Legion
7.3
Legion

Série FX (2017)

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La folie ne s'explique pas, elle se ressent

Une maison. Un silence mortel. Des grillons. Un démon. Daaaaaaaaaaaaavid.


Alors qu' Iron Fist se fait démonter par la critique (mais pas par moi cependant), une autre série Marvel essaie de faire ses preuves depuis février 2017 : Legion. Située dans l'univers des X-Men, la série parle d'un certain David Haller, le mutant le plus puissant sur Terre. Personnage relativement connu des lecteurs de comics, il ne l'a pourtant jamais été du grand public, malgré ses origines (révélées au fur et à mesure de la série).


Legion tente de convaincre là où bien d'autres ont échoué, et ce directement à travers un premier épisode qui pose les bases du show et montre l'intérêt porté au choix de la mise en scène et de la direction artistique. Le premier épisode perd volontairement le spectateur, qui ne comprend pas mais qui reste fasciné par l'ingéniosité et la finesse d'une réalisation intrigante et intense. Là où on pouvait avoir peur, c'est que Legion ne tienne pas la route et se perde dans de futurs épisodes. Pourtant, au fur et à mesure que la série avance, une surprise de taille nous attend : le show ne perd à aucun moment de sa grandeur. La co-production Marvel TV / 20th Century Fox avance d'un pas décidé, et nous enfonce dans un labyrinthe de sensations, d'épreuves et de faux semblants dont la dangerosité semble enfermer notre héros, déboussolé et désemparé. La série navigue dans plusieurs genres, sans pour autant en prendre un à part : contrairement à ce qu'on pourrait penser, Legion n'est pas une série de super héros.


Bien entendu, le show a son lot de mutants et de super pouvoirs mais est-ce vraiment cela qui la rend géniale et intrigante, ou le développement des personnages et l'intérêt croissant porté à la mise en scène et au découpage des épisodes ? Car Legion est en soi une piètre adaptation, qu'il en soit dit. L'essence des comics ne se retrouve pas dans la série, et on est surpris, sans pour autant être déçus, de voir que le show ne porte que peu de liens envers les comics. Une indépendance qui se veut de plus en plus omni-présente, surtout de la part d'une production 20th Century Fox, qui depuis quelques années enchaîne les doigts d'honneur aux comics avec ses films X-Men, torturant son Deadpool dans un film du mutant griffu ou massacrant la célèbre saga du Phénix Noir en la ridiculisant dans le métrage maudit de Brett Ratner. Est-ce grave ? Pour les deux cas précédents, ça l'a été, en témoignent les retours tonitruants de ces métrages. Mais doit-on en faire une généralité ? Non, et Legion le montre bien. La série n'a que peu de liens avec les comics, et pourtant elle se débrouille admirablement bien, fonde son propre univers sans tomber en disgrâce et arrive à faire renaître des personnages en leur donnant une identité propre qui, même si elles s'éloignent de celles des bandes dessinées américaines, ne font que bien les décrire, sans leur enlever leur charisme et leur aura. On pourrait reprocher allègrement de ne se reposer que sur quelques personnages en particulier, et en faire tomber dans l'oubli le reste des personnages peu profonds, mais on pardonne facilement ceci. Car au-delà des quelques défauts qu'on peut lui trouver, notamment auprès de ses quelques longueurs, le mérite de la série empêche de lui en tenir rigueur : la série renouvelle un genre qui a sérieusement tendance à s'essouffler ces derniers temps, quand même bien on puisse apprécier encore les métrages et séries super héroïques. Là où le schéma Marvel Netflix semblait faire ravage il y a de ça deux ans, il semble à présent s'effondrer en même temps que la horde de spectateurs en colère semble grandir. Là où les films semblaient arriver à ameuter une foule de fans, le genre commence maintenant à s'épuiser. Néanmoins on peut, comme j'y arrive, trouver des qualités dans ces dernières productions, mais force est de constater que le super héroïsme, même s'il est à la mode, ne convainc plus aussi facilement qu'avant. C'est dans cette période trouble qu'arrive Legion et sa nouveauté, celle d'accorder une grande place dans la mise en scène de Noah Hawley, créateur de la série à succès Fargo.


Ecartant la pudeur et la préciosité, ne se refusant rien hormis l'inimaginable, Legion impressionne. Impossible de le nier, la bouche est ouverte quand arrive la fin de chaque épisode, où on assiste, à chaque fois, à quelque chose de plus grand que ce que l'on pensait. Jusqu'à un épisode 7 grandiose, magistral où l'on est happé par une vague qui emporte tout sur son passage : celle de la grandeur. A coups de Boléro dans une scène fascinante en noir et blanc, de Bach dans une scène larmoyante, de grillons dans une scène silencieuse,... Legion possède aussi une bande originale sublime, tant par l'oeuvre de Jeff Russo que par les morceaux qui la composent, du rock (Children of The Revolution) au jazz (Feeling Good)... Une large et variée palette de musiques qui embellit la série et nous plonge dans l'ambiance.


Mais ce que l'on retient le plus, c'est ce formidable duo et duel entre Dan Stevens et Aubrey Plaza, deux acteurs fantastiques, qui font littéralement vivre le show, principalement volé par cette dernière, qui livre une prestation détonante.


A l'image de son affiche, Legion est une série étrange, fascinante et complètement mystifiante, qui titille aussi bien l'horreur avec son antagoniste parfois flippant comme le fantastique. Et si, finalement, Legion était la série super héroïque qu'on attendait depuis longtemps ? Celle qui attire l’œil, mais qu'on ne parvient jamais à attraper, en constante roue libre dans une liberté scénaristique totale et dans une liberté visuelle décapante, changeant tout le temps de registre et de fil artistique. Celle qui présente des personnages relativement inconnus mais qui les sublime. Celle qui se renouvelle constamment et qui met de côté ses quelques défauts pour embrasser pleinement son potentiel. Celle qui n'a pas peur de perdre son spectateur.



La folie ne s'explique pas, elle se ressent



Visiblement, Noah Hawley a tout compris de ce proverbe puisqu'il nous livre une série visuellement parfaite et qui nous transpose dans la folie de David Haller. Bien qu'imparfaite, la série fascine et détonne et c'est tout ce que je lui demande.

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le 9 avr. 2017

Critique lue 4.3K fois

33 j'aime

10 commentaires

Marvellous

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