Deux grands pouvoirs impliquent encore plus de responsabilités

J'ai entamé Last Hero Inuyashiki sans savoir qu'il s'agissait à la base d'une oeuvre de Hiroya Oku, papa de Gantz, cette mystérieuse boule noir remplie d'armes en tout genre qui tronait laconiquement au milieu d'un appartement typiquement nippon, prête à vous envoyer au casse-pipe dans des missions aux objectifs clairs mais aux intérêts douteux. Ceux qui serait passé à côté de ce manga y trouveront à coup sûr un scénario original et face auquel on ne peut pas rester indifférent.

Attention, à ne pas mettre les plus jeunes devant, on est quand même devant un seinen !

Quoiqu'il en soit, l'auteur m'avait tellement marqué visuellement que j'aurais peut être jeté mon dévolu plus tôt sur sa nouvelle création où la filiation visuelle est immédiate et le ton tout aussi sombre.

Inuyashiki est un vieil homme à qui la vie n'a pas sourit, où alors peut-être à t'il oublié de vivre. Il traine avec lui tristesse et solitude malgré son travail, sa femme et ses deux enfants. Cerise pourrie sur le gâteau périmé, on lui annonce un cancer. Oui, la vie, parfois, c'est bien la merde. Alors que notre vieillard, archétype de l'anti-héros est au fond du trou, voilà qu'on commence à le reboucher.

Mais par un coup du sort assez fantastique, le soir même, alors qu'il pleure sa situation seul dans un parc, un événement le voit être transformé en cyborg.

Adieu le cancer, bonjour ce nouveau corps aux multiples possibilités. Un fléau où une chance ? Utilisera-t-il cette force nouvelle qui lui est donnée ? Et qui est ce jeune homme qui était présent pas si loin ?

Last Hero Inuyashiki est un manga sur le pouvoir et sur les personnes qui l'ont, sur la manière dont ils l'utilisent ? On est dans une histoire assez classique d'antagonistes, de héros, un affrontement classique du gentil contre le méchant mais traité avec bien plus de subtilité et de psychologie. Hiroya Oku ne se contente pas de montrer le bien et le mal, il s'attarde sur le lent cheminement qui peut se faire en chacun et mener à un choix, sans pour autant le justifier. Tout n'est que succession d'événements et d'ajustements face à une réalité qui nous étouffe. Et petit à petit malgré les sauvetages et les exactions qui jalonnent le récit, certaines frontières bougent, se brouillent. On observe ces deux hommes que tout oppose aux prises avec leurs craintes, leurs hésitations, l'un plongeant pleinement dans l'horreur quand l'autre met un point d'honneur à sauver autrui. Et celà nous offre quelques scènes assez touchantes qui contrastent parfois avec l'horreur de la violence froide et sans concession.

Encore une fois, on ne peut donc rester indifférent face à ce que l'auteur nous propose et on retrouve sous couvert de fantastique, la critique d'une société japonaise ultra-élitiste et obsédée par la réussite individuelle. La solitude transpire au travers des personnages, qu'elle soit familiale ou sociale, des héros jusqu'aux protagonistes plus éphémères, et les moyens de communications qui devaient nous rapprocher sonnent ici le glas de tout un pays.

Last Hero Inuyashiki est à mon sens une réussite qui en plus ne vous prendra pas longtemps puisque l'anime s'étale sur seulement 11 épisodes. Certains choix scénaristiques peuvent rebuter, surtout ceux pris à la fin qui sont amenés bien trop vite à mon goût.

Mais quoiqu'il en soit il faut reconnaître que l'ensemble est visuellement très riche et marquant (PAN), que l'histoire forme un tout cohérent et qu'on passe par une large palette d'émotions (même si en VO, j'ai toujours du mal avec les japonaises qui pleurent).