Qu'y a-t-il de plus touchant, de plus horripilant, de plus drôle, de plus émouvant, de plus fragile et de plus fort à la fois... qu'une femme névrosée ?
Deux femmes névrosées !!
Toute l'histoire de cette mini-série tient à elle seule dans ce postulat.
On y suit en effet tout au long de ces 12 épisodes les pérégrinations de ces deux frangines chacune empêtrée dans leur névrose respective et leur vie chaotique.
Et quand on parle de névrose à leur sujet... Attention... il ne s'agit pas du petit mal être nombriliste ou du petit syndrome dépressif à deux balles de la bourgeoise oisive ou de l'executive woman qui s'apitoyent l'une comme l'autre sur la vacuité de leurs existences.
Non. Là, côté névrose... c'est du lourd, du sérieux, du carabiné, du brutal !
Avec un tel point de départ, avec un mauvais scénario, un dialoguiste médiocre et le réalisateur de "La Servante Ecarlate" (par exemple... :-)) et Elisabeth Moss dans le rôle principal, on aurait vite fait de tomber dans le pathos bien gras, bien épais, bien lourdingue et dans l'introspection bien verbeuse (genre série française réalisée par Coline Serreau... voyez le tableau !) et, en un mot comme en cent, dans la série chiante à mourir. Dans la Série chiante à en devenir névrosé soi-même !
Eh bien là, non. C'est le contraire. C'est l'exact opposé même !
Cette série est captivante de bout en bout et à la fin de chaque épisode on a derechef l'irrépressible envie de voir le suivant !
Deux raisons à cela :
La première est que cette série nous fait passer avec subtilité et intelligence par toute la palette des sentiments et des situations.
On alterne, et sans que cela paraisse une seule fois comme forcé ou artificiel, de l'émotion subtile et retenue aux situations totalement burlesques, de l'élégance des sentiments au trash assumé, de la douceur à la violence bref, pour reprendre l'expression consacrée "Du rire aux larmes et des larmes au rire".
C'est parfaitement écrit. Parfaitement réalisé. Parfaitement dialogué.
La seconde tient à la performance accomplie par Phoebe Waller-Bridge, scénariste de la Série et qui y tient le rôle titre.
Sa composition est absolument remarquable.
Reconnaissons-le (et même si ça nous coûte en tant que "Franchouillard bon teint") : il n'y a que chez les "british" que l'on est capable d'incarner avec autant de naturel et d'aisance alternativement la classe et l'élégance les plus abouties avec la grossièreté et la vulgarité les plus crasses.
Je ne sais pas pourquoi cette comparaison m'est venue à l'esprit au fur et à mesure du visionnage des épisodes de Fleabag mais j'ai trouvé qu'il y a du Inès de la Fressange chez Phoebe Waller-Bridge.
Et... il était difficile de ne pas succomber au charme d'Inès de la Fressange !
Donc, pour conclure : N'hésitez pas à vous plonger dans la névrose de Fleabag.
Vous en retirerez un immense plaisir et de merveilleuses émotions !