La France qui s’effondre - et elle n’est probablement pas toute seule. Voilà un thème qui va parler à tous les angoissés de la façon dont notre monde peut tristement évoluer, par exemple après une de ces pénuries de pétrole qu’on annonce comme très probable dans le fameux essai de collapsologie « Comment tout peut s’effondrer ».
Cette mini-série braque à chaque épisode le projecteur sur des acteurs et des situations différentes (même si on retrouve quelques protagonistes d’un épisode à un autre, surtout dans l’épisode final). Les épisodes initial et final montrent comment ce risque d’effondrement est glissé sous le tapis au quotidien, par les politiques ou les médias.
Une fois que « tout le mal est arrivé », les sept premiers épisodes soulèvent de bonnes questions et montrent combien tout le monde finit par être concerné, mais parfois de façon modérément crédible (comme lorsque des activistes essaient en vain de faire tourner une centrale nucléaire). De façon individuelle ou collective, tout se met à dérailler même lorsque ça pourrait aller mieux (voir l’épisode « Le hameau ») ; plus rien n’est acquis ni certain. Certains choix radicaux s’imposent et pour mettre habilement cela en scène, la mini-série est une franche réussite.
La réalisation est remarquable également en ce qu’elle réussit globalement le pari de tourner chaque épisode en une seule séquence. Ce parti-pris s’avère très prenant en général mais toutefois, pour diverses raisons, le résultat est inégal d’un épisode à l’autre. L’épisode le plus impressionnant de ce point de vue me semble être « L’île ». Le moins réussi est le dernier : le projet mis en images est certes très angoissant (un groupe tente de s’inviter sur un plateau de télévision lors d’une émission en direct), mais trop de répliques sont mal dites, par trop d’acteurs. Une nouvelle prise aurait pu suffire à régler cela, mais la logique un épisode = une séquence obligerait à tout recommencer depuis le début…
C’est ma principale critique : la réalisation est assez virtuose et sait se montrer efficace avec semble-t-il assez peu de moyens, mais certains partis finissent par desservir le propos, ponctuellement ou… plus systématiquement : le choix de la caméra subjective est très pertinent sur le papier, mais il finit par être un peu fatiguant sur la longueur, même pour une mini-série ; tous les inconforts audiovisuels permanents ne sont pas forcément souhaitables pour évoquer l’inconfort d’une situation.
Ces quelques bémols mis à part, j’ai beaucoup apprécié cette série. J’aurais aimé davantage d’épisodes, mais c’est déjà une belle et nécessaire œuvre de fiction.