Les Filles d'à côté par Incertitudes

Si l'on fait la liste de tous les sitcoms signés AB Productions, finalement Les Filles d'à côté est sans doute la meilleure ou la moins pire.

J'ai toujours considéré Hélène et les garçons ou Premiers Baisers trop niais. Les Filles d'à côté s'adresse déjà à un public un peu plus mûr. Les 25-35 ans, on va dire. D'ailleurs, ça se voyait au niveau des horaires de diffusion. Premiers Baisers, Hélène et les garçons ou Le Miel et les Abeilles étaient diffusés à l'heure de sortie des lycées et des facs. Les Filles d'à côté, à la sortie des bureaux vers 18h/18h30.

Mais dressons le décor. On a trois nanas. Trois canons.

• La plus âgée, Claire (Christiane Jean), mère d'un ado qui va au lycée alors qu'il n'a que douze ans. Chapeau.


• Magalie (Hélène Le Moignic). Venant du mannequinat à la base, elle en avait les jambes que ne se privait pas de mettre en valeur, à grands renforts de shorts et mini robes, celui ou celle s'occupant des tenues chez AB. Dans une récente interview, elle dresse un portrait peu flatteur du système AB Productions et de la mauvaise ambiance générale planant sur la série. Pour l'avoir lu, certains de ses propos sont intéressants et sans doute véridiques mais son contenu global la rend aussi antipathique que son personnage vingt ans plus tôt.


• La blonde Fanny (Cécile Auclert). Mère de deux enfants. Une fillette qui joue faux (une assistante lui soufflait le texte en hors-champ) malgré qu'elle soit mimi, et un bébé de quelques mois. Avec sa plastique avantageuse, dont elle était parfaitement consciente (là encore, les costumiers se sont fait plaisir), elle était un peu le fantasme des ados de l'époque qui ne regardaient la série que pour elle. Il faut l'avouer.

Ce trio emménage dans un appartement, après avoir quitté leurs maris respectifs, à côté de deux célibataires : Daniel, un photographe, qu'elles voudront mettre dans leur lit dès le premier épisode, et Marc un écrivain raté qui vit à ses crochets.

Autant dire que je ne comprends pas leur attitude. Marc était plus BG que Daniel et surtout bien plus drôle. C'est lui qui avait les meilleures répliques de la série (faut dire que c'était pas bien compliqué) et c'était même le meilleur acteur.

Et donc que fait ce quintuor me direz-vous ? La réponse est toute simple et tient en un mot : rien. Ils passent leurs journées à ne rien branler. C'est à se demander comment ils peuvent se payer leurs apparts qui sont superbes, cela dit. Enfin si. Chacun essaie de dragouiller l'autre et quand ils en ont marre, ils vont faire du sport. Une salle de sport tenue par Gérard Vivès qui incarne une caricature de caricature de prof de sport homosexuel caricatural. C'est bien simple, même Aldo Maccione dans les films de Philippe Clair n'osait pas aller jusque là.

Donc évidemment, le tout ne vole pas bien haut. Lorsque les filles discutent entre elles, c'est uniquement sur la cuisson du poulet ou sur celle qui ira répondre au téléphone. Du côté des garçons, on se demandera continuellement qui est la plus bonne entre Claire, Fanny et Magalie. Mais bon, les séries signés Jean-François Porry (Jean-Luc Azoulay) ne se sont jamais distinguées pour leur philosophie. Néanmoins, avec un peu plus de temps (en gros, vingt-cinq épisodes de vingt-six minutes étaient tournés en trois mois, c'est dire les cadences), il y avait sûrement moyen de faire mieux. Tous ces acteurs se sont évidemment perdus depuis. Il faut dire qu'être passé par la case AB était éliminatoire donc ce n'est peut-être pas complétement de leur faute.

Thierry Redler a fait quelques téléfilms et du théâtre avant de tomber en dépression suite à la mort de sa compagne en 2011. Il décédera durant l'été 2014. Bradley Cole mène une carrière de chanteur aux USA. Cécile Auclert a joué dans quelques épisodes de Plus Belle la vie. Hélène Le Moignic a repris les voyages et a fait des études, et Christiane Jean un peu de doublage selon Wikipédia.

Difficile de noter ce..."truc" étant donné qu'il y a une bonne part de nostalgie liée au souvenir de feu le Club Dorothée. Par ses thèmes au ras des pâquerettes, ses acteurs jouant ou surjouant faux, ses perches apparaissant dans les plans, il ne vaudrait pas plus de trois. Mais pour le boule de Fanny, il vaut dix. Alors...