On peut lui reprocher certaines choses à cette série, elle n'atteint en effet pas un niveau de finition aussi poussé que des grandes séries américaines, mais malgré tout, elle est arrivé à m'accrocher, à me captiver voire à me retourner l'estomac à certains moments. La trêve regorge de bons éléments qui valent le détour d'être appréciés, même si, en effet, on se peut s'empêcher de remarquer certaines imperfections qui font tiquer.
Quelles sont-elles ces imperfections ?
Il y a tout d'abord cette impression qu'on a voulu en faire trop. On a cette volonté de créer une série avec plusieurs couches, plusieurs éléments s'imbriquant les uns dans les autres afin de créer un récit complet et intéressant. Ça marche, en partie. Le soucis est que ces intrigues (le meurtre, l'affaire du barrage, les matches de foot, les drames sociaux et les intrigues amoureuses) sont fort nombreuses et sont souvent mal exploitées et laissées de côté sans avoir de suite. C'est comme si le scénariste avait voulu jongler avec trop d'éléments et s'y était quelque peu perdu. On a cette impression de manque de réponses ou de développements pour de nombreuses pistes ou intrigues secondaires que l'on a survolées. Il y a parfois comme un manque de convergence entre les différentes histoires, ce qui nous pousse à nous demander pourquoi les a-t-on abordées sans leur donner de réelle conclusion. Heureusement, l'intrigue principale reste claire et ne s'embrouille pas.
Ensuite, la Trêve subit quelque peu cette habitude du cinéma belge de fourrer du drame social un peu partout. La plupart des habitants du village sont soit fous, attardés, méchants, pervertis, corrompus ou impliqués dans une situation dramatique digne d'un film des frères Dardenne. On se retrouve dans une réalité ou le drame est assez exagéré et ou les repères sont rares. Heureusement, quelques personnages viennent nous donner un sentiment de normalité parmi ce monde de tarés, mais rares sont ceux qui au final, restent indemnes. On a cette impression que pour attirer l'attention, les cinéastes belge doivent présenter des personnages à tout prix malsains. Cela ajoute une lourdeur qui n'est plus nécessaire dans un policier déjà haletant et il nous est également difficile de nous projeter dans un monde au réalisme douteux. Je compare cela à des séries américaines dramatiques qui se déroulent dans un contexte tout a fait réaliste mais où la folie ou le drame est introduit par la suite. Ce problème se remarque surtout au début de la série et à la fin, les épisodes intermédiaires ne m'ont pas parus trop affectés par ce défaut.
En parlant de réalisme, quelques éléments de type géographique m'ont quelques peu fait tiquer. Cela m'affecte probablement plus que la moyenne, donc ce n'est pas un défaut gravissime. Je trouve que le nom "Heiderfeld" est mal choisi. Pourquoi avoir concocté un nom à consonance germanophone pour un village près de la Semois ? Je ne comprends pas bien le choix. Ensuite, pourquoi parler de la Gaume alors que le village se situe clairement en Ardenne ? Je peux comprendre, personne ne connait la Gaume, alors on s'en fout, mais étant Gaumais, j'ai eu un peu du mal à passer au dessus.
La Trêve présente également des jeux d'acteurs assez inégaux. Certains dialogues tombent parfois à plat et certaines scènes sont quelque peu boiteuses. Mais cela reste relativement minime, car le bon travail prend vite le dessus.
Enfin, je dois dire que la résolution finale est vraiment décevante. Encore une fois, on a voulu en faire trop, pousser trop loin le côté dramatique. Les nombreux rebondissements finaux étaient très bien amenés et il aurait selon moi fallu s'arrêter un peu plus tôt.
Beaucoup de points négatifs, mais malgré tout, cette série mérite son huit. Les créateurs de cette série sont arrivés à créer une intrigue bien ficelée avec des rebondissements surprenants et des moments chargés en suspense et en émotions. Tout cela est bien intégré dans un cadre Ardennais, exploité pour la première fois, à ma connaissance, dans une série télévisé. Il est bien plus facile de critiquer que d'expliquer pourquoi cette série a tout de même réussi à me faire vibrer et à me scotcher devant mon écran en train d'affonner les épisodes. Le fait que j'ai toujours rêvé de pouvoir regarder une bonne série se déroulant en Belgique m'influence sans doute positivement. Mais je peux dire avec certitude qu'elle est bien meilleure que tout policier français sur lequel j'ai posé mes yeux quelques minutes. Il en existe peut-être un aussi bon que La Trêve, si c'est le cas, n'hésitez pas à me le faire savoir.