Et non, rien de neuf sous les tubes cathodiques, bien au contraire !
J'étais déjà sceptique à l'idée d'une nouvelle série Netflix / Marvel (je dois faire une indigestion d'adaptation de supers héros sur les petits et grands écrans…), après Daredevil qui m'avait laissé sur ma faim (et pourtant mon appétit pour les séries est large), mais ici étrange arrière goût de déjà vu dès les premières minutes.
Pourtant, en cette soirée hivernale, les choses avaient plutôt bien démarrées. Faisant référence à l'univers Marvel, le générique (un générique, c'est comme une entrée dans un restaurant, ça donne le tempo du reste du repas), très graphique, aux couches d'images mélangées, très colorées, rythmées par une musique noire et nocturne nous glissant dans la peau d'un enquêteur, nous ouvre les portes de la série. D'ailleurs, les toutes premières images sont des vues de New York de nuit : une petite ruelle, de la fumée… on s'attend à un univers obscur, pas très propre mais les choses vont vite se remettre dans l'ordre.
Déjà, quelque chose qui m'avait frappé, ce sont ces premières notes de saxophones. Là, les nappes musicales lancinantes de House of Cards me reviennent en bouche. Et tout au long de la série, cet arrière goût musical “HouseofCardienne” ne me quittera pas.
Puis, je découvre le sujet de la série. Et là, impossible de ne pas faire le rapprochement avec le film Birdman : des supers héros qui sont passés de la lumière à l'ombre. Mais à la différence de Birdman, où l'on nous présentait un homme déchiré, digne des meilleurs anti héro, chez Jessica Jones, il n'y a de déchiré que son pantalon jeans !
Jessica, wonder woman au placard reconverti en Sherlock Holmes de l'adultère, n'a de sombre que la couleur de son blouson, son regard et sa longue chevelure. Un profil, qui d'ailleurs, m'avait vaguement rappelé le personnage de Lisbeth Salander dans Millénium. Mais dans le roman suédois, la noirceur du personnage tenait plus aux qualités d'écriture du personnage qu'à la teneur de son rimel. Ici, les dialogues sont creux, les personnages sans contenances, on passe de clichés en clichés. La réalisatrice Melissa Rosenberg tombe même dans l'écueil du stéréotype de la secrétaire bimbo avec les nombreuses scènes où la secrétaire / maîtresse de Jeri Hogarth n'hésite pas à nous montrer ses avantages mammaires.
Pourtant, une intrigue m'hypnotisait : celle du personnage de Kilgrave, étrange envoûteur faisant esclave toute personne se mettant en travers de son chemin. J'étais d'ailleurs content de revoir David Tennant qui m'avait beaucoup plu dans la première saison de Broadchurch. Dans les bons films d'horreur ou de suspens, les moments les plus terrifiants sont ceux où l'on ne voit pas le méchant ou le monstre. Au départ de la saison, l'étrange Kilgrave n'est qu'un mythe, une ombre obscure, détruisant psychologiquement ses victimes, pour des raisons inconnues. Mais au fil des épisodes, ce “monstre” attirant toutes les attentions et les peurs, va devenir un camarade attachant, à la répartie bien placée ! Le mystère s'évapore.
La promesse obscure se transforme très vite en douce intrigue policière sans originalité. On s'en remet aux scènes de bagarres et de sexe pour donner du rythme à ce récit aussi morne qu'un épisode de Derrick. Le summum du ridicule arrive assez vite, dès l'épisode 4, avec une fausse intrigue (vers la onzième minute) qui n'apporte absolument rien à l'histoire mais fait gagner quelques minutes à l'épisode. Là on commence à avoir de sérieux doutes sur l'existence d'un scénario !
Alors certes, c'est distrayant. Si vous cherchez une série pour passer une bonne soirée d'hiver au chaud, le spectacle est divertissant, mais rien de plus… et rien de neuf !