Friday Night Lights
7.6
Friday Night Lights

Série NBC (2006)

Ce qui fait tout le sel mélancolique et coupable de Friday Nights Lights, c'est bien ce mélange entre drama teenage façon Hartley Coeur à vif et football américain.
Avec un tel postulat, l'on n'évite bien sur pas les personnages archétypaux et les destins prévisibles. Le scénario joue souvent sur les grosses ficelles et les cordes (sensibles) du genre - qu'il s'agisse des victoires à la toute dernière seconde ou des couples improbables et au fond c'est ce qui plaît : qui n'a pas ressenti une profonde affection pour Matt Sarracen ? Néanmoins FNL sait maintenir une limite dans ce soap nubile et parvient à ne pas s'y embourber pour dépeindre au contraire une jeunesse texane désabusée et désenchantée, errant dans la Dillon étouffante, étriquée et gorgée de rituels religieux/sportifs, de valeurs familiales et franchement réac', éreintée par le soleil et la pression sociale. Dillon est une pieuvre dont on ne peut s'extirper.
Le style visuel, hérité du film homonyme, est très marqué : gros plans collant aux visages, lumières écrasantes et post-rock lancinant en fond sonore.

La saison 1 est la plus équilibrée : elle jongle habilement entre le football et les différents personnages, dessinant ainsi un bel arc entier, cohérent et homogène qui aurait pu se suffire à lui-même.
La saison 2 amputée d'une bonne moitié d'épisodes en raison de la grève des scénaristes est sans doute la moins bonne, notamment car elle tombe dans le travers de nombreuses séries, à savoir l'excès et l'ouverture artificielle de nouvelles intrigues. De plus, cette saison laisse sur le banc le sport pour favoriser des arcs secondaires indigents qui se multiplient, s'entremêlent, se rompent et se relancent sans queue ni tête. Ses 15 épisodes laissent alors un goût amer de brouillon et d'inachevé.
La saison 3 continue dans cette lancée mais tente néanmoins de redresser la barre, le foot y est déjà plus présent et le développement des personnages principaux y est de nouveau à l'honneur. Malheureusement, le manque d'audience impose des saisons de seulement 13 épisodes, ce qui est un frein évident au déroulement d'une longue saison sportive et les play-offs sont alors expédiés. La dernière image de la troisième saison offrait une parfaite conclusion à la série.

La saison 4 remet la barque à flot avec une rupture difficile mais nécessaire qui permet un véritable assainissement des fondations. Nouveau lycée, nouveaux décors, nouveaux personnages sans pour autant renier ce qu'elle avait construit jusqu'ici : il s'agit non pas d'un reboot et bis repetita mais plutôt d'un changement de perspective qui offre une vision nouvelle de la petite ville texane, des Panthers et du coach Taylor. Les nouveaux joueurs, loin d'être de pâles copies de la précédente génération ont leur existence propre et très rapidement, l'on s'attache à ces lionceaux.
La saison 5 poursuit en toute cohérence ce renouveau, prolongeant le développement bien entamé des petits nouveaux sans tomber dans l'excès ; le retour de quelques anciens vient soutenir ces nouveaux personnages qui demeurent toutefois quelque peu légers. En effet, cette seconde partie souffre de l'importance accordée à Vince et son père au détriment du très charismatique mais sous-exploité Luke, de l'attachant Tinker, du transparent joueur de basket. Un véritable gâchis, surtout que l'une des meilleures scènes de la saison est la discussion entre joueurs sur les balcons d'un hôtel. Dès lors, la série semble bien moins dense que dans ses premières années, plus abstraite et peut-être plus timorée dans son envie d'ouvrir des intrigues.

La fin de la série conclut et clôt en beauté tous ces arcs et referme ce touchant chapitre bien que l'on regrettera l'absence de réelles surprises et le recours à quelques grosses ficelles ainsi que l'absence de Smash qui, au final, est le seul à progresser dans le monde universitaire du football US (Et l'on attend avec impatience le projet de série d'AMC sur le football universitaire). La séquence finale aux relents sixfeetunderiens est teintée à la fois d'espoir et de nostalgie tout en étant une excellente conclusion. Comme le dit le frère Riggins, en écho au pilote, "Texas Forever" bien que tout reste à construire.

FNL est donc assurément plus qu'une énième série teenage ou qu'une simple apologie sportive, encore moins une série cantonnée aux adeptes de football ; elle a su jongler entre les deux sans jamais tomber dans leurs pires écueils. Véritable chronique sociale de la jeunesse désenchantée de l'Amérique profonde ; se permettant même une grande qualité d'écriture et de réalisation.
Nushku
8

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le 17 févr. 2011

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Nushku

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