Quel plaisir de retrouver la suite de Jujutsu Kaisen, notamment après un film prequel d'excellente facture pour faire patienter. Néanmoins cette saison 2 ne compte pas se replacer, immédiatement, dans les pattes du trio Yuji/Megumi/Nobara, puisqu'elle débute sur 5 épisodes encore antérieurs - même aux aventures de Yuta et Rika - qui font la lumière sur la camaraderie entre Gojo et Geto durant leurs études. La fin du 4ème épisode permet de sortir un peu des tropes usuelles même si on se languit de retourner à la trame principale tant le caractère de notre professeur préféré n'est pas mirobolant dans ce flashback spin-off. Les 18 épisodes suivant relatent donc l'arc du Drame de Shibuya, et voient l'antagoniste majeur enclencher son apocalypse. L'anime ne tergiverse pas, et permet ainsi de conserver un rythme addictif et présenter toujours des enjeux déterminants ; pour cause, cette deuxième saison se conclut sur un total changement du statu quo du monde des exorcistes.
On y retrouve clairement tout ce qui faisait la particularité de la saison 1 : soient des séquences d'action frénétiques qui siéent aux nombreux personnages atypiques, de l'humour toujours bien employé, et le caractère très bien équilibré de Yuji, dont la spontanéité oscille naturellement entre nonchalance et sérieux. Par ailleurs, le studio Mappa illustre la profusion de références à des animes cultes de l'auteur du manga, tout en y ajoutant également celles des animateurs, de façon cohérente. On note des similitudes avec l'arc de la Guerre de Libération du Paranormal de My Hero Academia, ainsi qu'une inspiration des studios Gainax/Trigger pour plusieurs séquences survitaminées, principalement le style graphique débridé et expérimental d'Imaishi - le triptyque phénoménal des épisodes 15 à 17. L'action est hyper-généreuse, au profit d'affrontements épiques où des paroxysmes de puissance sont régulièrement délivrés. Comme Gojo, l'anime agit efficacement et fatalement, charcutant autant qu'un Chainsaw Man par endroit.
Les choix esthétiques sont subjuguants, offrant diverses ambiances de mise en scène, du fait de lumières stylisées sur l'action. Le combat Yuji/Choso, par exemple, a totalement des airs d'un John Wick avec des exorcistes. Mappa marie du dessin traditionnel (celluloïds) avec des techniques modernes, à l'instar du design des monstres qui donne une démarcation visuelle correspondant à leur nature régressive. Ils usent également de 3D, spécialement sur les environnements pour créer un sentiment de déséquilibre, mais finissent aussi avec quelques CGI douteux (épisode 18). Au vu des polémiques sur les conditions de production, on peut regretter une animation qui n'est pas optimale, ni maximale, sur les séquences plus complexes, alors conçues avec des ambitions à la baisse, faute de temps nécessaire pour leur faire justice - une situation qui fait penser à la fin d'Evangelion. Cela dit, malgré ces déboires, cette deuxième saison propose un arc décisif, dont les idées et l'intensité demeurent prégnantes. On ne peut qu'espérer que le management vénal du studio lâche un peu la bride pour continuer à rendre Jujutsu Kaisen incontournable, quitte à se séparer de leurs autres titres bien moins aboutis.