Le silence d'argent de la princesse à la parole d'or

Bon voilà, encore une fois une énième suite d'un anime qui a cartonné mais qui de mon côté m'avait laissé sur ma faim, la faute à une répétitivité un peu trop visible. J'étais convaincu que l'histoire vallait mieux que ça, et parfois, la patience est récompensée.

Si j'osais une métaphore qui ferait le parrallèle entre Komi et sa série, je dirais qu'au départ, elle se cache, mais au final, elle chuchotte tout doucement, et finit par dire des choses qui vous font un truc. Un battement de coeur oublié et la princesse devient l'éloquence absolue et l'emotion pure à travers un quasi silence.

Bref j'exagère beaucoup, mais cette série me provoque, et vous devriez l'adorer.

Komi poursuit sa quête de 100 amis, malgré son anxiété sociale. Elle va petit à petit encore plus s'ouvrir aux autres dont Tadano.

• Visuellement:

L'esthétique très manga de l'anime est vraiment bien sympathique. De temps en temps, retrouver quelque chose de plus "manga" et moins réaliste, cela fait du bien à la vue des productions à fort budgets qui font du spectaculaire pour faire du bruit. L'anime ici est classique, avec du charadesign dejà vu et cliché, mais ça a un sens car c'est l'un des éléments que l'anime joue carte sur table dès le début de la première saison (puisque même Tadano est un gars "lambda", j'avais pas compris le jeu de mot et son nom me faisait tiquer, merci au manga de l'avoir traduit dans sa version française d'une manière qui m'a fait exploser de rire tellement c'est drôle et intelligent). Bref Komi est grande, aux cheveux longs et noir, a des yeux incroyables alors que les autres filles sont plus classiques. Les décors sont pas en reste, les représentations de Kyoto sont plutôt flatteuses dans certains épisodes (et on les a vu 500 fois dans l'animation, donc j'ai l'impression de mieux connaître Kyoto que Strasbourg par exemple). Bref ça passe mon sceau d'approbation de qualité.

• Son:

L'opening de la saison 1 était assez mémorable, celui de la saison 2 me semble un peu en dessous hélas. Le schéma est encore le même avec une mélodie lente qui s'emballe (et les images sont encore bien choisies) dès que la divine Komi dit, ou plutôt fait en sorte de renverser le monde de tous avec peu de mots. Mais l'opening de la première saison avait un côté un peu plus péchu. L'ending est très léger quand à lui, pas grand chose à redire.

Par contre si y'a quelque chose sur lequel j'ai quelque chose à dire, c'est sur l'actrice qui double le personnage de Komi. Il est clair qu'à mes yeux, Aoi Koga a un talent incroyable dans tout ce qu'elle touche. C'est certainement une de ses meilleures performances de tous les temps qu'elle sert ici, notamment dans un épisode où, finalement, le téléphone devient un vecteur d'expression et qu'elle a des choses à dire. Ce passage est magique, j'en ai eu des frissons, voire bien plus, tellement l'expression jouée par l'actrice est réaliste. Elle devient Komi, vraiment, et quand on sait qu'elle est aussi un personnage aussi complexe que Kaguya-sama dans un autre registre, c'est juste dingue la transition qu'elle fait entre ces personnages. J'ai beaucoup d'admiration pour elle, vraiment, car je suis plutôt convaincu que Komi est un personnage très difficile à jouer car elle est vraiment avare de paroles et d'expression verbale à cause de son anxiété en public.

Le reste du casting n'est pas en reste non plus, même si et c'est un point important, le travail est correct et ne dénote pas de l'interprétation du personnage principal qu'est Komi. Donc c'est une belle osmose cet ensemble.

• Histoire:

Les troubles de la communication, c'est très embettant. Prenez par exemple un site au hasard où l'on peut écrire des critiques, des avis plus ou moins argumentés ou de mauvaise foi, et figurez vous que des gens pendent que leur avis a une quelconque importance. Et pour tout dire, je suis de ceux là, à la différence près qu'hormis vous faire perdre votre temps à travers des phrases bien trop longues pour être comprises du premier coup, je me permets d'insérer une petite mise en forme ainsi que de l'humour quand la situation s'y prête et que l'oeuvre ne m'a pas brisé psychologiquement comme un candidat de téléréalité dans une partie de Trivial Poursuite.

Mais cela n'a pas grand chose à voir avec l'histoire de notre amie Komi.

L'histoire ne raconte pas l'invention du voyage dans le temps ni un lycée qui devrait se battre contre des démons vampires voleurs de gommes et qu'il faudrait provoquer en duel avec des toupies. Et pourtant, parfois l'anime peut être aussi barré que ma phrase précédente. Bien qu'était un slice of life assez classique, avec une hénaurme partie comédie et une partie romance (une potite partie, comme un pôtichat), l'anime réussit assez facilement à capter l'audience qui veut bien lui accorder du temps. En réalité, ce que j'avais pensé détester sur la saison 1 (les gags récurrents) ont disparu me semble-t-il. Que l'anxiété sociale de Komi soit un facteur de blagounette ne me dérangeait pas (et c'était assez ironique dans l'histoire quand on voit comment elle est populaire), mais sur cette seconde saison le récit est bien plus un comique de situation qu'un comique relatif à ce manque de "mots". Komi grandit clairement, et à vrai dire je suis content que l'on puisse découvrir le manga (chez Pika edition si vous cherchez) afin de voir si on est dans la même veine d'évolution du personnage. Komi est un personnage rafraichissant, attachant, on en ferait fi de son physique de parfaite jeune fille japonaise car c'est finalement qu'un pretexte pour l'iconiser dans sa classe où, soyons clairs, ils sont tous dingos.

Autant Komi est assez spéciale, mais la plupart sont des psychopathes, des personnes souffrant de troubles proche de celui de Komi, des maso, des sados, un type normal et y'a même un Najimi non identifié. Bref la palette de couleur est grande, et c'est ça qui donne la bannane quand on regarde l'anime. Comme avec Takagi-san qui taquine trop son zamoureux, comme dans Yuru Camp avec les simples interactions de Rin et Nadeshiko, ici le bonheur simple de Komi est une vrai bouffée d'air de nos jours. Tadano est tellement un type gentil et plein d'empathie envers le monde entier (voire un petit peu plus envers Komi? hummm), Yamai est cinglée mais a un bon fond, et y'a aussi Najimi qui provoque pas mal les gens sur Twitter qui entre deux tweets pour dénigrer des animes où y'a du cosplay (parce que quand Komi porte des collants noirs, elle ne ferait pas du "black legs"? ) se sont pris de haîne/d'empathie envers ce personnage ambigue mais loin d'être ininteressant.

Bref ce scénario est plein de bonnes choses et d'humour. Amateur de comédie romantique, la romance n'est pas l'intérêt de l'anime, elle est présente mais d'assez loin encore. Ne regardez pas cet anime pour cela, mais plutôt pour sa fraicheur humoristique.

• Conclusion:

Quand Komi cherchait ses mots et que nous l'avons trouvé sur nos écrans, cela a été quelque chose d'un peu spécial. Celle qui semble être une divinité issue de l'imaginaire des jeunes hommes japonais et qui incarne leur idéal, et qui plaît aussi à tout le monde car elle a l'air si parfaite dans son mutisme forcé, on a là un personnage qui force l'affection par sa façon de s'exprimer dans une retenue pleine d'angoisse. Mais cet angoisse ne cache qu'une fille normale, loin d'être une déesse, juste une fille normale et gentille.

On s'attacehe à elle car si ce qu'elle vit est dur, elle se saisit du problème de la meilleure façon qui soit, et dans un but positif de s'en sortir. Et tout ce qui aurait pu être pathos se change par magie en humour, moquerie de bon goût. Jamais cet anime n'est mauvais, à travers une thérapie de l'humour, il rend la vie belle à tous ceux qui le regardent à chaque épisode.

Vous me direz qu'il y a probablement un loup, et bien c'est le revers de la médaille: l'anime, c'est Komi.

Sans Komi, c'est plutôt fade les rares fois où elle n'est pas là, car c'est avant tout une préparation pour quand elle sera là. Tant mieux ou tant pis, mais la série mériterait d'ajouter un petit enjeu amoureux, voir plusieurs pourquoi pas avec des personnages secondaires. Mais réjouissons nous de pouvoir avoir des animes comme celui ci, car c'est quelque chose de facile à regarder, et de bien divertissant sans que ce soit non plus un anime où déposer le cerveau est obligatoire. Ce serait trop facile et ça ne marcherait pas. D'une certaine manière, pour ceux qui ont épprouvé, ceux qui epprouve la timidité ou l'anxiété comme Komi, je suis convaincu que cet anime leur parlera vraiment, et les fera bien rigoler.

tldr: cette seconde saison de Komi est une pure réussite, qui donne une foi en l'humanité grâce à Tadano et à Komi qui est une héroïne des plus attachantes. Regardez la série (sur CrunchyRoll si vous n'êtes pas chez Free car y'a comme qui dirait des problèmes de bande passante.

P.S: ne pas reproduire tout ou partie parce que sinon vous devez apprendre à Komi à dure "les chaussettes de l'archi duchesse sont-elles sèches ou archi sèches?"