La femme infidèle a des remords, la femme fidèle a des regrets.

Dans une tour luxueuse tokyoïte, six femmes finissent par franchir le pas de l'infidélité. Qu'est-ce qui les pousse à commettre l’(ir)réparable? 

Cette série est tirée du manga Kingyo Tsuma (Goldfish Wives) de Kurosawa, que l'on trouve en France sous l’intitulé Les Rives Rouges De L’Adultère.
L’auteur passe au crible des déboires amoureux sous un regard féminin, tout en soulignant le poids du sexisme dans l'archipel nippon. 

Un bonheur, à priori, sans nuage … ce fichu grain de sable vient enrayer les rouages de cet avenir radieux et longtemps désiré. C’est ainsi que prend place un désarroi contagieux qui s'enlise dans des non dits.
Ces épouses esseulées dégagent toutes un sentiment d’impuissance face à un mal être inaudible. La vie conjugale sensée être harmonieuse, diffère de ce qu'elles s'étaient imaginées. Leur détresse d'une profonde léthargie est frappante.

Outre l'absence de communication franche et ouverte, le manque d’affection et relations sexuelles sont au cœur de ce malaise récurrent. Et font écho à la réalité : la vie sexuelle des couples japonais frôle bien souvent le néant. Les codes sociaux au patriarcat persistant sabotent ces couples en les enfermant dans un schéma figé au détriment de l'épanouissement personnel : la vie active de l’homme japonais se résume bien souvent à son travail, avec des horaires à rallonge. Le mari attend avant tout d’une bonne épouse qu’elle s’occupe bien de la maison (et des enfants). 

Afin de combler un manque incommensurable, elles cèdent à tour de rôle au chant des sirènes. Les chatouilles du désir réveillent en elles des émois délicieux et fugaces. 
Habituée à la pudeur des séries du Matin Calme (où le moindre baiser est un exploit), leurs voisins du Soleil Levant sont nullement gênés par la nudité. Les passages torrides tombent dans une facilité indigeste, et coupent brutalement de douces rêveries. Les corps enlacés pour ne faire qu'un, dégagent une sensualité saisissante. 
Coincées dans cette vision faussée de leur couple, le chemin est aussi sinueux que les méandres des mensonges pour cacher un passage à l’acte. Ce décalage sème un doute insupportable : le désir irrépressible d’envoyer tout balader mais le jeu en vaut-il la chandelle?

Les problèmes soulevés sont un condensé de déjà vu : la violence conjugale, le statut pesant de femme au foyer, la différence d’âge et la peur du qu’en dira-t-on (le divorce reste socialement stigmatisé).

Des personnages aux tracas indissociables sont tenus par un casting de bonne qualité. Une romance un peu tirée par les cheveux comme fil conducteur : ce duo phare me semble un tantinet déséquilibré et mal assorti.
Cette empathie loin de la norme habituelle, qui émane du jeune éphèbe (aux fesses d’apollon galbées, poke Takanori Iwata) m’a quelque peu envoûtée.
Je reste moins convaincue (et souvent agaçée) par sa prétendante d'une contradiction totale, raide comme un piquet, elle dégage une mollesse cotonneuse (furieuse envie de la secouer comme un prunier).

Autour d'eux gravite un échantillon de mariés à l’intérêt inégal, certains auraient mérité un développement plus approfondi (ex : le couple de coureurs).

Cette série ne présente rien de bien nouveau mais ici surgissent quelques notes poétiques, qui m'ont transportées du début à la fin.

Chaque fin annonce un nouveau départ, ou pas … Un renouveau bénéfique pour certaines, tandis que d’autres s’enferment consciemment dans une impasse, à l'image de ce (malheureux) poisson rouge bien muet, qui tourne en rond dans son bocal.

Ne reste pas enfermé dans ton passé, il doit servir de leçon et pas de prison.
Il est temps de vivre la vie que tu t'es imaginée.