L'Autre Monde
7.6
L'Autre Monde

Anime (mangas) WOWOW (1999)

Que ce serait-il passé si le colonel Muska avait réussi à prendre contrôle de Laputa ? Laissant au monde une progéniture qui aurait peu à peu perdu l’intelligence et la volonté du personnage pour ne garder que le côté despotique presque enfantin d’un fou dont on exauce chacune des volontés par crainte du pouvoir qu’il détient ?

C’est un peu la question à laquelle here and there, now and then s’efforce de répondre. Et si cet étrange anime n’a rien à voir avec l’œuvre Miyazakienne, certaines ressemblances sont pourtant troublantes à mes yeux et m’ont amené à de nombreux moment à repenser à l’œuvre de ce grand monsieur.
Pourtant au premier abord on ne s’en douterait pas, le réalisateur et le scénariste sont des grands inconnus, les graphismes ont un style quelconque et la musique n’est franchement pas mémorable.

Mais pourtant cette histoire possède une âme, une âme corrompue et terrible, mais une âme tout de même.

Car il ne faut pas s’y laisser prendre, Here and there Now and then est une histoire dont la violence à l’épisode (nouvelle unité Si les enfants) surpasse largement la scène de décapitation de princesse mononoke. Sévices, viols, tortures et privation sont le lot commun de cette aventure, qui a quand même le bon goût de ne pas tomber dans le gore facile et de suggérer plutôt que de montrer crûment.

A ce moment vous me demanderez sans doute de quoi parle l’histoire ? Car pour oser comparer ça à Du Miyazaki il faut en avoir l’idée quand même !

Et bien pour faire un synopsis concis : machin (son prénom ne m’a vraiment marqué, excusez moi il est à peu près aussi charismatique et volontaire que Pazu) est un gentil petit citadin japonais du XX ème siècle, qui en revenant de son cours de Kendo trouve une fille bizarre perchée en haut de la cheminée d’une usine désaffectée. Il a à peine le temps d’entendre son prénom Lala-rû, celui là je m’en souviens encore) qu’une stase temporelle se crée autour d’eux et que de machines de guerres futuristes les entoure.

Après une lutte inégale ils se retrouvent donc téléportés de force dans la gigantesque forteresse d’Hellywood dont on apprendra vite qu’elle est un gigantesque vaisseau volant à l’arrêt depuis des lustres par manque d’or bleu (la téléportation temporelle à petite échelle étant grosso modo une des seules technologies avancée encore fonctionnelle ).

Or Lala-rû possède un pendentif (vous commencez à comprendre ?) capable de créer une quantité infinie du précieux liquide. Elle est donc recherchée désespérément par le maître des lieux un fou dénommé Hamdo, violent, peureux et mégalomane doublé d’un incroyable complexe d’infériorité Qui le pousse à vouloir mettre le monde sous sa coupe par peur d’être assassiné.

A la suite de ce résumé vous vous poserez ensuite cette question. De l’eau ? Mais bordel la surface terrestre ce n’est composé au moins à 80 % de ça ? Ou alors vous ferez dans l‘extrapolation scientifique en vous disant que ça ne fonctionne qu’avec de l’eau ultra-pure ou quelques chose de ce genre.

Dans tous les cas sachez que là ou est perdu ce vaste vaisseau (le lieu et la date exacte ne seront jamais mentionné, c’est un bon point, mieux vaut un background flou que mal justifié. Même si le texte précédent chaque épisode semble vouloir préciser que l’action se passe dix milliards d’années dans le futur) l’eau n’existe presque plus au point que l’armée de notre tyran fou n’a droit qu’à un gros verre d’eau par jour.
Oui notre beau château luxuriant est planté en plein milieu du désert, comme un tronc de métal rongé par le soleil.

La suite vous fera vite rencontrer Sara jeune américaine enlevée par erreur à cause de sa ressemblance avec Lala-rû ainsi qu’Abelia commandante en second du vaisseau qui est vraisemblablement folle amoureuse de son leader pour qui elle ne semble même pas exister.

Comme je l’ai dit plus haut après ce prologue l’histoire deviens vite très dure, tant la condition des soldats (beaucoup d’enfants soldats) que des femmes de tout âge (I’am siiiiinging in the rain vous m’avez compris ?) est décrite avec une violence étonnante pour un anime japonais au design aussi enfantin.

Et si ce n’était le héros au comportement typiquement Miyazakien (comprendre d’une espérance de vie de cinq minutes s’il n’était pas incroyablement chanceux) il n’y aurait pas vraiment de quoi se réjouir dans ce sahara fait monde ou les rares populations nomades vivent dans une pauvreté extrême en craignant chaque saute d’humeur du maître du château qui est heureusement cloitré au sol.

Pourtant l’histoire fait son bonhomme de chemin et continue au fil des épisodes à nous en apprendre un peu plus sur ce monde mutilé. La série est courte, treize épisodes, mais cela ne l’empêche en rien d’être évocatrice (le château dans le ciel arrive bien à être génial en deux heures) . En effet l’animé évite très bien les passages à vide, sans pour autant tomber dans le cliché classique du mini scénario par épisode. Et l’on arrive à l’épilogue comme avec l’impression d’avoir vu un long film d’animation, parce que si vous êtes comme moi vous n’arriverez pas à décrocher l’œil de votre écran jusqu’à ce que le dernier ending se mette à défiler tristement sous vos yeux.

Mais est ce que le dénouement de l’intrigue est triste malgré ce postulat de départ quasi post apocalyptique ? A vous de le découvrir.

En attendant je trouve vraiment dommage que cette série pêche par un clair manque de budget car un traitement visuel et musical approprié, elle mériterait encore plus la note que je lui mets, que je conserve néanmoins pour l’originalité et la qualité d’écriture.

Quand au château dans le ciel et bien n’oubliez pas : «Laputa ne mourra pas ! elle renaîtra de ses cendres ! sa puissance alimente les rêves de l’humanité !» Dix milliards d’années plus tard, Muska avait toujours raison.
Brume_Ondeblois
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le 3 nov. 2014

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Brume_Ondeblois

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