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Des super-héros « de rue »



Pendant que Iron man et ses acolytes défendent la Terre contre des menaces extérieurs, le monde poursuit sa route et les criminels locaux continuent de sévir. C’est au sein du reste de la population, inquiète à ces nouvelles menaces et leur monde qui change, qu’œuvrent Daredevil, Jessica Jones et Luke Cage. Pour les deux derniers, ce sont des humains ordinaires qui se sont retrouvés avec des capacités augmentés à la suite d’expériences secrètes, conduites sur eux sans qu’on leur ait demandé leur avis. Des humains qui n’avaient jamais désirés devenir des héros, et qui se sentent dépassés par ce qu’ils vivent.
L’avantage de ces séries est de montrer comment l’homme ordinaire perçoit les événements se passant dans les films, de façon réaliste.


Luke Cage aurait préféré qu’on le laisse tranquille, vivant sa vie sans faire de vagues, dissimulant au mieux son étrange pouvoir qui l’a transformé en monstre. Mais il va se retrouver malgré lui au milieu d’affaires criminels qui vont le pousser à sortir de l’ombre.
Contrairement à Daredevil, « Power man » n’a aucune confiance au système. S’il se bat contre les criminels, c’est par nécessité plus que par devoir. Alors que l’avocat justicier déployait une violence manifeste, il n’en va pas de même pour Luke Cage, son pouvoir permettant d’agir sans brutalité excessive. Au contraire il agit plutôt avec nonchalance et retient ses coups, d’où quelques scènes assez drôles. Enfin, toujours dans les comparaisons, la lutte contre un parrain du crime le rapproche donc d’avantage du diable rouge que de Jessica Jones.



Harlem, l'acteur principal



« Power man » vit dans le quartier d’Harlem, quartier plus que symbolique, berceau de la culture afro-américaine, espoir d’intégration, mais aussi lieu de la ségrégation, de discrimination des blancs contre les noirs, de la pauvreté, des gamins de rues devenant criminels œuvrant l’arme au poing. Ce lieu est tout sauf anodin, puisque ce Harlem à deux visages est au centre de la série. Des luttes pour l’égalité que la nouvelle génération semble avoir oubliée, puisque les jeunes emploient sans ambages le terme « negro » entre eux, ignorant tout de la signification de ce terme péjoratif. L’histoire est accompagnée de musique rap et de références aux stars du basket et autres noirs célèbres.
En luttant contre le crime, le super héros noir devient le symbole de toute une communauté, oubliée des Avengers, dont l’apparition et les victoires n’ont pas beaucoup changé à leur situation.


Harlem n’est pas un quartier facile. Les enfants qui y grandissent ont du s’endurcir pour réussir, et ne pas se laisser marcher dessus. Si pour certain l’intégration passe par mener une vie honnête, pour d’autres gagner du pouvoir est le meilleur moyen pour prouver que la communauté noire peut réussir.
Ainsi, Cornell Stokes, « Cottonmouth », baron du crime dans Harlem, est parvenu à créer un réseau puissant en faisant régner la peur. Il voit dans sa réussite une fierté, une victoire par rapport aux sombres époques passées de ségrégation. Comme sa cousine, Mariah, il a grandi au sein d’une famille criminelle notoire, respectée et craint. Mariah de son côté a voulu s’en extirper, devenir une politicienne respectable, mais sans se départir de mettre tous les moyens en œuvre pour réussir. Elle compte ainsi sur l’argent salle de son cousin, dont elle espère bénéficier en toute impunité, sans se salir les mains. Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu…
S’il y a une chose que l’on peut affirmer de ce casting essentiellement noir, c’est la classe. Que ce soit Cornell, élégant en smoking, riant volontiers, et capable soudainement de tuer de sang-froid ; Mariah (déjà mère féroce dans Desperate Houseviwes), qui soigne les apparences devant les écrans, mais où se devine un regard acéré de prédateur ; Misty Knight, flic intègre ayant grandi dans Harlem dont elle a hérité d’un tempérament bien trempé ; Shades (un des rares blancs), en homme de main, stoïque derrière ces lunettes de soleil, mais dont le sang-froid dissimule des compétences redoutables ; et enfin le plaisir de retrouver Clair Temple, seule élément commun des trois super-héros street, une alliée bienvenue.
Malheureusement, on ne peut pas en dire autant de « Diamondback », principal ennemi apparaissant en deuxième partie. Nettement moins charismatique que Cottonmouth, ce nemesis s’avère être un psychopathe tuant tout le monde, y compris ses partenaires, dont on se demande comment un homme tel que lui a pu se retrouver à la tête d’une organisation criminelle et comment personne ne l’a descendu plus tôt… En outre, il est motivé par des envies de vengeance classique, lié aux liens qui l’unissent avec Cage. Une histoire de jalousie déjà-vu. La principale déception de cette série.



Séries Netflix et liens avec le MCU



Comme les autres séries, les références aux Avengers sont nombreuses. Dans « Luke Cage », elles sont parfois assez singulières, comme la mention de Iron man dans une chanson rap en l’honneur du grand héros black assez inspiré. Plus encore, les allusions aux autres séries se font de plus en plus nombreuses, preuve d’un rapprochement grandissant avant la grande réunion prévue l’année prochaine. On découvre de plus en plus la méfiance de la population envers ces justiciers (« vigilante » et non super-héros) qui agissent en-dehors des lois. Mais c’est aussi l’augmentation des événements fantastiques qui défient l’entendement qui inquiètent, événements déjà à l’origine des Accords de Sokovie (« civil war »). Ainsi comme auparavant la venue d’êtres supérieurs comme Thor avait poussé le SHIELD a utilisé l’énergie du Cube pour trouver nouveaux moyens de défense, l’existence d’êtres invulnérables comme Luke Cage a poussé certaines sociétés à créer d’armes au pouvoir destructif inégalé, pouvant modifier les rapports de force.
Ainsi Claire Temple, si elle s’était initialement détournée de Daredevil, ne pouvant plus l’aider au détriment de son travail, elle a été confrontée à l’attaque des hommes de la Main, où a découvert qu’il s’agissait d’hommes morts réanimés. Refusant la décision de sa direction d’enterrer l’affaire, elle a quitté son travail et décidé de se consacrer à aider ces êtres particuliers depuis sa rencontre avec Jessica et Luke.


Les séries marvel Netflix apportent certes un contrepoids bienvenu à l’univers ciné, et globalement d’une qualité supérieure, on peut toutefois mettre en évidence des failles communes dans leur structure. En effet, elles sont semblent avoir un peu de mal à tenir la durée des 13 épisodes, et connaissent un ralentissement en deuxième partie. Que ce soit en introduisant une nouvelle menace moins bien traitée (la Main et Elektra, Diamondback), en étirant la confrontation avec le nemesis (Killgrave), ou en amenant le méchant à faire des choix douteux (Kingpin).


Faire une série sur « Power man » n’était pas une gageure, les scénaristes ne pouvant se contentant d’envoyer le héros vaincre les méchants avec les balles ricochant sur lui. Il fallait trouver d’autres éléments : reste de la population d’Harlem vulnérable, passé de Luke qui le rattrape, et enfin balles explosif pouvant traverser sa peau. Ce qui n’empêche pas ces scènes d’être un tantinet redondantes. Et avec une certaine incohérence : à certains moments, on peut voir les balles véritablement ricocher contre lui, ce qui signifie un vrai danger pour les personnes autour. Or à plusieurs reprises, il se tient devant les tireurs sans que les autres personnes soient un instant menacées. Ce qui aurait pu, au passage, être une sacré contrepartie à son pouvoir, dommage que ça n’ait pas été exploité…


Globalement mieux maîtrisé que « Jessica Jones », bénéficiant d’une vraie ambiance, « Luke Cage » risque cependant de toujours laisser sur le carreau ceux peu emballé par le côté bavard et l’action réduite. Pour les autres, c’est une réussite de plus.

Enlak
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le 1 nov. 2016

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