La Famille Adams

On raconte la genèse des Etats-Unis à partir des premiers embrasements dans les 13 colonies, durant une période s’étalant sur une cinquantaine d’année du point de vue de John Adams qui fut le deuxième président.

Le sujet est intéressant, c’est fascinant de voir la naissance d’un pays, de voir les balbutiements d’une république encore très fragile. Il y un bon budget, globalement de bons acteurs, la série avait tout pour plaire. Cependant elle est affublée d’un défaut majeur qui gâche tout : c’est un biopic.

Imaginez que par exemple, la série Game of Thrones n’ait eu qu’un seul protagoniste, et qu’on ne voit à l’écran que le point de vue de ce protagoniste. Donc, que l’on ne voit pas la plupart des scènes de batailles et que l’on apprenne l’écrasante majorité des évènements via des références dans des dialogues au lieu de les monter. Pensez-vous que la série aurait été aussi intéressante ? Il aurait été arbitraire de choisir un seul personnage car aucun ne s’imposait.

Dans cette série, comme il s’agit d’un biopic, une place colossale sera accordée aux petits problèmes personnels de John Adams, notamment sa vie de famille. L’aspect historique, ce qui précisément donne envie de voir la série, ne sera pas un thème abordé de façon satisfaisante mais une toile de fond.

Vous ne verrez pas de bataille de la guerre d’indépendance, il y a énormément d’ellipses, on raconte des évènements piochés à droite à gauche uniquement parce que John Adams les a vécus. Si bien qu’on ne se rend pas vraiment compte du temps qui passe autrement que par le vieillissement à l’écran des personnages. Georges Washington apparait assez peu à l’écran, Louis XVI n’a droit qu’à un caméo, Georges III n’apparait que dans une seule scène. Thomas Jefferson et Benjamin Franklin sortent du lot. Par contre on va beaucoup s’attarder sur la femme et les enfants de John Adams : l’éducation, les études, ses plantations, la maladie…

Quant à l’aspect historique résiduel, on n’est pas dans une série de propagande grossière, la scène où on voit des esclaves noirs construire la maison blanche est très pertinente. Cependant, on ne montrera surtout pas les aspects qui fâcheront le public américain : l’importance des français dans la guerre d’indépendance est assez relative, rien sur la défiance religieuse des pères fondateurs ou sur la bible de Jefferson.

Paul Giamatti est assez bon pour se faire passer pour John Adams, mais à l’image du personnage pas assez pour porter plus de sept heures de série sur ses épaules. John Adams ne mérite pas une série aussi longue, du coup on se retrouve au final avec du sous-Barry Lyndon (d’ailleurs on reprend les mêmes musiques que le film dans certaines scènes).

J’avoue ne pas avoir eu la force de finir le dernier épisode, c’est vraiment dommage qu’un tel potentiel ne suscite au final que de l’ennui.