour, à condition toutefois que les showrunners comprennent bien qui est Mercredi Addams....

ArPaNet
6
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le 30 déc. 2022

Critique lue 16 fois

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