Vous reprendrez bien un verre de Soju ?

Cette critique inclus des placement de produit (mais je le fais gratuitement, je suis quelqu'un de bien)

Une longue route, un ronronnement de moteur, des lignes, des courbes, des abstractions de lumières qui s’y reflète. Des flash qui parcourent une carrosserie métallique, reflets fugace des lampes du tunnel. Plan sur les roues, le manège furieux des jantes, les pneus si rapide qu’ils paraissent statiques et sous eux, l’asphalte qui se déroule, un flou croisé par les stries de signalisation. On s’éloigne, le tunnel est loin, vue aérienne au-dessus de buildings immenses traversés par cette autoroute. Au centre, filant comme le vent, cette voiture racé dont le sigle marque son prestige, Mercedes, the best or nothing.

Alors que raconte cette publicité pour Mercedes ? Déjà que la culture Coréenne se base sur les Mercedes. Tout le monde à une Mercedes. Je suppose qu’on en attribue une à chaque sud-Coréen a la naissance. Et si pour une quelconque raison il y aurait pénurie de Mercedes, les Coréens se doivent de dissimuler la marque. Cachez ces 4 anneaux que je ne saurais voir ! Alors ouais, j’imagine que pour apprécier la série, il faut avant tout apprécier les Mercedes.

Bref, je m’égare (et non je me gare, haha… putain je deviens vieux) le topo de départ : deux personnages que tout oppose sauf leur amour inconditionnel pour les Mercedes et leur métier. Ils sont tous deux avocats pardi ! A ma droite, le très riche, le meilleur dans son domaine, employé d’un grand cabinet, le plus jeune associé, la loi dans le sang, père et frère juge, costume bien taillé et Mercedes nickel, Yoooooooooooooon Hee Jae ! A ma gauche, orpheline ayant habitée dans tous les foyers de Corée, avocate inconnue dont l’appartement lui sert de cabinet, enfance triste et malheureuse teinté de drame, conduisant une Mercedes Rouge, j’ai nommméééééé Jung Geum Ja.

Tu le vois venir le bidule ? Genre je te parle de drama coréen, de deux personnes que tout oppose, il n’y aurait pas comme un senteur de désodorisant à l’aloe verra mangue passion dans l’air ? Ou alors ça vient du sapin qui pendouille sous le rétroviseur de la Mercedes ? Eh bien, ce n’est pas si évident que ça.

Parce que vois-tu, passé outre les codes du genre (Dont je ne suis pas fan mais qui sont, à mon goût utilisé avec beaucoup de retenue) passé le sur-jeu des acteurs et bien on se rend compte avec étonnement que cette série a du fond. Oui monsieur, sous la peinture métallisé il y a un petit moteur de Mercedes qui ronronne.

Alors pourquoi c’est bien ? Parce que c’est bien foutu, au départ on a deux personnages antipathiques qui font fit de toute morale. Mais vraiment, pas une once de remord, pas un regret, on défend les monstres, on le fait avec putasserie mais on le fait bien. La dynamique entre les deux avocats marche étonnamment bien, même quand les acteurs surjoue, il y a une certaine subtilité (je ne sais pas si c’est le bon mot) dans l’évolution de leur relation, autrement dit j’y ai cru. La série prends suffisamment son temps pour rendre cela crédible. L’évolution des personnages aussi est bien foutu, là aussi j’y ai cru, ils vont devenir de moins en moins antipathiques et doucement se trouver une conscience. Pas s’en racheter une, mais pris par les conséquences de leurs actes, mis au pied du mur face à eux même, par revanche, par égoïsme même, ils vont trouver une once de morale qu’en tant que spectateur on trouvera salvatrice. Oui, encore une fois j’ai trouvé ça crédible, on n’est pas dans le changement radical, sans fondement, il n’y a ni lumière divine ni recherche de rédemption. Seulement deux personnes qui assument avoir fait des choses moches, ils ne recherchent pas le pardon, ils savent qu’il ne le leur sera pas accordé. Résolument tourné vers l’avenir, ancré dans le présent, ces personnages nous prouvent que le passé peut exister sans être un fardeau, il est bien là, mais comme un rappel, celui de ne pas juger hâtivement, celui de comprendre les actions et réactions des individus. Le changement des personnages pourrait être illustré par le changement d’une voiture. On change de modèle mais ça reste une Mercedes.

Mais encore, pourquoi c’est bien ? Pour le scenario, oui le scenario est plutôt bien ficelé, un scenario suffisamment crédible pour que mon cerveau s’y laisse prendre. Ouais, il est sympathique ce scénario. Il se déroule lentement devant nos yeux et prends de l'ampleur au fil des épisodes.

Non mais dit pourquoi c’est bien ? Alors, je pense qu’il faut ignorer pas mal de défaut pour apprécier la série (comme des flashbacks et le sur-jeu de certains acteurs), il faut se laisser porter sans chercher à trouver les (parfois) grosses ficelles du scenario. Il faut accepter de regarder quelques épisodes avec des personnages principaux antipathiques (plus dur qu’il n’y parait). Il faut prendre soin de sa santé, sortir avec un masque et garder un mètre de distancia… bref si on passe tout ça, on se retrouve avec des réponses ambiguës sur le pardon, la rédemption, le droit à l’erreur, la morale, l’acceptation de son passé, de celui des autres, la possibilité de changement, la nécessité du jugement, celui de la loi.

Finalement quel jugement importe ? Celui des autres ? De ceux qui font partis de notre passé ? De ceux que l'on n'a pas encore rencontré ? Des personnes que l'on a blessé ? De sa famille ? De son amant ? De son mentor ? Notre propre jugement ? Ou seulement celui de la justice ?

C’est juste un drama hein, pas la peine de chercher très loin. Mais je trouve juste que ces thèmes, sans être traité en profondeur, sont intéressants. Et la série propose des pistes de réflexions intéressantes et le tout sans prétention (Sinon celle d’être une ode aux hyènes).

Après une dure journée de travail a me balader dans ma Mercedes au point de confondre mon métier d’avocat avec celui d’un chauffeur de VTC. Après avoir rencontré des clients dans ma Mercedes, ou la leur à la rigueur. Après avoir eu une réunion dans la Mercedes de mon Patron. J’ai été avec des collègues prendre une pizza aux ananas. Puis pris d’une envie soudaine de me bourrer la gueule, je me suis enchaîné les verres de Soju. Des mètres de soju. En fait ma capacité à boire du soju était devenu un moyen d’affirmer ma position dans l’échelle sociale. Puisque dans mon pays tout le monde à une Mercedes, c’est assez difficile d’afficher son statut, c’est là que le soju rentre en scène. Je peux vous dire mon gars, que le soju, je l’enchaine comme du petit lait. Je prends la bouteille, te regarde droit dans les yeux et la bois cul sec et ouais bonhomme, c’est moi le roi ici, prosterne-toi devant les verres vides, appelle-moi un taxi, que dis-je ! une Mercedes, the best or nothing.