Lupin III est une des licences les plus atypiques de l’animation japonaise. A un moment de son histoire, son succès fût tel que depuis, tous les ans, le public a droit à un nouvel anime estampillé Lupin III ; traditionnellement un téléfilm, d’une qualité au mieux médiocre (à quelques très rares exceptions près).
Mine Fujiko to Iu Onna change cette habitude, puisqu’il s’agit d’une série de 13 épisodes, ce qui tout-de-suite parait beaucoup plus ambitieux. Ses particularités ne s’arrêtent pas à son format, puisque nous avons affaire à un anime plus adulte qu’à l’accoutumée, plus proche du manga d’origine de Monkey Punch – lequel reposait énormément sur le sexe et la violence – doté d’un chara design de Takeshi Koike et d’une direction artistique atypique.
Alors, Mine Fujiko to Iu Onna marque-t-il le renouveau de la licence ?

J’aimerais dire que oui, mais je ne peux pas me le permettre. Pourtant, la série commence fort, avec un premier épisode pour le moins explosif, bourré d’action, présentant des personnages au charisme indéniable, et bien grivois. A ce moment, nous pouvons considérer que si tout l’anime maintient un tel niveau d’exigence, nous tenons le meilleur avatar de Lupin III depuis le film d’animation Le Complot du Clan Fuma.
Les épisodes suivants, dédiés aux rencontres entre Fujiko et les autres personnages récurrents de la licence – Jigen, Goemon, et Zenigata – maintiennent l’illusion, notamment grâce au charisme des individus en question. Mais déjà, nous pouvons noter un élément souvent source de déconvenue chez Lupin III : cet anime nous parle des premières rencontres entre les personnages, et travaille donc sur la mythologie de la licence. Il s’agit d’une idée foireuse.

Lupin III est une licence à part dans l’histoire japonaise aussi car elle fonctionne non pas sur une histoire, mais sur des personnages. Des personnages qui n’existent que par leur personnalité et leur comportement, qui n’ont ni passé ni futur, et se contentent d’être immuables ; nous pourrions faire un parallèle avec Tintin : nous ne savons pas pourquoi ils sont ainsi, nous savons seulement qu’ils le sont. A partir de là, vouloir nous dévoiler leurs origines, leurs premières rencontres, les raisons derrière leur existence, près de 50 ans après leur première apparition en manga, est voué à l’échec. Or, Mine Fujiko to Iu Onna ne va pas se limiter à leurs premières rencontres, car comme son nom l’indique, c’est tout le passé de Mine Fujiko qu’il se propose de dévoiler, tentative futile et perdue d’avance. D’autant plus quand, dans le cas présent, l’histoire se ferme sur un pied de nez.

Alors, vous me direz : « Mais moi, je ne connais pas Lupin III, cela ne va donc pas me poser de problème. » Oui et non. Déjà, nous pouvons considérer que cet anime se destine en priorité à ceux qui connaissent déjà la licence – au Japon, cela représente probablement beaucoup de spectateurs, puisque chaque année a droit à son anime Lupin III – comme semble le confirmer le fait que les personnages ne soient absolument pas introduits. Ensuite, les défauts de cet anime ne se limitent pas à sa tentative avortée d’exploration de la mythologie.
Les premiers épisodes – ceux des premières rencontres – sont dans l’ensemble excellents, rythmés, et palpitants. Ensuite, nous entrons dans l’histoire de fond, et elle s’avère tout-de-suite moins passionnante, devenant synonyme de longueurs. Les trois derniers épisodes remettent la barre assez haut en terme de qualité, cela redevient palpitant – pas du niveau du premier, mais cela reste plus qu’acceptable – seulement entretemps, nous avons un creux impossible à combler, du remplissage entrecoupé de quelques révélations stériles autour de Fujiko, et cela plombe l’ensemble.

Mine Fujiko to Iu Onna propose quelques excellents moments ; son premier épisode est un modèle de narration et de dynamisme, avec des personnages fascinants. Malheureusement, jamais la série ne retrouvera une telle qualité sur les douze épisodes suivant, ce qui sera forcément frustrant. Par rapport à tout ce qui a pu être fait autour de Lupin III ces 30 dernières années, nous nous trouvons dans la moyenne haute, car cet anime possède une ambition plus marquée et quelques grands moments d’animation. Mine Fujiko to Iu Onna ravira les amateurs malgré ses défauts, mais je ne suis pas persuadé que les nouveaux spectateurs devraient découvrir la licence par cet avatar en particulier.
Ninesisters
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le 5 oct. 2012

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