Gamers!
5.9
Gamers!

Anime (mangas) AT-X (2017)

Voir la série

Pour éviter le plagiat, une démarcation de "Netome no yoge" à la va comme je te pousse !

En ce jour de Saint-Nicolas 2018, la série Gamers! a, sur ce site, une note moyenne de 6,1 contre 5,3 pour la série Netome no yoge qui est référencée à partir de son nom anglais "And you thought there is never a girl online ?"
Commençons par présenter le modèle.
Netome no yoge est un short novel de 2013 adapté en 2016 qui s'intéresse à une guilde de joueurs en ligne du même lycée qui se rencontrent, puis qui décident de former un club au sein de l'établissement pour aider une fille qui s'est mariée dans le jeu et qui est à un tel degré de dévalorisation de soi-même qu'elle considère que ça ne fait aucune différence avec la réalité. Elle se croit mariée à un lycéen qui veut maintenir la distance entre réalité et jeu, et elle ne vient pas volontiers à l'école. Ces données de base sont un prétexte à des gags réussis et aussi à toute une histoire qui a l'exagération de la fantaisie, mais qui se tient. Malgré les défauts d'une série commerciale faite pour vendre avec harem, ecchi, fan service, gags primaires, univers ado du lycée et des jeux vidéo, il n'en reste pas moins que le thème principal d'accroche, l'addiction aux jeux en ligne avec ses dangers pour la socialisation, est au cœur de l'intrigue. Nous avons même droit à une transposition de parties du jeu en ligne. Nous voyons quelques scènes de combat où l'équilibre est trouvé entre le rendu d'un jeu et la fiction. Nous évitons les mauvais délires réalistes du genre Sword Art Online : ces combats sont transformés en fantaisies de fiction, même remarque pour les échanges de chat dans des endroits comme le cimetière ou la taverne. Le rappel qu'il s'agit de scènes de jeu est moins grossier que dans d'autres séries, moins grossier que dans Gamers! La série traite surtout le problème du moe, autrement dit l'investissement affectif pour des personnages de fiction. Il n'y a pas de message, mais un problème de société bien intégré dans un récit qui a une logique, qui raconte une histoire.
L'auteur de Gamers! s'en est inspiré, on retrouve l'idée de club de joueurs, il y en aura même deux. On peut alors s'amuser à comparer les deux séries pour identifier qui correspond à qui.
Cependant, pour ne pas plagier, il a bien fallu bifurquer. Dans Netome no yoge, le héros principal est un otaku assumé qui veut séparer le jeu et la réalité, sauf qu'il a un problème avec une fille qui confond les deux plans, et cela reste un problème, même quand leurs sentiments sont partagés.
Dans Gamers! personne ne confond le jeu et la réalité, mais le héros principal considère important le moe, autrement dit l'investissement affectif pour les personnages fictifs des jeux, et il sympathise avec des personnes réelles qu'il ne connaît qu'à travers deux pseudos. Or, la fille parfaite du lycée : la plus belle (le charadesign ne confirme pas pleinement, mais bon!), la première en sport (on l'apprend en passant, on ne sait pas pourquoi), la première dans les études, s'intéresse à lui, à la fois parce qu'ils sont deux joueurs invétérés et parce qu'elle lui trouve un fond gentil irrésistible. Lui ne comprend jamais qu'elle l'aime, mais un autre lycéen, surpris de constater ce succès féminin, s'intéresse au héros principal et décide de l'aider au plan amoureux. Cet autre lycéen était un otaku asocial au collège qui a fait l'effort de changer et il a une petite amie, idiote et tyrannique, mais qui ne s'intéresse pas aux jeux vidéo. Le héros principal va refuser de faire partie du club de jeu de la fille parfaite, car trop axé sur la compétition, pas assez sur le plaisir de jouer. En revanche, son nouveau copain crée un club pour l'aider au plan amoureux, et donc notre fille parfaite sera à cheval sur deux clubs, et c'est ce club où se trouve le héros principal qui va intéresser la série. On voit bien qu'on est dans l'imitation du modèle. D'ailleurs, dans Netome no yoge, il n'y a qu'un seul garçon face à trois, puis quatre, puis cinq filles. Dans Gamers, le club a l'air d'être constitué de deux garçons et de deux filles. La fille parfaite est précédée par une fille fondue de jeu que le héros principal a dû aborder pour s'entraîner à parler aux filles. La passion du jeu est tellement commune qu'on croit la fille parfaite éclipsée, mais cette nouvelle Chiaki se dispute avec notre héros, car elle méprise son intérêt pour le moe. Elle préfère les jeux à l'occidentale où on s'intéresse à la façon de jouer et au scénario alors que les jeux japonais seraient trop axés sur les personnages et le moe. On a donc une inversion de données de la série Netome no yoge. Loin de s'emballer en confondant jeu et réalité, cette fois la fille n'est pas amoureuse du héros principal et même elle se crispe contre lui en entendant parler de moe. On se dit à ce moment-là que la dispute ne sera pas éternelle, qu'ils sont faits l'un pour l'autre malgré tout et que pour l'autre lycéen c'est lui qui va rompre avec sa copine et finir dans les bras de la fille parfaite à laquelle il s'intéresse. Mais ça se complique ! Le lycéen qui veut aider est fidèle à sa copine, Chiaki est amoureuse non pas du héros principal Amano, mais de cet ancien otaku grand et playboy au point qu'elle suit son conseil de se faire couper les cheveux, tandis que la fille parfaite est montrée dans une sorte de coup de foudre absolu.
Le premier épisode avait été une mise en place lente, ennuyeuse et maladroite. Les épisodes 2 à 5 sont assez bien, mais à partir de l'épisode 6 l'affaire est pliée, la série s'autodétruit de manière voyante. Dans cet épisode 6, on a une grosse élaboration de quiproquos superposés les uns aux autres, des aperçus des crises de tous les personnages qu'ils vivent dans leurs pensées, mais ce truc élaboré prend une grande place et est plus agaçant que drôle, la sauce ne prend pas, et pour le restant des épisodes les quiproquos qui vont s'enchaîner sans soif n'ont vraiment aucun intérêt, aucune drôlerie efficace. J'ai rigolé deux, trois fois, mais l'essentiel du récit c'est artificiel, ça ne marche pas. Il y a sans doute un biais pour nous séduire qui marche, quand on voit Chiaki et la fille parfaite dans leurs tortures intérieures, avec un enfantillage régressif qui fait vrai et qui est parlant : les positions de la fille parfait qui s'agitent dans son lit, etc. Chiaki est vraiment bien traitée, ce qui sauve un peu la deuxième moitié d'épisodes de la série.
Or, la série aurait pu rebondir. On le voit, il y a beaucoup de personnages féminins pour deux garçons, mais aussi beaucoup de triangles amoureux peu clairs. L'ancien otaku n'est pas en harmonie avec sa copine, le héros principal n'est pas en phase avec la fille parfaite, Chiaki et le héros principal ignorent à quel point ils se correspondent et ils se disputent sur un point précis qui n'est pas impossible à résoudre, mais on voit aussi apparaître la soeur cadette de Chiaki, soeur cadette qui cache à sa soeur aînée de quoi se disputer avec elle comme c'est le cas pour Amano. Il y a trop de personnages féminins pour imaginer à la fin que tout le monde soit en couple, mais, en même temps, pour les deux héros principaux, une intrigue intéressante est là qui pourrait donner un sacré piment à cette série. En fait, impossible de savoir si le héros principal doit finir dans les bras de la fille parfaite ou dans ceux de Chiaki. C'est génial de se dire que la fin n'est pas prévisible. Or, après une nuit passée sur un jeu de drague qu'il a enfin réussi, notre héros fait la demande à la fille parfaite de devenir son amie, premier stade pour aller plus loin, sauf que la conclusion du jeu le fait s'embrouiller.


Il lui demande directement de sortir avec elle, ce qu'elle accepte. Comme il ne comprend rien, il ne se passe rien ensuite, mais ils sont quand même en couple.


Enfin, Chiaki apprend qu'au moyen de pseudos elle a déjà deux relations privilégiées avec Amano qu'elle dit détester.


Il est évidemment trop tard.
L'intrigue reprend pourtant, car elle découvre ses vrais sentiments, mais cela n'aboutira pas. Elle met fin à ses angoisses en se réjouissant d'avoir au moins l'amitié d'Amano, la fin étant ouverte puisqu'elle ne renonce pas à ce nouvel amour pour autant comme elle le confie à sa soeur.


Bref, on a une fausse fin à l'épisode 11, l'épisode 12 n'étant qu'une sorte de spin off.


La série cherche à bien faire : on a pas mal de travail sur l'expression comique et fantaisiste des visages, par exemple les changements de couleur de l'ancien otaku playboy quand il risque de passer par-dessus le pont, etc., certains coloris d'images du ciel au crépuscule ou par beau temps, des imitations du mouvement d'une caméra face à un personnage qui avance dans le couloir, mais aussi des images pas réussies de personnages qui courent, etc. Les personnages ont l'air plus posés que dans Netome no yoge, la série semble faire plus mature, mais les discussions sur les jeux vidéos sont artificiellement plaquées sur l'intrigue. On sent que c'est forcé, pas naturel. C'est pas intégré. Le thème d'accroche est débordé par l'importance des quiproquos amoureux. Même dans le cas de la relation entre le héros principal et Chiaki, le problème des pseudos et du moe erre un peu, on pourrait avoir quasi la même histoire sans les jeux vidéo. Puis même, ce n'est pas traité à fond et on repart toujours dans des quiproquos liés à des situations qui n'ont rien à voir avec le jeu vidéo.
On ne sait même plus trop quel est l'intrigue, on a plutôt des intrigues secondaires sur le même plan où une intrigue qui fait lien essaie de surnager dans tout ça.
A la fin, rien n'est résolu, et la psychologie des personnages évolue de manière incohérente. La fille aux cheveux roses insupportable au début est plus sympathique ensuite, mais c'est clivé, c'est pas naturel. Elle est insupportable quand il faut qu'elle le soit, elle est plus positive quand elle doit sauver son couple pour que l'intrigue ait du corps.
Les moments de jeu ne sont pas vraiment intégrés au récit et le traitement graphique respecte le réalisme, mais quel intérêt de voir une partie de jeu vidéo sous forme de dessin animé ? Moi, je ne supporte pas cette prolifération d'écrans d'ordinateur ou de téléphones portables dans les séries japonaises récentes, ça fait con !
Bref ! une série qui part dans tous les sens, qui ne sait pas ce qu'elle veut faire, qui ne fait pas vraiment rire, qui trimballe des personnages peu attachants à part Chiaki, qui raconte rien, qui lance des intrigues qui débouchent sur rien. On fait du surplace et on a des discussions de la vie courante sur les jeux vidéo bêtement et mécaniquement plaquées sur un récit de fiction qui ne propose que le service éculé de quiproquos et doutes amoureux bien primaires.


Nota Bene: j'ai fait en parallèle une critique de Netome no yoge.

davidson
1
Écrit par

Créée

le 6 déc. 2018

Critique lue 471 fois

1 j'aime

davidson

Écrit par

Critique lue 471 fois

1

D'autres avis sur Gamers!

Gamers!
Maxime_Pin-pin
3

Les épisodes fallait les prévoir non ?

Bon, Gamers! c'est un sacré bordel... Au départ, j'était plutôt intrigué par le speech, étant moi même un gros joueur j'ai eu beaucoup d'inquiétudes mais je me suis dit que ça pourrait être...

le 18 janv. 2018

4 j'aime

2

Gamers!
davidson
1

Pour éviter le plagiat, une démarcation de "Netome no yoge" à la va comme je te pousse !

En ce jour de Saint-Nicolas 2018, la série Gamers! a, sur ce site, une note moyenne de 6,1 contre 5,3 pour la série Netome no yoge qui est référencée à partir de son nom anglais "And you thought...

le 6 déc. 2018

1 j'aime

Gamers!
prismes
4

quiproquos²

Du quiproquos au paroxisme dans un anime de romance lycéenne pou otak casual gamer masculin.C'est pas mal fait cette construction du quiproquos. Au moins jusqu'à l'arrivée à la scène montrée...

le 23 oct. 2023

Du même critique

Ranking of Kings
davidson
9

Un animé intemporel d'exception !

J'ai vu neuf épisodes et je ne sais même pas combien il y en aura en tout, mais l'animé vaut vraiment le détour. Ousama est le fils de deux géants, mais il est minuscule, et en plus sourd et muet. En...

le 11 déc. 2021

9 j'aime

Rent-a-Girlfriend
davidson
1

Pas drôle et pseudo-sérieux

L'argument de la série, c'est de jouer sur le fait qu'un garçon est en couple avec une très belle fille, et qu'ils sont tous les deux forcés de jouer le jeu. Les événements qui surviennent les...

le 14 août 2020

8 j'aime

13

Dororo
davidson
7

Un remake raté pour les 50 ans de la série originale, sauf sur un point !!!

EDIT : je vais retoucher un peu ma critique apres le dernier episode. Au fil des episodes, il est clair que ce que j'ai dit des le depart s'est impose a toujours plus de spectateurs. La serie...

le 25 mars 2019

8 j'aime

3