Renart
Premier drama d’Amazon Prime à avoir droit à une saison complète, Bosch est l’adaptation d’une série de romans de Michael Connelly – et plus précisément ici du tome City of Bones. A l’écriture, on...
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le 15 févr. 2015
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Débarrassons-nous d'emblée du point négatif : le générique. Non pas la musique, très belle et totalement raccord avec l'ambiance de la série, mais les images franchement laides, avec un jeu de miroir où le haut de l'écran reflète le bas. C'est moche.Et, à bien y réfléchir, ça doit bien être le seul reproche que je peux faire à cette série.
Parce que Bosch, c'est le polar comme je l'aime.
D'abord, Bosch, c'est noir. Noir dans l'ambiance nocturne, souvent privilégiée. Une ambiance de nuit chaude, jazzy. Noire comme la ville qui ne semble pas forcément disposée à dormir et dont Bosch admire les lumières depuis son appartement luxueux.
Noir également est le propos. dans cette population habitant Los Angeles, il ne paraît pas y avoir quelqu'un qui puisse remonter le niveau. A tous les niveaux sociaux, les petits arrangements avec la loi sont légions. Et plus on fouille, plus ce que l'on trouve est dégoûtant.
Car Bosch est un peu une sorte d'archéologue. Ce n'est pas un hasard si la victime principale de la saison, Arthur Delacroix, est remonté à la lumière du jour avec des instruments d'archéologie. Et comme on déterre un crâne, il va falloir déterrer aussi les consciences, faire surgir, à petits coups de pinceaux, des hontes lointaines et des traumatismes oubliés. Dans tous les cas, c'est douloureux.
Pour ceux qui l'ignorent encore, Harry Bosch est le personnage principal d'une partie non négligeable des romans de Michael Connelly. Le passage à l'écran pouvait faire peur, mais la série échappe aux pièges tendus face à elle.
D'abord, elle ne s'inscrit pas dans le schéma "un épisode-une enquête". Ici, les dix épisodes de cette première saison sont enchaînés les uns aux autres. Nous suivons une seule enquête dans toutes ses ramifications : policières, judiciaires, journalistiques, politiques. Et même les implications personnelles dans la vie de Bosch et sa liaison "pas-très-régulière" avec une jeune fliquette.
En gros, on pourrait se dire que le métier de policier est pas facile, mais comme on doit prendre en compte tous les aspects en même temps, faire attention aux journalistes, ne pas froisser les ambitions électorales du DA, respecter les subtils équilibres de la hiérarchie en sachant qu'à la moindre faille, on vous tombera dessus de tous côtés.
Le rythme est lent. Nous ne sommes pas dans une série d'action : pas de spectaculaire ici, mais une enquête minutieuse et complexe montrée avec un grand souci du réalisme (ce qui est une des caractéristiques les plus marquantes des romans de Connelly, grand connaisseur du système policiéro-judiciaire californien). Réalisme dans les procédures policières et les méthodes d'enquête. Ici, pas de police scientifiques qui va résoudre toute l'affaire en retrouvant un quart de poil de cul coincé entre les coussins du canapé et pas de super-ordinateur qui va comparer ledit poil avec les bases de données du monde entier. L'enquête se fait à l'ancienne : on va sur les lieux, on observe, on interroge, on lit les dossiers, on fait trois tonnes de paperasse, on retourne sur les lieux, etc.
Réalisme aussi dans les implications politico-judiciaires des enquêtes. Intervention de l'IGS chaque fois qu'un coup de feu est tiré, toute-puissance du DA, etc.
Enfin, réalisme aussi dans la vie privée de Bosch, qui tient une certaine place dans la saison. Il s'agit bel et bien de suivre le personnage dans tous les aspects de sa vie et ce personnage, on s'y attache, même s'il fait des conneries flagrantes.
Enfin, Bosch, c'est aussi un décor urbain. La série se déroule à Los Angeles et on a droit à tous les aspects de la ville, depuis les quartiers luxueux jusqu'aux bas-fonds. Les éléments de la ville participe à l'histoire
(la poubelle où on retrouve une des victimes, les galeries souterraines de Waits, l'école-pénitencier où se pratiquaient les pires sévices).
La ville, le réalisme, le rythme lent mais toujours tendu, le jazz mélancolique, le noir, la voix chaude et grave de Bosch (excellent Titus Welliver, véritable découverte de la série), tout contribue à faire de Bosch une série noire comme je l'aime.
[8,5/10]
Viendez me lire ici aussi : http://www.cineseries-mag.fr/bosch-saison-1-une-serie-deric-overmeyer-critique/
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Créée
le 20 juin 2015
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