Hello Ladies
6.3
Hello Ladies

Série HBO (2013)

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Récemment, c'était la rentrée des séries. Je m'en foutais, jusqu'à ce que je tombe sur une série dont on a peu parlé : Hello ladies.
J'ai adoré Extras, j'ai adoré Life's too short, deux séries écrites par Ricky Gervais et Stephen Merchant, du coup quand j'ai vu que Merchant avait lancé sa propre série, qui plus est sur le sujet de la drague, j'ai été irrémédiablement tenté. La drague est un sujet tellement apte à créer des situations comiques, et déjà les quelques scènes du genre dans Life's too short, ou le très médiocre Hall pass où Merchant était acteur, étaient très drôles.

"Hello ladies" est la toute première phrase prononcée dans le pilote, qui ouvre d’emblée avec une scène de drague dans un bar, qui échoue à cause des gaffes terribles que fait le héros, Stuart. C’est le même type de situation que dans les autres séries, mais en un peu moins drôle.
Le personnage principal est un loser incapable de séduire, mais on sent que quelque chose cloche quand on voit qu’il habite avec Jessica, une jolie jeune femme, une actrice en plus, avec qui il entretient une relation de bonne camaraderie. On ne découvre qu’ensuite qu’elle est sa locataire, mais elle est quand même à l’aise pour évoquer avec lui sa vie sexuelle.
Avec ce personnage, on sent une tentative maladroite des scénaristes de montrer que Merchant est un brave gars, pas totalement handicapé socialement. Pourtant, Jessica est embarrassée qu’on imagine qu’il y a un truc entre elle et Stuart, et essaye parfois de saboter ses tentatives de draguer. C’est peu cohérent. La relation entre les deux personnages n’est pas du tout crédible, et on sent la (mauvaise) influence de la sitcom US sur cette série, qui a d’ailleurs été créée pour la télévision Américaine, et non plus Anglaise. Le héros est donc obligé d’être accompagné d’une belle femme, et de vivre dans une maison luxueuse à LA, alors qu’il est un simple programmeur !
Ce qui fait peur, c’est qu’on dirait que les scénaristes ont l’intention de faire que Stuart et Jessica finissent ensemble.

Mon cœur a crié de douleur au bout de 20mn dans le premier épisode, quand arrive un gag totalement crétin, indigne des deux autres séries précédentes de Merchant à l’humour fin : Stuart dit à des filles dans un club que ce soir il paye les boissons, et l’une d’elles se tourne vers un groupe en répétant ce qu’a dit Stuart… et une vingtaine de personnes le remercient.
Il y a des gags très lourds et faciles, comme quand Stuart demande à une fille "dating, mating, or masturbating", et comme elle n’entend pas, il se penche en avant en criant "masturbating", et à ce moment là chute sur la table avec les boissons…
C’est vraiment bas, c’est le genre de chose qu’on tolère dans un épisode de Vidéo-gag, mais pas dans une série de Stephen Merchant !
Quand on retrouve des gags semblables à ceux d’Extras ou Life’s too short, la magie n’opère pas, le déploiement des gags s’avère laborieux, on se dit "c’est awkward", mais à propos de la série et non le personnage.
Comme ingrédient déjà présent dans Life’s too short, il n’y a que l’égoïsme et la pingrerie du héros qui apporte quelques bons gags : "This idiot slipped in a fridge – It could have been bad, there was glass, I could have paid for something" / "If you’re hungry, there’s Chinese food in the fridge. Don’t eat it, obviously, but there’s the number of the restaurant on the plate".

Ce qui relance l’intérêt dans certains épisodes, c’est de bonnes idées de situations :
Stuart va au SAV quand il croit qu’il a un problème avec son telephone car une fille ne lui répond pas. Dans un autre épisode, quand Jessica dit aller dans un bar gay car tous les mecs ne se battent pas pour avoir son numéro, Stuart a l’idée de l’y accompagner pour n’avoir aucune compétition. Il sympathise avec quelques gays, juste parce qu’ils sont avec des canons ; elles croient qu’il est gay aussi, et l’une d’elle propose qu’il touche ses seins.
Dans un autre épisode encore, Stuart essaye de devenir bro avec les ouvriers qui travaillent pour lui, des mecs issus du ghetto, pas du tout comme lui, mais Stuart essaye de se fondre dans la masse pour que ses nouveaux potes lui présentent des filles faciles.
De bons gags naissent de ces situations, mais la plupart du temps, les épisodes se terminent par des situations prévisibles, déjà vues des centaines de fois.
Stuart parle d’une fille facile, qui s’avère être la demie-sœur de son interlocuteur ; quand Stuart sort enfin avec quelqu’un, il devient suspicieux parce qu’elle écrit tout le temps à quelqu’un, qui s’avère être son frère atteint de leucémie…

Hello ladies traite aussi des problèmes de deux personnages secondaires : Jessica, l’actrice qui veut percer (comme dans… Extras et Life’s too short) et qui subit tout le temps les remarques de sa concurrente (comme dans Extras), et qui s’inquiète de sa relation avec son manager/fuck buddy qui est un peu un connard. Jessica semble aussi dérangée par le caractère superficiel de ses collègues, à qui elle essaye de montrer "Battleship Potemkin"… "Is that the one with Rihanna ?", lui répond-t-on. Il y a aussi le pote de Stuart qui essaye de reconquérir sa femme.
Mais les problèmes sentimentaux de ces deux personnages secondaires, on n’arrive pas du tout à s’y intéresser.
Comme la série n’est que peu drôle, rien ne pardonne la reprise des éléments des autres séries de Gervais et Merchant… et contrairement à ces séries, l’humour d’Hello ladies ne compense pas non plus l’énervement que l’on ressent quand on voit le personnage principal foutre en l’air tout ce qui peut lui arriver de bien par sa connerie.
Pourtant, la série parvient quand même à créer un peu d’empathie pour Stuart, surtout lors de cette scène de lecture de la liste de ses rêves et aspirations, qui se termine pas "kids, family, happiness ? don’t die alone".

Le dernier épisode sera diffusé dimanche prochain, mais je pense qu’il risque d’aggraver les choses, étant donné la voie prise par la fin du pénultième épisode.

EDIT 20/11/2013 : J'ai regardé le dernier épisode. En 30mn, il n'y a que deux bons gags : Stuart qui essaye de soudoyer un videur en lui tendant un billet de 10$, mais le pire c'est qu'il lui en propose 7 et réclame la monnaie ; et quand Stuart, pressé, reprend ses clefs de voiture à un valet gros pour les donner à un plus mince, qui s'avère en fait courir deux fois moins vite que le gros.
Bon sinon, la série ne va pas, comme je le craignais, dans le sens du personnage en le récompensant par un rapport sexuel avec la mannequin, mais la fin de l'épisode, qui essaye de donner une morale au héros, est encore plus ridicule. Il se retrouve soudainement avec un sens moral tellement grand qu'il s'apparente à de la débilité profonde.

La seule chose qu'Hello ladies ne fait pas par rapport aux autres séries que j'ai mentionné, c'est de terminer sa première saison par une conclusion... ce qui veut dire que les créateurs espèrent une seconde saison ! Les pauvres...


PS : On voit un poster de L’année dernière à Marienbad et… un autre de "I am omega", de The Asylum ! Holy fuck !
Fry3000
5
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le 11 nov. 2013

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Wykydtron IV

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