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Seconde série Netflix Marvel, après l'excellent - bien que souffrant d'une seconde moitié de saison en deçà de la première - Daredevil.
Netflix continue d'installer son équipe, les Defenders, et sa lecture de l'univers Marvel, plus sombre, plus adulte que ce à quoi les films de la licence nous ont habitué.
Et ça fonctionne. David Tennant en Kilgrave est juste parfait, et Kristen Ritter réussit à merveille à faire ressentir son désespoir, ses fissures, son traumatisme, sans virer dans le pathos.
Les combat sont à nouveau excellemment chorégraphiés, dans un style évidemment différent de DD.
Encore une fois, Killgrave est littéralement terrifiant... pour ensuite passer par une phase certes moins manichéenne, plus fine, mais aussi moins rythmée, moins tendue, là où les 5 premiers épisodes sont efficaces au possible.
Comme Daredevil, le format de 13 épisodes se trouve finalement être trop long, là où 8 semble être le format qui aurait dû s'imposer.


Néanmoins, on a affaire à une bonne série, avec des rebondissements souvent excellents, et malheureusement parfois à la limite du Deus Ex Machina, les scénaristes cédant à des facilités d'écriture qui viennent amoindrir l'excellence du reste. Et c'est très dommage, car excellence il y a, entre drame psychologique, thriller, et série de super héros proche du quotidien.


Bref, Netflix réussit malgré tout son coup, et a deux trophées sur son tableau de chasse.


Mais ça va inexorablement poser un problème de cohérence, car les inspirations de DD étaient avant tout puisées dans la version de Franck Miller du héros, mais l'ambiance générale provient du DareDevil de Bendis, et plus précisément de la série Max, série créée en réponse (plus ou moins) à Vertigo pour que Marvel puisse s'adonner au plaisir du comics sombre et adulte.
On trouvait sous le label Max des séries comme DareDevil, donc, le Punisher version hardcore, sans la pointe d'humour trash qui allégeait la violence pourtant extrême des dérives parfois hilarantes de Garth Ennis - et pourtant en grande partie scénarisé par ce même Garth Ennis -, on trouvait aussi du Straczinski avec Supreme Powers, et plein d'autres...dont Alias, aka Jessica Jones.


Et le fait que cette étiquette MAX ait été apposée sur cette branche de comics sombres et torturés indique plus ou moins explicitement qu'ils se déroulent dans un univers parallèle, en vase clos, sans influer sur les séries Marvel classiques.


On a pu aussi se rendre compte que Avengers puisait allègrement dans Ultimates, une sorte de reboot de la plupart des séries bankable de Marvel, réintroduites dans notre monde contemporain et plus ou moins dégagées de la kitscherie ambiante et du poids des années des séries classiques, et accessoirement une AUTRE réponse à DC et son label Vertigo, bien différente de la série MAX.
Les films qui gravitent autour de Avengers sont moins clairement inscrit dans cette version Ultimates du monde Marvel, mais ce dernier reste l'inspiration centrale.


Donc on a un cycle central de films - puis un second - à cheval sur l'univers classique et Ultimates, niveau comics, avec ses codes spécifiques, son ton plus ou moins uniforme, sa cohérence.


Et de l'autre, on a un arc de séries Netflix qui pour le coup sont en rupture totale avec ces films, s'étant échappé des pages de MAX.


Peu importe la cohérence avec les univers BD - à titre personnel, je m'en fiche pas mal -. Par contre, la cohérence de l'univers dans lequel les films et les séries s'inscrivent est mis à mal par la différence drastique de ton.
Dans Jessica Jones, on fait référence à plusieurs reprises aux événements qui se passent dans les films, notamment le passage destructeur des Avengers lors de leur combat final du premier opus, confirmant le fait que pour Marvel, l'univers télé/ciné est bien un univers unique.


Je reste personnellement dubitatif quant à la capacité à faire coexister des romans noirs comme Daredevil, ou des thrillers psychologiques comme la présente série dans le même univers que Thor, Iron Man et compagnie.
Car le ton de la série MAX est respecté par Netflix, et ils en font quelque chose de bon. Mais MAX doit, je crois, fonctionner en vase clos pour pouvoir exister sans devoir lisser les coins.


L'avenir nous dira si ça colle ou pas.


Mais ça ne m'empêchera pas, quelle que soit le résultat, d'apprécier l'excellent travail de Netflix pour l'instant.

toma_uberwenig
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le 28 nov. 2015

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toma Uberwenig

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