Ah ben viens alors!

Voilà un concept intéressant, nettement différent que les documentaires habituels; il s'agit ici de filmer les gens chez eux, dans la plus grande simplicité du quotidien et non de montrer les lieu les plus touristiques.

Le dispositif technique est plutôt unique,permettant ainsi à Antoine de se ballader seul à l'aventure. Bien sûr, les caméras lui ouvrent certaines portes, mais elles lui en ferment également de nombreuses (à Cuba notamment). Parfois il y a même l'amusement de voir dans quelle galère ou dans quelles situation insolite ce luxe peut le jeter; je pense notamment au voyage en Bolivie où il manque de se faire dépouiller, puis la télé locale vient l'interviewer... pendant qu'il tourne toujours son film à lui. Probablemnt que le voyage aurait été tout à fait différent s'il s'était contenté d'écrire ses voyages. Mais ça n'aurait pas eu le même impact. Entre expliquer qu'en polynésie il y a un pêcheur avec 7 doigts à cause de la radioactivité, et faire un petit gros plan de la main entre deux plans de De Maximy abasourdi et poser le plus simplement et innocemment possible: 'mais vous avez combien de doigts?' Là c'est le personnage qui prend le dessus, personnage suffisamment fort pour renverser ses propres 'à priori'. Il évite au maximum de juger (même si on le sent souvent déçu de l'attitude de certaines personnes) l'homme. Par contre il n'hésite pas à critiquer l'autorité à plusieurs reprises, provant ainsi qu'il ne veut pas non plus inhiber ses convictions dans un besoin de caresser dans le sens du poil. Le film est neutre dans le sens où il reste ouvert, mais déborde de convictions politiques.

Beaucoup de gens semblent énervés par son culot. Pourtant, celui ci est plus que nécessaire afin d'aller plus loin dans l'aventure. Si l'on rest trop poli, les gens auront plus tendance à dire non. Antoine n'est pas méchant non plus. C'est juste qu'il demande sans trop de détour. C'est vrai que parfois il insiste, mais il est des épisodes où on le voit accepter le refus sans râler, et même parfois, comprendre qu'il serait inopportun de demander un tel service (notament certains pays musulmans).

Puis le fil rouge, qui relie donc tous ces documentaires anthropologiques (suite logique finalement de ce qu'il a fait dans l'animalier), ce n'est finalement pas le plus important. Quand il échoue on ne crie pas au scandale. Toute la démarche est en fait une comédie. Ce qui marque le plus, une fois le générique de fin terminé, ce sont les rencontres. On se fiche de savoir que parfois Antoine a une grande gueule. C'est un parisien après tout, ça ne fait pas de lui un monstre. Ce qui marque, disais-je , c'est le fait qu'il nous brosse, à chaque fois, des portraits ultra sensibles (pas forcément dans le sens de la tristesse) sur des gens du monde entier. Et c'est dans ces moments là que ce petit français se démarque au mieux car il sait se taire, prenant ainsi soin de ne rien manquer avec ses caméras. Le reste n'est qu'artifice. Si déjà on regarde dans les bonus, le court docu présenté, on comprend ce qui intéresse vraiment Antoine. C'est la rencontre et la découverte de l'autre. Dormir, c'est juste du marketting, de la pub... un peu comme son t shirt rouge dont il a décidé que ça créérait une sorte de marque. Antoine n'est pas bête, les gens préfèrent voir des docu animalier ou des télé réalités plutôt que ce type de film où l'on voit des gens vivre normalement; alors il fait tout pour le rendre le plus bankable possible... mais en restant amusant.

De cette prétention parisienne tant décriée, il ne reste rien je trouve... le spectateur se retrouve face à un grand gamin un peu trop curieux peut être. En tous cas, moi, j'adhère à cette série originale qui mériterait d'être plus largement applaudie, même s'il est vrai que certains épisodes ont parfois des chutes de rythme.

Mise à jour : saisons 5, 6, 7 et 8 : +1 (donc on passe à 9/10)

C'est toujours aussi chouette à regarder ! Antoine a pris de la bouteille, en gueule comme en tact, du coup il paraît beaucoup moins indésirable : c'est le petit français qui va essayer de s'incruster mais sans trop insister, avec quand même une petite dose de culot mais ça reste raisonnable.

Ce qui fait plaisir, c'est chaque fois que quelqu'un accepte qu'Antoine aille dormir chez lui. Parce que ça reste l'objectif à atteindre. Cela ne veut pas dire que les (nombreuses) fois où on lui dit non ne donne pas lieu à un portrait intéressant, que du contraire, mais quand il réussit, c'est un p'tit plus sympathique qui en plus donne foi en l'humanité (c'est vrai, au fond, c'est quand même positif de savoir que malgré tout ce qu'on entend il reste toujours des gens pour accueillir un inconnu - après, c'est vrai que le matos qu'il trimbale doit convaincre les gens que ce n'est pas un voleur mais bon... encore que dans certains pays...).

Visuellement, le concept fonctionne toujours, Antoine n'a rien changé et c'est tant mieux car il n'y avait rien à changer. Il parvient toujours à s'incruster là où il faut, souvent on se demande même comment il y arrive sans rencontrer un seul obstacle. Antoine donne également une image très intéressante car peu connue des pays visités (forcément, il évite les lieux touristiques le plus possible, sauf s'il est curieux de voir l'une ou l'autre chose).

Bref, je prends toujours autant mon pied devant cette émission, je suis bien content que le bougre continue et j'espère que ce n'est pas près de s'arrêter (déjà qu'on n'a droit qu'à 5 épisodes par an en moyenne...).

PS : je me demande si j'accepterais qu'un inconnu vienne chez moi ? ma compagne refuserait certainement mais si elle n'était pas là ou bien que la femme n'avait pas le droit de vote, je me demande ce que je ferais... je me plais à dire que oui, je l'inviterais, mais c'est trop facile de parler en théorie : peut-être bien que je me dégonflerais en réalité ! On ne peut pas dire comment on réagirait dans telle ou telle situation tant qu'on ne l'a pas vécue... et encore, il y a tellement de facteurs qui entrent en jeu dans une décision...