Il y a déjà 13 ans, deux néo-zélandais sortaient un projet de série aussi innovant que loufoques et qui consistaient en une comédie musicale décalée et indé autour de leurs alter-egos, un groupe folk néo-zélandais en quête de gloire à New York, les Flight of the Conchords.
Deux saisons bricolées de 10 courts épisodes plus tard, la série a atteint un petit culte d'estime. On suit la vie de ces deux musiciens pantouflards, pleutres et patauds, managés par un fonctionnaire du consulat néo-zélandais qui ne sait pas se servir d'un email et suivi par une admiratrice aussi unique qu'envahissante. Pince-sans-rire, gênant, absurde, les gags sont basés sur des situations inversés un peu surréalistes, des abus de naïveté ou une bonne grosse loose. C'est souvent très drôle et parfois un peu cruel mais on s'attache beaucoup à Brett et Jemaine.
Surtout, on a en moyenne deux super chansons par épisodes qui sont à la fois les sommets de drôlerie et de mise en scène de la série. Inventives, super bien écrites, référencées (Bowie, Queen, Depeche Mode, le rap, Prince, la dance...), ces chansons sont des petites pépites mémorables, dansantes ou douces et orchestrées avec des instruments cheap mais avec beaucoup de goûts. Quand elles surgissent dans la narration, le quatrième mur se brise et la réalisation se transforme en clip barré dans lesquels pas mal d'idées sont jetées par les différents metteurs en scène. Ce n'est pas une surprise de retrouvé des noms connus comme Michel Gondry et Taika Waititi dans le générique, ni que ceux-ci soient connus pour leur goût du bricolage et d'une certaine poésie burlesque.
Et s'il s'agissait en fait d'une série infiniment plus mélancolique qu'elle n'y parait ?
Ayant revisionné les épisodes le mois dernier, un aspect oublié ou ignoré de la série m'a sauté aux yeux : Qui a mieux décrit le sentiment de déception de celui qui n'est pas cool, qui n'intéresse personne ou n'est pas compris ?
Déception amoureuse, manque de confiance, discrimination, rejet de ses pairs, gentillesse abusée, sentiment d'abandon, de vie gâchée... Les thématiques abordées sont en fait bien plus sombres que dans mes souvenirs. Et si le script nous amène toujours à rire de la situation merdique dans laquelle se mettent Brett, Jemaine et Murray, on peut fréquemment y voir une auto-dépréciation permanente de leurs auteurs dont l'histoire est très proche de la série.
Loin de plomber l'ambiance et de gâcher l'humour de cette série magique, la lecture mélancolique de Flight of the Conchords lui donne une dimension supplémentaire et l'impression qu'elle peut être une vraie série de chevet à revoir plutôt qu'un truc marrant à jeter après utilisation.