Hannibal
7.3
Hannibal

Série NBC (2013)

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Difficile est la tâche d'effectuer une critique portant sur une oeuvre aussi dantesque et colossale qu'est l'Hannibal de Bryan Fuller. Que de grands mots pompeux de suce-boules, mais si bien justifiés croyez-moi. Je vais tenter de résumer les grands axes qui font d'Hannibal une pure merveille tout en éclairant des points qui ont été qualifiés de défauts par les détracteurs.



  • La série d'Hannibal a la lourde tâche de créer une genèse aux événements de "Dragon Rouge", à savoir l'instant entre Florence et l'arrestation d'Hannibal, le petit bébé de Thomas Harris. De ce point de vue, la série se permet de mêler des événements existants et non-existants dans le support original, en créant par exemple le très bon personnage de Dr. Du Maurier, psychiatre d'Hannibal Lecter. Elle est donc pourvue d'une grande créativité et ne sonne jamais faux. De par cette grande liberté, et même lors de l'arc du Dragon Rouge (le grand final) - Bryan Fuller renverse ce qu'on peut attendre des personnages et réussit, tout comme Hannibal Lecter à semer le trouble chez le spectateur.

  • Cette créativité est sublimée par des interprétations justes et uniques, avec un Graham et un Lecter qui n'ont rien à voir avec la série d'Hopkins. Même si vous êtes un grand admirateur, tout comme moi, du Silence des Agneaux, sachez que vous trouverez quelque chose de complètement différent ici. Mads Mikkelsen, Hugh Dancy, Laurence Fishburne, Caroline Dharvernas, Gillian Anderson, Kacey Rohl, Richard Armitage et j'en passe, les personnages d'Hannibal ne sont pas insipides et transparents. Tous gravitent autour d'un Hannibal manipulateur mais qui a aussi ce côté qui force la compassion, le concept d'une série avec un héros cannibale qui fascine et qui impressionne fait également de nous, spectateur, un complice de ces meurtres qui sont, au passage, terriblement esthétiques, de vraies oeuvres d'art qui n'ont rien de surfait. Si vous êtes vous aussi amateur du travail de Bryan Fuller, amoureux des couleurs et du rêve, vous ne pourrez qu'adorer la recherche psychédélique de cette série.

  • Je viens d'aborder le cadre très esthétique d'Hannibal qui est truffée de ralentis, zooms et techniques, prises invraisemblables et jeux de lumière complètement farfelus. J'ai lu des critiques qui justifiaient l'overdose comme pour palier à un vide. Je crois qu'au contraire - tout ce spectacle et ces effets contribuent à l'élaboration d'une toile, d'une mise en scène comme au théâtre. Hannibal nous a mis dans la confession, et nous assistons à l'élaboration de ces plans. Ce rappel à l'irréel et au rêve constant est nécessaire afin de dramatiser davantage l'état de santé mental défaillant et l'épuisement de Will Graham, qui est rappelons-le - esclave de son psychiatre. Le malaise mental est omniprésent, présenter la série différemment visuellement quitte à en faire trop n'est pas maladroit - c'est justement pensé, c'est même carrément brillant. Le but étant de nous montrer des choses atroces et de les rendre alléchantes, avouez-le, vous aussi vous avez eu envie de manger les gens impolis.

  • Le rythme de la série est lent, paraît-il. La structure de la série est ainsi faite : l**a lente descente aux Enfer de Will Graham doit être latente et vicieuse**, chose qu'il aurait été incapable de retranscrire en l'espace de trois épisodes. Chaque élément d'Hannibal est soigneusement pensé, afin de former un puzzle complet. Aussi bien, vous ne pourrez pas juger la série sans avoir visionné les trois saisons dans leur intégralité car tout finit par s'assembler.

  • Hannibal Lecter n'est pas seul en dépit de la première lecture qu'on pourrait se faire du personnage qui n'agirait que par intérêt. Ce que j'ai le plus aimé, ce qui m'a tenu en haleine du début à la fin est l**a relation extraordinaire qui le lit à Will Graham, sa moitié**, son amour véritable - car oui, il s'agit bien d'amour entre les deux hommes. L'union, cette "folie à deux" est une romance hors du commun, face à laquelle il est difficile de rester insensible.

  • La place de la musique dans cette série est centrale : très raffinée, délicieuse, élégante. Quelle merveilleuse idée de l'accorder avec la mort sanglante et dégueulasse ! Ce clivage rend ce que nous voyons vraiment beau et poétique. On souligne rarement l'importance de la musique dans les séries et les films, mais elle est aussi importante que le reste !

  • La manière dont la série a été bouclée est parfaite. La fin de cette série est ahurissante de poésie, franchement.


Quoiqu'il en soit, faites-vous votre propre avis, courrez, volez, mangez, dégustez surtout !

ZackHirako
10
Écrit par

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Créée

le 26 mai 2016

Critique lue 4.6K fois

2 j'aime

ZackHirako

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